Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 11 Mars 2025
Chronique 3 :
Après un succès incontestable et incontesté avec son précédent titre Beastars, Paru Itagaki nous revient avec une nouvelle série (mais qui n'est pas sa plus récente) de 2021 déjà terminée au Japon avec 16 tomes! Et oui un titre déjà terminé qui ne nous arrive que maintenant...on pourrait penser qu'il arrive un peu tardivement mais au moins on sait à quoi s'attendre!
Ki-oon fait de nouveau confiance à l'auteure (le contraire aurait été étonnant) et nous propose donc de suivre à nouveau Paru Itagaki...ce qu'on va faire avec une certaine avidité!
Ici changement de registre, même si le ton semble être partiellement le même, pas d'animaux anthropomorphes, mais bel et bien des humains (ou presque) mais toujours avec le trait si caractéristique de l'auteure...Certes il est reconnaissable, certes il a son charme, mais il demeure particulier tout de même!
Comme le titre et la couverture pourraient le laisser supposer, on va suivre les aventures du Père Noël, mais pas tel qu'on l'imagine...
Nous sommes dans un futur dystopique où les enfants sont bien peu nombreux, et comme ils représentent l'avenir de la société, il sont protégés, à tel points qu'ils ont plus de droits que les adultes! Et qui plus est, pire que tout, les gens ne fêtent plus Noël depuis des lustres!
Kazushige Sanda est un élève un peu naïf au sein de l'académie Daikoku Aigo et le jour de Noël, une de ses camarades, l'étonnante Shiori va tenter de le poignarder, ce qu'il va prendre comme une marque d'affection et une difficulté à avouer ses sentiments! En fait la jeune psychopathe veut éveiller en lui un pouvoir qu'elle sait caché et que Sanda ignore lui même: il est le descendant du père Noël et possède ses pouvoirs!
Il suffit que Sanda soit habillé de rouge et qu'il soit en danger pour éveiller ses pouvoirs et prendre l'apparence du vieux barbu...en mode plus musclé et plus bad ass!
Shiori a un objectif; retrouver une de ses amies disparus et elle sait que le Père Noël exauce les vœux des enfants! Et comme tout ceux de sa lignée, Sanda ne peut lutter contre le besoin de satisfaire les enfants...mais il sait aussi reconnaître ceux qui n'ont pas été sages!
Une étrange aventure sous fond d'enquête va débuter entre Sanda et Shiori...et les surprises vont s'accumuler!
On a beau connaître le thème du titre on ne peut qu'être surpris par l'entrée en matière de l'auteure qui s'éloigne tant des codes qu'on connaît de Noël! Un univers sombre et morne, des enfants malsains, un futur dystopique et...une tentative de meurtre sur un adolescent! Mais c'est une fois qu'elle aura déconstruit tous ces codes qu'elle va habilement les réutiliser pour construire son récit et mettre en place son univers!
Le parallèle c'est que comme dans Beastars, l'intrigue nous place auprès de lycéens dans un établissement scolaire...on va certainement en sortir, et découvrir un monde plus vaste (on l'espère), mais pour le coup Paru Itagaki ne sort pas totalement de sa zone de confort!
Le coup de génie ici c'est donc d'explorer une nouvelle version d'un "conte de Noël" comme même Doctor Who ne l'a encore jamais fait! On a un Père Noël qui s'apparente à un Hulk, passant du stade de frêle ado à montagne de muscles possédant des pouvoirs aussi étonnants qu'impressionnants (mention spéciale pour les "skis"). Mais là encore Paru Itagaki ne fait pas n'importe quoi, elle ne lui attribue pas des pouvoirs sortant de nulle part, tous sont expliqués par sa filiation! C'est parfois tiré par les cheveux mais c'est une relecture plus qu'intéressante!
Et comme dans Beastars, le début du récit va se faire par le biais d'une enquête! Non pas à partir d'un meurtre mais d'une disparition (ici la victime de la tentative de meurtre n'est autre que notre pauvre héros)!
Et tout comme Legoshi dans le titre précité, Sanda possède lui aussi deux facettes et lui aussi va chercher à comprendre qui il est réellement; et si dans Beastars cela s'apparentait plus à une introspection psychologique, ici on a réellement deux identités distinctes et un ton résolument plus humoristique sur cette quête de l'identité.
Ici la question de l'identité va sans doute se jouer sur la place d'un tel personnage dans un monde qui ne croit plus en lui à défaut de ne plus avoir besoin de lui (thématique déjà présente dans l'excellent "Les cinq légendes" ou "Rise of the guardians" en VO).
Une autre thématique qu'on attend de voir développer c'est celle concernant la vision des enfants comme trésors nationaux du fait de la faible natalité; impliquant un rapport biaisé avec les adultes dont ici le seul présentant un peu développé est présenté comme un véritable monstre...tout un programme!
Car le fait de placer son titre dans le futur n'a pas uniquement pour but de placer le récit dans un monde où les gens ne fêtent plus Noël et où les enfants ne croient plus au Père Noël (elle aurait pu le faire à notre époque), non cela permet aussi de développer une autre problématique qu'on attend de voir exploitée.
Maintenant il faut parler du dessin de l'auteure! Son talent n'est plus à démontrer, elle nous l'a prouvé avec Beastars, mais à trop dessiner des animaux anthropomorphes force est de constater qu'elle semble avoir du mal à revenir sur des visages humains! On ne peut pas lui enlever que ceux ci sont merveilleusement expressifs (peut être un trop parfois, c'est quelque peu poussif), mais globalement ils sont moches! Je ne sais pas comment le dire autrement! En fonction des angles, ils ont des têtes vraiment étranges, parfois on pourrait croire qu'ils sont disproportionnés, qu'ils ont des museaux...pour être honnête, j'ai eu beaucoup de mal à ce niveau!
Mais je sais qu'on ne peut pas résumer un titre à son dessin, que l'histoire prévaudra toujours! Et là dessus on est séduit!
Reste la mise en scène et le découpage où là par contre l’expérience et le talent parlent!
Malgré un dessin qui pourrait en perturber plus d'un, on a ici un premier opus en tout points séduisant, nous plongeant dans un univers étonnant qu'on est pressé et curieux d'aller explorer avec son auteure! Et elle a prouvé qu'elle était une excellente conteuse! On la suit sans se poser de questions!
Chronique 2 :
Après nous avoir complètement conquis avec Beastars, sans doute l'un des mangas de société les plus riches et intelligents de cette dernière décennie, Paru Itagaki fait son grand retour dans le catalogue des éditions Ki-oon en ce début d'année 2025 avec SANDA, une série achevée en 16 volumes mais dont on n'a sans doute pas fini d'entendre parler puisque l'excellente studio Science Saru (DanDaDan, Devilman Crybaby...) lui offrira une adaptation animée prochainement. Prépubliée au Japon entre 2021 et 2024 dans le magazine Shônen Champion de l'éditeur Akita Shoten (magazine dans lequel elle avait déjà proposé Beastars), il s'agit de la dernière série longue en date de l'autrice, en attendant de voir ce que donneront ses deux nouveaux projets "Ushimitsu Gao" (lancé sur la plateforme Champion Cross d'Akita Shoten le 16 octobre dernier) et "Taika no Risei" (démarré dans le Shônen Champion il y a tout juste quelques jours, le 16 janvier, et voyant l'autrice proposer à nouveau des personnages animaliers anthropomorphes).
L'histoire prend place dans un Japon futuriste, où la tradition de Noël s'est perdue depuis des décennies, si bien que quasiment plus personne ne célèbre cette fête, voire que beaucoup de monde en a presque oublié l'existence. Pourtant, au sein de l'académie Daikoku Aigo, c'est précisément le jour du 25 décembre que la vie de Kazushige Sanda va basculer, dès lors que sa camarade de classe Shiori Fuyumura, déléguée de classe avec lui, essaie inexplicablement de le poignarder ! Se disant naïvement que cette grande jeune fille à l'air mauvais est peut-être amoureuse de lui et ne sait pas comment exprimer ses sentiments, le chétif mais mignon adolescent va vite découvrir qu'il est très loin de la vérité: Shiori est décidée à tout faire pour que le jeune garçon révèle son identité réelle: celle de descendant de la lignée des Père Noël ! Pourquoi une telle volonté hargneuse ? Eh bien, pour que celui-ci l'aide à retrouver Ono, sa plus précieuse amie, qui était l'un des rares enfants à encore fêter Noël, et qui a mystérieusement disparu depuis plus d'un mous en étant désormais considérée comme morte. Un coup de couteau normalement mortel plus tard, et voici Sanda transformé comme par magie, après avoir vu sa blessure se refermer ! Ayant désormais une apparence de vieillard à la barbe blanche, musclé et à la très grande taille, apparence qu'il ne peut perdre que quand il mange ses bonbons préférés pour retrouver son allure de frêle adolescent, il sent aussi affluer en lui le désir naturel du Père Noël pour veiller sur les enfants, si bien qu'il accepte instinctivement la mission confiée par Shiori de rechercher Ono avec elle...
"Une blanche malédiction s'est abattue sur mon adolescence…"
Tout comme dans Beastars, c'est de façon-choc et très intrigante que Paru Itagaki démarre son histoire, avec un meurtre... ou presque, puisque Sanda survivra et révélera ensuite sa vraie identité. Et comme dans Beastars où le meurtre de l'alpaga Tem n'était qu'un point de départ, dans SANDA le pitch de base autour de la disparition d'Ono s'annonce vite comme un élément de départ pour un récit qui va très, très rapidement s'enrichir... et avec panache, s'il vous plaît !
Evidemment, les premiers développements ont essentiellement lieu autour du pitch de départ: tandis que l'on se questionne naturellement sur Shiori (comment a-t-elle pu identifier le Père Noël, et pourquoi tient-elle tant à ce que son identité reste secrète ? ) et que l'on voit bien à quel point elle est prête à tout pour retrouver Ono et pousser Kazushige à coopérer pleinement (y compris à poser une bombe dans le collège, rien que ça), tout ce qu'elle fait vise aussi à lui faire découvrir (et à nous faire découvrir par la même occasion) les différents pouvoirs parfois étonnants du Père Noël: il se transforme quand il porte un vêtement rouge, il a d'authentiques "facultés de vieillard (la presbytie en tête), il retrouve son apparence initiale en mangeant un mini dragi, il peut guérir de ses blessures... et on vous passe certaines autres joyeusetés plus originales et qu'il vaut mieux découvrir par soi-même, notamment quand il se sert de son corps comme arme ! Autant de choses qui, déjà, sont vouées à faire se questionner Sanda sur ce que ses transformations et ses capacités impliquent, sur l'héritage de sa lignée, et sur ses changements de personnalité qui commencent à s'opérer sous l'influence du Père Noël longtemps resté enfermé en lui, la thématique de l'identité (déjà très présente dans Beastars) n'étant donc déjà pas loin ici.
Mais la mangaka nous fait déjà amplement comprendre que son nouvel univers ne se limitera pas à ça, dès lors qu'elle précise son monde futuriste où les enfants sont érigés au rang de trésors nationaux au vu de leur rareté (de quoi surfer sur la problématique de natalité toujours vivace au Japon actuellement), où des académies ont été créées dans le pays pour s'assurer du confort de ces enfants, mais où l'on devine aussi déjà des secrets bien gardés au sein de ces académies et de leur direction. Tandis que s'installent efficacement plusieurs personnages secondaires bien campés comme Amaya ou le directeur Hifumi Oshibu (qui fait plus ou moins ses 92 ans, au vu de son obsession pour la jeunesse et de ses innombrables opérations de chirurgie), une question se pose inévitablement : quelle place peut-il y avoir pour le Père Noël dans un monde où les enfants, ceux qui croient le plus en lui, sont devenus si rares ? Mais une chose est sûre: derrière cette interrogation, Paru Itagaki commence déjà, comme elle l'avait fait dans Beastars, à développer certaines notions de vivre-ensemble malgré les différences et les écarts générationnels, en mettant pour le moment l'accent ici sur les rapports entres adultes et enfants, sur la manière dont les deux générations peuvent se voir (à l'image de notre héros qui, quand il est adolescent, voit la grande Shiori comme une fille mature et intimidante, alors que quand il est transformé il la voit comme une petite enfant comme les autres, dont il faut prendre soin), et sur le besoin qu'ont ces différentes tranches d'âge de vivre ensemble malgré leurs limites (car tous les adultes ne sont pas dignes de confiance, et les enfants aussi peuvent être violents, cruels et égoïstes).
Enfin, sur le plan visuel, la principale curiosité était de découvrir la patte de Paru Itagaki loin des animaux anthropomorphes de Beastars. Et le moins que l'on puisse dire c'est que l'autrice, sur ses designs humains, assure largement les choses, tant lesdits designs sont à la fois acérés, vifs, perçants et tous bien différents les uns des autres avec des petites particularités physiques propres à chaque personnage. Qui plus est, la mangaka n'a rien perdu de ses découpages assez intenses et pêchus, que nombre d'angles de vue bien choisis et quelques doubles-pages impactantes viennent encore renforcer.
A l'arrivée, SANDA, ça s'annonce déjà très, très bon sur ce seul premier volume. Non contente d'introduire à merveille son nouvel univers, Paru Itagaki le développe déjà par le biais de principaux personnages attractifs et intéressants, et via de multiples thématiques de société qui ne demandent qu'à être approfondies, le tout étant appuyé par un rendu visuel immersif à souhait. La mangaka retourne le mythe du Père Noël à bon escient, et nous laisse déjà addicts !
Concernant l'édition française, Ki-oon nos offre un petit format shônen dans la droite ligne de Beastars et de Beast Complex, avec une excellent impression sur un papier certes parfois légèrement transparents mais surtout bien épais et agréable. A part ça, soulignons aussi la traduction très efficace, claire et vivante de Djamel Rabahi, le bon travail d'adaptation graphique du Studio Charon, et la jaquette restant très fidèle à l'originale nippone, y compris pour la typo du logo-titre.
Chronique 1:
Paru Itagaki nous a époustouflés avec Beastars, sa première œuvre phare qui, en plus d’un parti-pris esthétique audacieux, parvenait à développer une tranche de vie teintée de suspense dans une société anthropomorphe à la fois dépaysante tout en parlant habilement de notre propre réalité. Un récit qui a rapidement été un succès, de même pour son adaptation animée dont l’ultime saison a récemment débuté. Alors, il semblait inimaginable de ne pas voir sa série suivante, SANDA, ne pas être proposée chez nous. Il aura pourtant fallu s’armer de patience puisque plus de deux ans séparent la publication du dernier opus de Beastars au lancement de la dernière œuvre complète de Paru Itagaki dans nos librairies. En effet, SANDA est aujourd’hui un manga conclu en 16 tomes tandis que la manga a récemment inauguré deux nouvelles séries tout en enrichissant ponctuellement son premier univers via de nouveaux chapitres de Beast Complex. Un véritable programme !
SANDA a vu le jour en juillet 2021 dans l’hebdomadaire Shônen Champion de l’éditeur Akita Shoten, tandis que son ultime opus est sorti en octobre dernier dans les librairies nippones. Cela ne signe pas une fin d’actualité pour la série puisqu’une adaptation animée est actuellement en chantier. Et puisque le projet est chapeauté par Science Saru, qui nous a régalé des films de Masaaki Yuasa, de Devilman Crybaby et plus récemment de l’excellentissime DanDaDan, autant dire qu’on ne se fait que peu de soucis sur la qualité de cet anime à venir.
La deuxième grande série de Paru Itagaki prend place dans un Japon où les saisons sont déréglées, et où les enfants de moins de 15 ans représentent une infime partie de la population. Dans ce contexte, ces jeunes gens sont choyés et toutes les libertés leur sont offertes. Délégué de sa classe, Kazushige Sanda est un jour pris en grippe par Fuyumura, son acolyte qui le menace avec un couteau afin… d’invoquer le Père Noël ! Car Sanda serait en réalité son descendant, ainsi le voilà qui peut désormais revêtir une apparence adulte pour devenir comme son ancêtre, le bienfaiteur des enfants. C’est justement de cette spécificité qu’a besoin Fuyumura afin de retrouver Ono, son amie disparue et aujourd’hui considérée comme décédée. Dès lors, Sanda va devoir composer avec ses deux facettes, et répondre au rôle qui incombe à sa lignée…
À l’instar de Beastars, SANDA démarre sur une mort. À la fois celle du héros, d’une certaine manière, tandis que la disparition d’une adolescente apporte d’emblée un enjeu qui tend à propulser le récit au rang de manga à suspense. Pourtant, ce n’est pas sur cet élément très polar que ce premier volume se développe, mais plutôt sur ce qui fait tout le set de ce démarrage : le mystérieux pouvoir de Sanda, capable de se changer en Père Noël. Planté au couteau par sa camarade de classe dès le départ, le héros est sujet à une véritable résurrection qui fait de lui un être hybride, tantôt adolescent et tantôt adulte, au milieu de lycéens et tandis que sa personnalité reste celle d’un garçon de 15 ans. D’emblée, le titre nous embarque alors par sa proposition originale et étonnante, menant à une belle diversité de situations tandis que Sanda lui-même constitue un mystère dont un apprécie de découvrir les subtilités et les nuances. Car comme un super pouvoir, le don de Père Noël du jeune homme constitue un point traité avec soin par l’autrice, tant en termes de composante scénaristique que de concept fantastique et de symbolique. Être le Père Noël n’est pas anodin, on le comprend bien et Sanda aussi, faisant peser sur lui une mission jusque-là inédite qu’il se doit d’assumer. Au-delà de ces quelques premières péripéties, on apprécie déjà ce que le scénario peut nous offrir, à commencer par sa tonalité de conte qui aborde les oppositions entre l’enfant et l’adulte, soit un thème qu’on espère voir être traité avec densité par la suite.
Un programme aussi loufoque que dense, donc, et que Paru Itagaki développe sur diverses situations vouées à faire démarrer le récit. On n’échappe pas à quelques archétypes, à commencer par l’introduction de personnages alliés qui font d’abord office de menaces avant de devenir de vrais acolytes pour Sanda, ce qui ne dérange que peu étant donné toute l’excentricité que le récit a à nous offrir. Le premier tome se paie même le luxe d’introduire un premier « méchant », assez original lui aussi, en plus de faire sens avec les premières pistes thématiques de la série et créer une passerelle avec une suite déjà intrigante. Car nous intriguer, Paru Itagaki sait le faire, par tous ces concepts originaux comme par son cliffhanger qui remet déjà en question l’un des aspects du scénario. À voir ce que ça donnera, mais on est déjà intrigués !
Aussi, découvrir SANDA permet d’apprécier un autre aspect de l’art de la mangaka. Car jusqu’à présent, nous connaissions le trait de Paru Itagaki sur des personnages d’animaux anthropomorphes. Cette fois, son style reste intact, mais sert à dépeindre des personnages humains. Une simple transition qui change pourtant toute la donne tant les traits peuvent paraître exagérés sur des êtres non animaux, voire disproportionnés. C’est pourtant ce qui donne une unicité et un cachet à ce premier volume, l’artiste prouvant ainsi que sa patte ne ressemble à aucune autre. Et c’est aussi cet art qui donne à SANDA son aura, et donc une part de son originalité.
Un très bon démarrage pour l’œuvre, donc, et un premier tome aussi excentrique qu’on l’imaginait, le tout pourvu de personnages déjà marquants et d’une délicatesse scénaristique si propre à Paru Itagaki. On part sans sourciller pour quinze volumes supplémentaires, avec la sensation de nous lancer dans une aventure pas comme les autres.
Du côté de l’édition, Ki-oon offre un travail fidèle à ses habitudes, que ce soit sur la fabrication solide ou sur la traduction de Djamel Rabahi, tout à fait dans le ton de ce récit atypique. Saluons aussi le travail graphique du studio Charon, tant sur le lettrage bien calibré que sur le logo inspiré.