Reki & Yomi Vol.1 : Critiques

Reki Yomi

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 20 Juillet 2023

Les éditions Noeve Grafx nous ont déjà prouvé, à quelques reprises, leur envie de proposer des mangas sortant largement de l'ordinaire de vrais petites OVNIS, y compris en terme d'humour avec un titre comme le très chouette Asobi Asobase. Nouveauté de fin juin de l'éditeur, Reki & Yomi s'inscrit totalement dans cette veine, en poussant même, sans doute, le bouchon encore plus loin que tout ce que Noeve a déjà pu publier par le passé.

De son nom original Reki Yomi (tout simplement), cette oeuvre en 3 tomes fut la toute première série un peu longue de Kôhei Shibata, un mangaka jusque-là inédit en France et ayant débuté sa carrière en 2015. L'oeuvre dont il est question ici a été prépubliée entre 2018 et 2020 dans les pages du prestigieux magazine Harta d'Enterbrain/Kadokawa, magazine bien connu pour accueillir des oeuvres au style graphique poussé et bien reconnaissable, à l'image de Bride Stories, Dans le sens du vent, Hinamatsuri ou encore Minuscule. D'ailleurs, avec ses petites oreilles mignonnes et à grandes oreilles sur une jaquette foisonnante, Reki & Yomi aurait vite fait de nous rappeler Minuscule, mais la comparaison s'arrête vraiment, car la série de Noeve joue dans un tout autre registre beaucoup plus perché.

Le concept de la série est très simple, à chaque nouveau chapitre on suit un nouveau moment de vie de Reki, grande soeur taquine nonchalante et un peu névrosée, et de Yomi, petite soeur qui n'aspire souvent qu'à être tranquille, notamment pour lire, avant que sa frangine ne vienne l'embêter avec amour (si si). De temps à autre, elles sont aussi accompagnées de rares visages secondaires comme Shag, gérante d'un bazar où Reki aime dépenser l'argent de sa petite soeur pour des bonbons (vive la grande soeur indigne), ou encore Capone, une aventurière-écrivaine dont Yomi raffole mais dont les livres "autobiographiques" sont en réalité un peu éloignés de la réalité.

Chaque chapitre met en scène une situation de départ en particulier: Reki qui achète des bonbons et a une étrange façon de les partager avec sa soeur, la confection d'une potion tout à fait particulière, un problème de loups en plein coït juste devant chez elle, les tentatives de Reki de faire sortir la casanière Yomi pour un pique-nique, Yomi qui se retrouve coincée dans un mur avec le haut du corps à l'intérieur de la maison et le bas du corps à l'extérieur... Si vous avez bien suivi, vous aurez déjà remarqué quelques situations de départ incongrues (la copulation de loups en tête). mais dite-vous bien que ce n'est absolument rien à côté des développements proposés ensuite par l'auteur, ceux-ci alternant joyeusement entre le simple grotesque, le gentiment trashouille, le franchement cracra, voire le malaisant au vu de certaines choses que Reki fait subir à Yomi sous couvert d'humour (comme lui enfoncer un champignon dans le c*l, ça c'est dit). On ne va évidemment pas détailler les développements, mais en guise d'exemples assez marquants pour vous donner une idée du truc, dites-vous qu'il pourra être question de bonbons au vomi, de commercialisation de potions composées des fluides corporels des deux miss, d'une frangine mourant puis ressuscitant sous les coups de l'autre, de viagra donné au loup mâle pour qu'il soit plus efficace... Avec ce type d'humour, soit ça passe, soit ça casse, et il faut évidemment se mettre en mode douzième degré (au moins) pour ne rien prendre au sérieux. Personnellement, certaines situations m'ont fait rire (les loups ont tellement une dégaine idiote que leur scène de coït est assez hilarante dans son genre), d'autres m'ont mis mal à l'aise (surtout l'intégralité du dernier chapitre très humiliant pour Yomi), mais tout dépendra vraiment de chaque lecteur. En revanche, là où l'on peut assurément dire que le bât blesse, c 'est dans certains moments de narration très confus: Shibata part effectivement parfois loin dans ses délires mais sans forcément exposer sa logique, si bien que certaines situations peuvent apparaître quasiment incompréhensibles, à l'image de tout un délire sur le visage de Reki dans le deuxième chapitre sur la potion.

Visuellement, c'est assez sympathique dans son genre, en particulier parce que l'auteur cherche assez bien à jouer sur le décalage entre d'un côté la mignonnerie de ses héroïnes un peu chibi et à grandes oreilles, et de l'autre côté les situations incongrues et un peu trash dans lesquelles elles peuvent se retrouver. A part ça, le découpage reste assez simple, les décors sont bien présent sans être ultra détaillés... Ca fait le boulot, en somme.

Sorte de Minuscule en version trash, Reki & Yomi n'a pas volé sa mention "Pour public averti" en quatrième de couverture au vu de plusieurs de ses gags. Très particulier, l'humour de l'oeuvre plaira ou non, et pour le coup il n'y aura probablement pas de juste milieu. Si bien que, malgré des moments où l'auteur est très difficile à suivre, la série a résolument quelque chose d'unique. A voir si Shibata saura gommer certains problèmes narratifs dans les deux tomes suivants, histoire que son oeuvre monte d'un cran.

Enfin, côté édition, c'est une nouvelle fois du tout bon pour Noeve, surtout pour la jaquette qui impressionne avec ses différents effets de dorure, d'embossage et de vernis sélectif. Décidément, l'éditeur aime toujours autant les beaux objets-livres ! Et à l'intérieur, on trouve une bonne qualité d'impression sur un papier souple et opaque, un lettrage soigné d'Emma Poirrier, et une traduction bien dans le ton de la part d'Anaïs Fourny.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs