Remède Impérial - L'étrange médecin de la cour Vol.1 - Manga

Remède Impérial - L'étrange médecin de la cour Vol.1 : Critiques

Gekkakoku Kiiden

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 04 Octobre 2024

Même si les mangas s'inspirant de la Chine ancienne ou plus généralement de l'Asie d'autrefois pour croquer des complots de cour et autres joyeusetés existent depuis longtemps, il faut bien avouer que ce type de récit tend à se multiplier depuis le succès des Carnets de l'apothicaire. Rien que cette année, les éditions Ki-oon, justement éditrices des Carnets de l'apothicaire en France, ont lancé Le Palais des assassins, une série qui a su trouver sa propre voie en abordant la chose sous un angle bien différent, et qui gagne facilement en sympathie au fil des tomes. Et depuis le mois dernier, c'est du côté de Kurokawa qu'il faut regarder pour découvrir le premier tome d'un manga qui, au vu de son sujet, a déjà largement de quoi faire penser à un "Carnets de l'apothicaire bis". A tort ou à raison ?

De son nom original Gekkakoku Kiiden (littéralement "La Légende de l'étrange docteur des Fleurs de lune" ), Remède Impérial - L'étrange médecin de la cour est un shôjo qui suit son cours au Japon depuis 2018 dans le magazine Asuka de Kadokawa, et que l'on doit à Tohru Himuka, mangaka que l'on avait découverte il y a quelques années chez Pika Edition avec la série Shinobi Quartet.

L'oeuvre nous immisce au sein de l'empire des Fleurs de Lune, pour lequel l'autrice ne cache aucunement s'être beaucoup basée sur la Chine ancienne à grand renfort de documentation, ce qui se ressent facilement à travers les tenues vestimentaires, les coiffures et les bâtisses plutôt proprement rendues. Tout commence par une conspiration: celle d'une certaine dame Ro qui compte bien profiter d'une escapade en province du prince héritier Keiun pour le faire assassiner. Pris dans un embuscade, le prince ne doit son salut qu'à l'intervention de son bras droit Shiei, qui en ressort toutefois grièvement blessé. Dans un pays où, pour se soigner, la médecine moderne est encore peu présente, si bien qu'on compte généralement sur les remèdes d'apothicaire ou sur les prières et rituels adressés aux dieux, Keiun fait tout pour trouver au plus vite quelqu'un apte à soigner Shiei, et finit par rencontre une étonnante jeune fille à la peau très pâle, aux cheveux d'argent et aux yeux bleu lagune. Koyô Kaku, puisque c'est son nom, est une apprentie médecin venue d'ailleurs, ayant appris la chirurgie et la médecine auprès de son père, et commençant tout juste ses activités avec son assistant Shingdam, un ténébreux métis venant lui aussi d'ailleurs. En voyant cette fille opérer Shiei avec soin et technique, prenant soin de l'endormir partiellement, d'arrêter le saignement et de le recoudre avec du fil et une aiguille, Keiun a une révélation: il lui faut ramener Koyô à la capitale pour qu'elle répande sa médecine, ce qui permettrait au princesse héritier de faire tourner la situation en sa faveur dans les intrigues de cour !

Un univers inspiré de la Chine ancienne, un ancrage dans le sujet des remèdes, un jeune homme cherchant à manipuler gentiment la jeune héroïne à ses propres fins... Décidément, tout est là pour rappeler inévitablement Les Carnets de l'apothicaire, et il n'est donc vraiment pas anodin qu'une part de la communication de Kurokawa autour de la série se soit reposée sur cette comparaison. Ces points communs, on les ressent jusque dans la personnalité de Koyô, qui rappelle énormément celle de l'exquise Mao Mao, héroïne des Carnets de l'apothicaire: comme elle, la jeune médecin est dans son monde, a ses lubies rigolotes (si elle est captivée par les beaux pectoraux saillants, c'est plus par envie de les disséquer d'autre chose ! ), possède un caractère assez affirmé (surtout quand il est question du domaine dans lequel elle veut faire ses preuves), et démontre déjà des connaissances et des talents à même de révolutionner la cour voire plus encore.

Nous sommes donc, pour le moment, sur du déjà-vu en terme de caractères et d'univers, mais aussi au niveau du déroulement qui, sur ce premier tome, est cousu de fil blanc: rien ne vient surprendre quand on est un minimum habitué à ce style d'histoire, l'aspect médical est simplement installé, et les intrigues de cours se limitent pour le moment à des banalités. Cependant, ce premier tome est loin, très loin d'être un échec: à condition de ne pas en attendre trop et d'accepter les fortes similarités avec Les Carnets de l'apothicaire, ce début d'oeuvre a son charme, car le style de la mangaka fonctionne plutôt bien: l'héroïne amuse et séduit assez facilement dans sa personnalité, les diverses notes d'humour sont bien placées et assez attachantes (coucou Madame Yang), le rendu visuel et narratif est propre... et puis, étant donné que la série est toujours en cours avec 12 tomes à l'heure où ces lignes sont écrites, on imagine que les intrigues de cour vont s'enrichir, et que la thématique autour de la percée de la médecine va s'accentuer.

A vrai-dire, on aurait aimé que le tome 2 sorte en même temps que le premier volume, pour déjà se faire une meilleure idée de la direction choisie par la mangaka. Mais il reste certain que Remède Impérial a des atouts à développer pour ne pas juste être une sorte de "Carnets de l'apothicaire version Wish". En tout cas, c'est tout ce qu'on lui souhaite !

Enfin, côté édition française, la copie est bonne : la jaquette est bien travaillée tout en restant dans l'esprit de l'originale japonaise, les huit premières pages en couleurs sur papier glacé sont appréciables, le papier est souple et assez opaque, la traduction de Gaëlle Ruel est très bonne, vive et naturelle (notamment quand il faut faire ressortir la personnalité de Koyô), et le lettrage effectué par Sylvie Naddéo-Deloche est propre.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs