River End Café Vol.3 - Actualité manga
River End Café Vol.3 - Manga

River End Café Vol.3 : Critiques

Riverend Cafe

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 30 Octobre 2024

Orpheline depuis la disparition de ses parents dans le drame de mars 2011, délaissée par sa tante qui l'a recueillie mais qui préfère dilapider l'argent de l'assurance avec son douteux petit ami plutôt que de s'occuper d'elle, brimée en permanence au lycée, incomprise par les profs, n'ayant aucune idée de l'avenir qu'elle pourrait avoir, Saki a trouvé, pour unique refuge, le River End Café, son ambiance teintée de blues et de jazz, son mystérieux patron, et ses clients souvent étonnants.


Dans ce troisième volume, dans un premier temps la recette ne change pas, avec des chapitres plus ou moins indépendants qui placent la jeune fille face à de nouvelles rencontres sortant généralement de l'ordinaire pour diverses raisons: un homme qui vient pêcher tous les jours et longuement depuis un certain temps, une jeune femme qui devait se marier avant que la catastrophe ne bouleverse tout, un libidineux habitué à un service de delivery health étonnant, une sirène se languissant d'amour pour le patron, quelqu'un qui creuse un grand trou pour une raison précise... Parfois Saki et le patron écoutent ces gens qui sont des clients voire les aident, tantôt il s'agit juste de brèves rencontres plus ou moins appuyées. Mais dans chaque cas Akio Tanaka, malgré la rapidité des récits (en particulier le premier qui reste très vague), sait y dégager pas mal de choses. Des tonalités toujours très différentes, bien sûr, le mangaka étant capable de passer en un rien de temps de la tranche de vie a priori paisible au drame humain, dur surnaturel au conte tragique, du grivois à la comédie. Mais aussi des instants qui, toujours sur fond de catastrophe ayant marqué à jamais la ville et ses habitants, permettent quelques légers approfondissements, à commencer par une petite facette du passé sentimental du patron.


Si la grosse première moitié du tome reste ainsi efficace et dans la droite lignée de ce que la série a montré jusque-là, c'est pourtant la petite deuxième moitié du volume qui va assurément capter le plus l'attention, jusqu'à éventuellement toucher en profondeur voire briser le coeur, au vu du nouveau coup dur, de la nouvelle trahison que Saki y subit, en la plongeant plus que jamais dans l'absence de repères et dans la solitude. A l'heure où elle est au plus bas, c'est le River End Café, son ultime refuge, qui pourrait à nouveau la sauver... jusqu'à peut-être même lui faire faire un tout petit premier pas vers une voie qu'elle pourrait prendre, un chemin qu'elle pourrait tracer dans sa vie. Et si la chanteuse d'enka du tome 2 avait raison ? Et si elle avait déjà quelque chose en elle, elle qui pense ne rien avoir ?


Une chose est sûre dans l'immédiat: Akio Tanaka met en images toute cette dernière partie de volume avec une maestria rare. Il y délaisse bien souvent les dialogues, pour laisser place à des dessins et à des choix de mise en scène très significatifs pour faire ressentir en profondeur la détresse silencieuse et la solitude de l'adolescente. Et quand les textes réapparaissent, c'est plutôt sous la forme des paroles de chansons de l'artiste de blues américaine Bessie Smith, dont l'évocation prend ici une place très symbolique.


Alors, sans perdre de vue les particularités rendant son manga unique dans la première partie du tome, Akio Tanaka livre surtout ici une deuxième moitié de volume époustouflante dans ce qu'elle véhicule par la seule force de sa mise en images, de ses non-dits et de ses références musicales riches de sens. L'oeuvre continue de s'affirmer et a en même temps encore beaucoup à montrer, ce qui promet beaucoup pour la suite.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction