Rien n'est impossible Vol.1 - Actualité manga

Rien n'est impossible Vol.1 : Critiques

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Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 23 Mars 2010

Après la parution de Silent Love chez Asuka, la mangaka Hinako Takanaga nous revient en France avec sa toute première oeuvre: Rien n'est impossible.

Un soir, alors qu'il sort d'une soirée arrosée avec son collègue de travail Isogai, Mitsugu Kurokawa, un jeune homme comme les autres, croise la route de Tomoé, un jeune étudiant aussi naïf que nonchalant. Ce dernier s'étant perdu dans Tokyo alors qu'il est venu de Nagoya pour passer le concours d'entrée de l'université Waseda, Kurokawa lui propose de passer la nuit chez lui. Mais rapidement, l'employé va se rendre compte qu'il est tombé sous le charme de l'étudiant... Hélas, cet amour n'est pas réciproque ! En effet, touché par la naïveté de Tomoé face aux pulsions qui l'assaillent, Kurokawa ne parvient pas à avouer franchement son amour. Et la situation se compliquera encore lorsque Tomoé, admis à Waseda, viendra habiter en colocation avec Kurokawa...

Voici donc le point de départ de ce nouveau yaoi des éditions Taifu... Yaoi, vraiment ? Pour le moment, les relations entre les personnages restant platoniques, on parlera plutôt de shônen-ai. Reste à voir si ce sera toujours le cas par la suite.
En attendant, ce premier volume de Rien n'est impossible ne propose pas, à première vue, un scénario particulièrement novateur. Néanmoins, la lecture n'en est pas moins agréable, bien au contraire !

La première raison de la réussite de ce premier volume tient dans ses personnages. Ainsi, les lectrices et lecteurs devraient s'attacher facilement à Tomoé, qui, bien qu'extrêmement naïf et efféminé, n'en est pas pour autant tête à claques, notamment grâce à la nonchalance qu'il affiche souvent, y compris lorsqu'il se retrouve dans des situations un peu plus tendues. Kurokawa n'est pas en reste, touchant et amusant de par sa maladresse et la volonté qu'il affiche de ne pas vouloir brusquer Tomoé. Quant à Isogai, sa position plus en retrait et sans véritable parti pris par rapport à l'amour homosexuel et à sens unique de Kurokawa le rendent lui aussi plutôt sympathique. A ce trio viendront par la suite s'ajouter Sô-Itchi, le grand frère de Tomoé, extrêmement protecteur envers son petit frère, un brin colérique, ne supportant pas les homosexuels et ne voyant pas du tout d'un bon oeil la colocation de son frangin avec Kurokawa, ainsi que Rick, un étudiant américain ouvertement gay à 100%, assumant pleinement son homosexualité, recherchant avant tout les plaisirs libertaires... et ayant bien entendu des vues sur Tomoé.
Entre un jeune héros naïf et efféminé qui est le fruit de bien des convoitises mais qui reste encore difficile à cerner quant à ses orientations, un héros maladroit avec ses sentiments et ayant encore du mal à assumer totalement l'homosexualité qu'il vient de se découvrir, un autre homosexuel plus libertin et qui s'assume pleinement, un grand frère protecteur considérant les gays comme des sous-hommes, et un hétéro "basique" perdu au beau milieu de tout ceci, on peut dire que Hinako Takanaga dresse des portraits masculins tous bien différents les uns des autres. De ce fait, chaque personnage se voit doté d'un caractère unique qui lui permet sans difficulté d'afficher une personnalité qui lui est propre. Au final, chacun des cinq principaux protagonistes de ce premier volume se révèle sympathique et intéressant.

Par ailleurs, on se demande si cette multiplicité des orientations et des caractères des différents personnages sera développée sérieusement par la suite par la mangaka. On se pose notamment cette question en ce qui concerne Sô-Itchi, apparemment ouvertement anti-gays. Pour le moment en tout cas, il n'en est rien, l'auteur préférant développer constamment un humour particulièrement efficace. Car en effet, l'humour est sans doute ce qui domine dans ce premier tome. Un humour fortement basé sur les caractères des personnages, justement. Ainsi, la naïveté de Tomoé, les crises de colère et de surprotection de Sô-Itchi, et l'apparition d'un rival jouant franc-jeu en la personne de Rick, sont autant d'éléments qui n'auront de cesse de venir maltraiter de manière amusante les sentiments du pauvre Kurokawa, qui se torture pourtant déjà bien assez lui-même.

Au beau milieu de tout ceci, Takanaga n'oublie pas de faire évoluer son histoire, aussi bien sur le plan sentimental que sur les autres plans. Ainsi, la fin du volume se présente comme une étape importante dans l'évolution des relations entre les personnages et dans l'acceptation totale par Kurokawa de ses propres sentiments. Et avant d'en arriver là, plusieurs étapes viennent faire évoluer la situation estudiantine de Tomoé, par exemple. A ce sujet, on retiendra notamment le passage où Tomoé se voit anéanti quand il apprend ce qui est arrivé au professeur pour lequel il avait tant d'estime, et qui était la principale raison de sa volonté d'être admis à Waseda.
Par ailleurs, on appréciera que ces rebondissements viennent directement influencer les relations entre les personnages, principalement en ce qui concerne Kurokawa.

Rien n'est impossible étant la toute première oeuvre de Hinako Takanaga en tant que mangaka, cela se ressent fortement au niveau de ses dessins, plus vieillots, moins précis, moins détaillés que sur Silent Love. Néanmoins, l'ensemble n'est pas rebutant pour autant. Le très est expressif et sait offrir des visages amusants aux personnages sans jamais trahir leur personnalité. Ainsi, le côté naïf et nonchalant de Tomoé ressort souvent, tout comme l'aspect colérique de Sô-Itchi, par exemple. Enfin, la spontanéité de la narration de la mangaka sert à merveille des passages comiques parfois inattendus, et le découpage, s'il ne cherche pas à faire dans l'originalité, s'avère suffisamment dynamique et clair.

Personnages tous intéressants et accrocheurs, humour qui fait mouche, récit bien mené... Malgré le manque apparent d'originalité et un style visuel qui peut rebuter un peu au début, ce premier volume de Rien n'est impossible, doté d'un charme certain, se révèle vraiment plaisant à suivre.

Du côté de l'édition, Taifu rend une copie globalement correcte. Malgré un papier un tout petit peu trop transparent et une adaptation graphique bancale par moments, le reste est dans une bonne moyenne.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs