Roméo et Juliette - Les classiques en manga - Actualité manga

Roméo et Juliette - Les classiques en manga : Critiques

Romeo to Juliet

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 02 Février 2015

Après avoir inauguré leur collection des Classiques en manga en automne dernier avec Les trois Mousquetaires et La petite Princesse Sara, les éditions nobi nobi! démarrent 2015 en enrichissant cette collection de deux nouveaux titres, Sherlock Holmes, et l'oeuvre qui nous intéresse ici, Roméo & Juliette.


Les adaptations en manga de Roméo et Juliette sont plutôt rares en France, on peut tout de même citer celle de Yumiko Igarashi sortie chez Isan Manga. Cela dit, qui ne connaît pas l'oeuvre d'origine de Shakespeare, sans doute la plus célèbre tragédie romantique au monde ?


On y suit, dans la ville italienne de Vérone d'il y a quelques siècles, l'histoire d'amour tragique de deux adolescents de même pas 15 ans, Roméo Montaigu et Juliette Capulet, qui s'aiment d'un amour véritable malgré la haine qui oppose leur famille respective. Pour pouvoir s'aimer librement, ils devront faire face à la haine de leurs deux familles, entre autres...


Pour cette adaptation, la dessinatrice Megumi Isakawa adapte fidèlement les grand rebondissements de la pièce de théâtre d'origine, de la scène du bal où les deux adolescents se rencontrent et s'éprennent éperdument l'un de l'autre, jusqu'à l'issue tragique de leur amour. Cela dit, afin de rendre l'ambiance un peu moins pesante auprès du jeune public, le récit offre de temps à autre quelques petites notes d'humour, insiste assez peu sur certains éléments un peu complexes (comme la querelle entre les Montaigu et les Capulet qui, si elle est bien là et est source des drames, n'est qu'évoquée dans les grandes lignes), et adoucit certains drames violents (à commencer par l'issue tragique de l'affrontement entre Tybalt et Mercutio puis entre Roméo et Tybalt, comportant 3 gouttes de sang, expédiée en 2-3 pages, et atténuant grandement les propos de Mercutio par rapport à la pièce originale). Ces choix permettent surtout de rendre ce récit très dramatique plus facile d'accès aux plus jeunes, pour une première immersion dans l'oeuvre de Shakespeare réussie sans être trop dure. Soulignons quand même que le drame final, lui, n'est pas éclipsé (heureusement) et comporte sa part de cruauté du destin, avant une conclusion somme toute un peu trop rapide et optimiste quant au sort des deux familles rivales. Contrairement à la conclusion de la pincée de théâtre qui martèle le drame des deux pauvres enfants et accuse la bête rivalité des deux familles, ici on a une issue un peu plus ouverte sur un futur positif, malgré la mort qui vient de frapper.


Toutefois, les différents choix effectués amènent quelques lacunes, principalement autour de personnages secondaires vite passés en revue. Ici, on pense surtout au belliqueux Tybalt ou au dragueur Mercutio, peu visibles avant leur duel, ce qui fait qu'on s'intéresse assez peu à eux. De même, le choix de ne pas trop mettre en avant la rivalité entre les deux familles fait que leurs principales figures sont assez peu présentes (c'est surtout vrai pour le chef des Montaigu, quasiment transparent).


La mangaka s'en sort par contre très bien avec la nourrice de Juliette qui souhaite simplement le bonheur de la jeune fille, mais aussi avec le Comte Paris dont la prétention ressort bien. Et, évidemment, les deux héros principaux sont eux aussi bien exposés dans leurs principaux traits de caractère : Roméo en garçon téméraire et un peu fleur bleue, et Juliette en fille de bonne famille qui n'hésite pas à aller à l'encontre de ses parents avec un certain courage, le tout mettant bien en avant la puissance de leur amour.


L'autre petite déception pourrait venir de certaines grandes scènes présentes, mais manquant d'impact, à l'image de la très célèbre scène du balcon qui est vite passée en revue et occulte même le célèbre "Ô Roméo! Roméo! Pourquoi es-tu Roméo?" de Juliette. De manière générale, n'espérez pas retrouver les plus célèbres répliques de la pièce d'origine, ce qui est parfois dommage tant elles sont symboliques de l'oeuvre.


Quant aux dessins, ils se focalisent avec réussite sur l'essentiel : les personnages. Les décors de Vérone sont réduits au strict minimum et les personnages, de manière générale, possèdent tous un design simple, mais cela permet à la mangaka d'accroître son attention sur l'expressivité du trait et sur la clarté de la narration. En somme, c'est simple, mais efficace, et apte à plaire autant aux filles qu'aux garçons.


Au bout du compte, on tient là une adaptation de bonne facture. Beaucoup de choses sont occultées ou adoucies, l'auteure va à l'essentiel, pour faire de son livre une première approche réussie de l'oeuvre de Shakespeare. Celles et ceux qui connaissent déjà la pièce de théâtre n'y trouveront pas grand-chose de neuf, mais pour les plus jeunes on a ici un manga permettant de découvrir dans les grandes lignes et sur un ton adapté l'une des plus célèbres pièces de tous les temps.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs