Réminiscences - Actualité manga

Réminiscences : Critiques

Sono Kuchibiru ni Yoru Tsuyu

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 26 Novembre 2009

« Tu as tellement hurlé que ta voix est éteinte. Parle plus fort ! »

Réminiscences à l’étrange particularité d’ancrer son histoire à la fois dans un univers lycéen standard et dans le monde adulte. En effet, Wakae a subi un traumatisme au lycée après sa rencontre avec Tatsuki et voilà que le hasard les réunit, bien plus tard, alors que le bourreau est devenu un chauffeur de bus standard et que la victime se fait persécuteur avec une seule idée en tête, la vengeance ! Première réaction face à ce titre, avant même d’ouvrir le manga : la couverture est très belle et met bien en avant le titre. Les couleurs se marient parfaitement, la police du titre est travaillée et même la quatrième de couverture est agréable à l’œil (très travaillée dans la coloration). Bref, un titre qui d’ores et déjà attire l’œil, parait plus mature et sérieux que les jolies couleurs de Tendre voyou, par exemple. L’histoire en elle-même est intéressante dans la mesure où elle ne tombe ni dans le cliché de l’amour lycéen ni dans celui de la relation malsaine de deux adultes qui se cherchent, mais réunit les deux. Ainsi, le principal obstacle à la lecture reste les viols que la mangaka met très souvent en scène. Ce concept échappe parfois à notre entendement, étant donné que ce fantasme ne fait pas toujours parti des mœurs … Mais la position originale des deux protagonistes (simple, mais l’idée du chauffeur de bus -ou même du simple salarié-, il fallait y penser) permet de passer outres le nombre trop importants de scènes érotiques.

Autre point intéressant : tous les actes et les sentiments de nos héros trouvent leur explication dans le passé, et la trahison émotionnelle amenant la trahison physique, puis la vengeance, est assez bien amenée. Certes, il n’y a pas vraiment de suspense ni de mystère là-dessous mais la narration est fraîche, reposante et bien loin du sexe omniprésent entre Wakae et Tatsuki. Mais c’est également comme cela qu’ils progressent, puisque la rupture entre eux est survenue ainsi. On remarquera qu’il y a inversion des rôles entre le seme et le uke en cours d’histoire : encore un bon point pour Youki Fukai, qui permet alors d’explorer avec justesse la sexualité de ces hommes qui n’est pas forcément figée. De plus, l’auteur n’hésite pas à aborder des sujets un peu plus terre à terre et démystifie ainsi l’acte sexuel, à contrario de certains yaois qui y voient un accomplissement, un miracle, un épanouissement ou au contraire une torture sadomasochiste. La simple question du préservatif fait office de nouveauté, bien que la mangaka ne néglige pas les sentiments et la représentation de l’amour, très importante lorsque le public est majoritairement féminin. Bref, on a l’impression de suivre une époque globalement réaliste de la vie de Wakae et Tatsuki, qui échangent leurs émotions en même temps que leur plaisir : pas trop de l’un, pas trop de l’autre, un dosage assez pertinent que nous livre la mangaka. Tout ça pour un rendu qui nous surprend agréablement dans l’ensemble, même si certains points nous dérangent et que l’originalité n’est pas flagrante : il en suffit d’un peu pour satisfaire. Et la narration est fluide, les étapes logiques et clairement identifiables, bref un bon moment à passer.

C’est visuellement que le tout déçoit un peu. En effet, l’esthétique attractif de la couverture ne se retrouve pas forcément une fois la première page couleur passée. Les décors sont très simples lorsqu’il n’y a pas de scène volontairement centrée dessus, les traits des personnages sont assez simples et certaines expressions sont un peu enfantines, la finition n’est pas parfaite. Petite déception, donc, devant l’inégalité des rendus graphiques qui peuvent parfois être très esthétiques et d’autres fois beaucoup plus banals et sans caractère. Mais on s’attache tout de même à ces deux jeunes hommes qui souffrent chacun de leur côté, d’autant plus que leur histoire est attachante malgré tout. Seul point complètement ridicule sur l’ensemble visuel du manga : la « censure » est, en tout et pour tout, une minuscule bande blanche qui ne cache rien du tout et ne fait que casser l’esthétique des scènes. D’un point de vue adaptation, Taïfu laisse encore les grandes onomatopées originales, ce qui prend un peu de place et charge la page, mais on remarque que la transparence des pages se fait moins sentir. Impression ou réelle amélioration ? A voir. Par contre les erreurs d'inattention sont toujours là dans la traduction ("ça ne m'a jamais fleuré l'esprit" au lieu de effleuré).


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs