Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 23 Février 2023
Ioka, le professeur bourru, connaît un véritable drame : Il va être muté de Teiken vers un autre établissement, et ce sans même avoir pu adresser la parole à Mme Asano, la professeure d'arts plastiques ! Touché par ces regrets, malgré les rixes du passé, Maeda décide de lui donner un coup de main. Mais la vedette de Teiken n'est pas au bout de ses peines : Outre un léger conflit avec un groupe de collégiens, il reçoit une lettre de sa famille, lui signalant que son père est à l'agonie. C'est à l'ainé, Fujio, de prendre ses responsabilités et y aller. Mais lorsque le voyage scolaire dans le Kansai s'organise, Maeda fait le choix de faire une halte chez lui, pour voir ce qu'il en est...
Nous voilà face à un épais volume de Rokudenashi Blues en deux temps. En première partie, Masanori Morita poursuit sa cadence de petites histoires (ou groupe de petites histoires), de manière à faire vivre le quotidien de Maeda et de sa troupe, tout en humour et en baston, un double registre dans lequel le mangaka excelle toujours. Que ce soit dans l'histoire d'Ioka, le « conflit » contre le groupe du collégien Hiroto ou Katsuji qui n'hésite pas à refiler à Maeda un bento préparé par Kazumi, les quiproquos sont nombreux, et toujours ingénieux. A ceci s'ajoute la traduction de Pascale Simon qui sait trouver les bonnes expressions et le rythme pour soulever cette patte comique. Sur ce cinquième tome, on ne se lasse certainement pas du burlesque de Morita !
Dans une seconde partie, place à un arc narratif plus dense, le premier véritable de la série. Le mangaka exploite le filon bien classique du voyage scolaire (à une époque où il n'avait peut-être pas été aussi essoré) pour créer un double enjeu, celui du drame familial de Maeda d'un côté, et le voyage en lui-même où l'affrontement contre un groupe de lycéen de la région vient faire office de fil rouge. Au sein de cette longue étape, force est de constater que Morita sait jongler entre les petites intrigues déjà présentes pour donner une réelle vie à ce voyage, amener des notes plus mélancoliques que d'habitude, et instaurer davantage de drame sentimental, notamment en ce qui concerne Chiaki. On est donc sur une véritable comédie lycéenne garnie de bastons entre jeunes voyous, avec une sorte de montée en puissance par l'intrigue de la famille de Maeda qui touche à son but au fil des pages, jusqu'à atteindre un point de non-retour sur les dernières pages de l'ouvrage. Maeda constitue à lui-même une sorte de zone d'ombre du manga, que l'auteur traite avec un humour qui lui est propre, aussi la fin du volume nous laisse curieux de savoir comment ce conflit de succession sera résolu par le volet suivant.
Après cinq doubles tomes (ce qui nous amène au tome 10 de la numérotation d'origine), on savoure toujours comme il se doit le furyô phare de Masanori Morita, une œuvre prenante par son humour et ses personnages marquants. Si le thème de la boxe se fait plus discret pour le moment, on apprécie ce traitement de comédie lycéenne proposé par le mangaka, qui ne renie jamais l'identité de son manga.