Restart (Shôko Hidaka) - Actualité manga

Restart (Shôko Hidaka) : Critiques

Restart

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 02 Août 2011

On connait maintenant bien l’auteur avec « Après l’orage » et « Visages inconnus », plus récent. Ce dernier nous avait laissé un goût plutôt amer quant à la qualité du travail de l’auteur, et l’on espère que Restart va nous faire mentir en prouvant que la mangaka peut aller plus en profondeur que ce qu’elle nous a présenté jusqu’à présent. L’histoire est celle de deux mannequins, Tadashi et Aki. Le premier voit sa côte de popularité décliner au fur et à mesure que celle de son collègue augmente. Aki récupère ainsi tous les anciens contrats de Tadashi, ce qui a de quoi mettre en rogne ... mais même pas. Les deux jeunes hommes s’entendaient en effet plutôt bien jusqu’à il y a un mois. Saoul, Tadashi avait provoqué Aki et la soirée s’était terminée de manière plutôt érotique, ce qui a mis mal à l’aise nos deux héros. Depuis, ils ne se parlent plus et se fuient, mais le cœur de Tadashi n’est pas insensible à Aki, espérant toujours un regard autre que celui qu’il lui lance habituellement, lointain et distant. S’engage alors un chassé croisé, toujours dans le thème de la rivalité que, semble-t-il, l’auteur aime à développer. Qui de Aki ou de Tadashi s’impose avec le plus de talent ? Qui essaie de rattraper l’autre ? Vastes questions pour nos deux héros, évoluant dans le difficile univers qu’est la mode.

On part d’une bonne idée, avec des personnages à priori intéressant, pourtant il manque une saveur particulière à ce one-shot. Aki, par exemple, reste bien trop mystérieux et de nombreux points ne sont pas abordés entre nos tourtereaux. On aurait aimé un peu plus de profondeur dans les sentiments, notamment au début puisque on nous présente très rapidement le contexte avant de dévoiler les sentiments de Tadashi et d’Aki, sans véritablement de progression. Tout se joue alors dans une relation assumée, qui pourtant ne s’attarde pas sur des concepts qui pourraient être abordés de façon pertinente pour un couple. Par contre, le petit univers que l’auteur a réussi à créer avec la mode est une réussite, tant elle exploite avec réalisme les castings en aussi peu de pages. Dommage qu’elle n’ait pas, encore une fois, pris plus de temps pour son manga. Comme Visages inconnus, la construction du manga de Shouko Hidaka est très découpée : plusieurs chapitres sur l’histoire principale, avant de passer à deux nouvelles totalement différentes puis de revenir en quelques pages sur nos héros de Restart pour préciser un dernier point, ici la façon dont Aki s’est fait engager et donc la rencontre entre Tadashi et lui. Les deux nouvelles sont certes trop courtes pour être réellement intéressantes mais elles sont mieux réussies que celle du précédent manga de l’auteur. La première décrit l’amour entre un photographe et un sujet qu’il chérit sans pareille, avec un caractère assez amusant de la part du photographe. La seconde est l’amour naissant entre un jeune homme et le frère de celui qu’il aimait, comme si c’était aussi facile, comme si c’était véritablement sain de tomber amoureux du frère de son amour décédé.

Ces histoires sont elles aussi basées sur des idées pertinentes, et à chaque fois l’auteur aurait pu en faire un manga si elle prenait la peine de développer d’avantage la psychologie de protagonistes finement créés. C’est bien dommage de voir ainsi des histoires bâclées, et l’on est rapidement frustrés en imaginant ce que tout cela aurait pu donner, au final. Les dessins sont de qualités, et sous une couverture qui ne rend pas vraiment hommage à Tadashi et au trait de l’auteur, on apprécie réellement le trait fin et précis de la mangaka. Si quelques imperfections se glissent dans son style, la représentation de ses héros, quoique très standardisée mais ce qui est plutôt attendu dans un univers de mannequin, est intéressante dans les expressions faciales ainsi que dans le sens du détail. De plus, Tadashi et ses cheveux longs séduisent rapidement, tout comme Aki et son air ténébreux à souhait. Enfin, les scènes sensuelles sont habilement dessinées et font leur travail de nous faire parvenir la passion et le désir qui émanent des corps d’Aki et de son amant. Un petit mot sur l’édition de Taïfu qui nous gratifie d’une sympathique page couleur et de deux pages en papier glacé, avec une traduction plutôt fluide et nulle autre erreur notoire que l’adaptation partielle des onomatopées. Un petit one-shot sans prétention, avec ses défauts mais qui se lit facilement et amène un instant de plaisir à la lecture.


 


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs