Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 10 Mars 2021
Lancée en France par les éditions Komikku en 2014, Reversible Man est une série à la parution très lente, et pour cause: son auteur Nakatani D., qui exerce dans plusieurs domaines à la fois, a à coeur de prendre son temps pour peaufiner les affaires de son récit, en véhiculant à travers cette oeuvre trash ses propres idées engagées sur la société. Ainsi, plus de trois ans et demi se sont déjà écoulés depuis la sortie française du tome 4 en juin 2017, un tome qui nous laissait a beau milieu d'une longue affaire ! Mais la longue attente a pris fin dans les derniers jours de février avec la sortie française du volume 5. Au Japon, ce 5e opus, à ce jour le dernier en date, est sorti en septembre 2019, un peu plus de deux ans et demi après le tome 4 qui était paru en janvier 2017.
Les affaires a priori différentes des morts du club du rugby de Keihou et du petit Tasuku Funato ont fini par se rejoindre, reliées entre elles par les inquiétantes expérimentations de la clinique du Tendre Sourire. Ainsi la police effectue-t-elle à présent une descente dans la clinique... mais pendant ce temps, le pire semble proche d'arriver dans le jardin des plantes du tendre Sourire: sous le regard terrifié de Runa, le petit Tasuku a été poignardé en plein coeur par un homme on ne peut plus flippant, et Kyu s'en est mêlé en entamant contre cet adversaire un duel aussi violent qu'improbable pour laisser le temps à Runa de s'échapper avec l'enfant, mais aussi pour se venger des accusations qui pèsent sur lui-même. Bientôt, Hachi et Roku arrivent à leur tour sur les lieux, et ce dernier ne peut qu'être interpellé par l'identité de l'ennemi: Roku reconnaît effectivement en cet homme Saegusa, alias "Trois", membre du clan Shôin qu'il avait pourtant lui-même tué quelques années auparavant... Comment cet homme a-t-il bien pu revenir à la vie ? Une chose est sûre: Trois n'a pas fini de rappeler à Roku bien des choses...
Nakatani D. a beau nous offrir encore un tome bien épais d'environ 300 pages, son intrigue dans le présent avance cette fois-ci très peu, et pour cause: l'heure est surtout venue ici pour le mangaka de décortiquer un personnage en particulier, à savoir Saegusa/Trois, en abordant en long et en large son parcours chaotique, jusqu'à expliquer comment il est devenu ainsi. Il s'agit d'un homme que Roku a bien connu, et dont on découvrira même qu'il avait une relation de confiance assez étroite avec lui, à une époque où Saegusa était même surnommé "Trois le Saint"... alors, comment ce "saint" tel qu'il y en a peu dans le monde des yakuzas a-t-il pu devenir l'être meurtrier qu'il est aujourd'hui et qui est revenu d'entre les morts ? La réponse qui se dessine, au fil de ce tome jouant sur plusieurs époques, est intéressante, quand bien même l'auteur force parfois le trait sur le côté immoral et trash propre à son récit (entre autres, le coup de la relation incestueuse entre frère semble ne servir à rien). Car ce que l'on découvre au fil de ce tome, c'est bien, à l'instar d'une Marie Kajii dans l'arc précédent, un homme au parcours particulièrement sombre et ambigu, où avant d'être un bourreau vengeur et sanglant il fut surtout une victime de l'infâme Yotsuya (dont les plans se poursuivent implacablement), mais aussi du monde yakuza, de terribles secrets de famille, voire aussi de lui-même... Et au fil de son rendu qui ne prend jamais de pincettes, Nakatani D., sans forcément offrir de messages aussi prégnants que dans les tomes précédents, parvient quand même à évoquer un paquet de choses assez critiques, entre un petit portrait du milieu yakuza et de son évolution suite à certaines lois, la thématique bien présente du mensonge, la rudesse de certains liens parents/enfants, quelques dérives médicales autour des organes ou encore des petites choses comme les rumeurs. Enfin, au bout de tout ceci et surtout via les agissements de Yotsuya, c'est une nouvelle exploitation inquiétante des spécificités des retournés qui est évoquée, en intrigant de plus belle pour la suite.
Cette affaire n'étant toujours pas achevée au bout de ce 5e volume, espérons que le tome 6 mettra moins de temps à sortir. En attendant, la lecture du récit "coup de poing" de Nakatani D. reste efficace, autant pour son ton sans concessions que pour ses développements et thématiques assez riches.
Les affaires a priori différentes des morts du club du rugby de Keihou et du petit Tasuku Funato ont fini par se rejoindre, reliées entre elles par les inquiétantes expérimentations de la clinique du Tendre Sourire. Ainsi la police effectue-t-elle à présent une descente dans la clinique... mais pendant ce temps, le pire semble proche d'arriver dans le jardin des plantes du tendre Sourire: sous le regard terrifié de Runa, le petit Tasuku a été poignardé en plein coeur par un homme on ne peut plus flippant, et Kyu s'en est mêlé en entamant contre cet adversaire un duel aussi violent qu'improbable pour laisser le temps à Runa de s'échapper avec l'enfant, mais aussi pour se venger des accusations qui pèsent sur lui-même. Bientôt, Hachi et Roku arrivent à leur tour sur les lieux, et ce dernier ne peut qu'être interpellé par l'identité de l'ennemi: Roku reconnaît effectivement en cet homme Saegusa, alias "Trois", membre du clan Shôin qu'il avait pourtant lui-même tué quelques années auparavant... Comment cet homme a-t-il bien pu revenir à la vie ? Une chose est sûre: Trois n'a pas fini de rappeler à Roku bien des choses...
Nakatani D. a beau nous offrir encore un tome bien épais d'environ 300 pages, son intrigue dans le présent avance cette fois-ci très peu, et pour cause: l'heure est surtout venue ici pour le mangaka de décortiquer un personnage en particulier, à savoir Saegusa/Trois, en abordant en long et en large son parcours chaotique, jusqu'à expliquer comment il est devenu ainsi. Il s'agit d'un homme que Roku a bien connu, et dont on découvrira même qu'il avait une relation de confiance assez étroite avec lui, à une époque où Saegusa était même surnommé "Trois le Saint"... alors, comment ce "saint" tel qu'il y en a peu dans le monde des yakuzas a-t-il pu devenir l'être meurtrier qu'il est aujourd'hui et qui est revenu d'entre les morts ? La réponse qui se dessine, au fil de ce tome jouant sur plusieurs époques, est intéressante, quand bien même l'auteur force parfois le trait sur le côté immoral et trash propre à son récit (entre autres, le coup de la relation incestueuse entre frère semble ne servir à rien). Car ce que l'on découvre au fil de ce tome, c'est bien, à l'instar d'une Marie Kajii dans l'arc précédent, un homme au parcours particulièrement sombre et ambigu, où avant d'être un bourreau vengeur et sanglant il fut surtout une victime de l'infâme Yotsuya (dont les plans se poursuivent implacablement), mais aussi du monde yakuza, de terribles secrets de famille, voire aussi de lui-même... Et au fil de son rendu qui ne prend jamais de pincettes, Nakatani D., sans forcément offrir de messages aussi prégnants que dans les tomes précédents, parvient quand même à évoquer un paquet de choses assez critiques, entre un petit portrait du milieu yakuza et de son évolution suite à certaines lois, la thématique bien présente du mensonge, la rudesse de certains liens parents/enfants, quelques dérives médicales autour des organes ou encore des petites choses comme les rumeurs. Enfin, au bout de tout ceci et surtout via les agissements de Yotsuya, c'est une nouvelle exploitation inquiétante des spécificités des retournés qui est évoquée, en intrigant de plus belle pour la suite.
Cette affaire n'étant toujours pas achevée au bout de ce 5e volume, espérons que le tome 6 mettra moins de temps à sortir. En attendant, la lecture du récit "coup de poing" de Nakatani D. reste efficace, autant pour son ton sans concessions que pour ses développements et thématiques assez riches.