Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 10 Mai 2023
Aussi curieuse et épanouie qu'elle soit dans son nouveau milieu, Kokoro voit bien que son travail n'est pas de tout repos, surtout quand il s'agit de gérer l'excentrique Nakata, qui va même jusqu'à effrayer ses assistants ! A côté, entre la création d'un nouveau prix et la sollicitation de coursiers dont la tâche est de récupérer les planches en période de rush, la jeune recrute a encore bien des choses à apprendre...
La petite routine de Kokoro nous régale toujours, tant elle est synonyme de découvertes passionnées. Avec Réimp'!, Naoko Mazda continue de décortiquer le milieu éditorial japonais du manga, en développant ces coulisses jusqu'à s'intéresser aux métiers de l'ombre dont le lectorat francophone n'avait même pas idée. Dans cette optique, ce septième volume met l'accent sur les coursier, personnes externes à la société qui font le relais entre l'auteur et l'éditeur, pour la transmission des planches. L'autrice ne joue pas seulement la carte du documentaire et, comme bien souvent, elle vient nous conter une histoire autour d'un nouveau personnage intermédiaire, ici lié d'une certaine manière à Kokoro, par le biais du sport. Une jolie séquence donc, sur ces deux aspects.
Pour le reste, la mangaka ne manque toujours pas d'idée, et exploite ensuite les fameux prix qui viennent sacrer certaines œuvres. Du Prix Tezuka au Prix Kono manga ga Sugoi (auquel il est fait référence dans ce volet), ces consécrations sont ici exploitées du point de vue des auteurs de Vibes, et tout particulièrement l'un d'entre eux. Si le passage est intéressant et plein de bonnes ondes, le sujet mériterait davantage d'approfondissement, aussi on espère que Naoko Mazda y reviendra ultérieurement.
Mais le plus intéressant finalement, c'est sans doute le portrait étoffé de Nakata, ce mangaka débutant introverti poussé par Kokoro pour la singularité de son style. Le personnage, aussi fascinant qu'antipathique, ne manque pas d'intérêt, et il semble bien que le récit ait l'ambition d'étoffer l'individu en tant qu'autour tourmenté, qui a beaucoup à évacuer et à accomplir. En ce sens, la fin du volume joue même la carte du cliffhanger, une astuce bien habile après nous avoir justement enseigné l'importance de conclure un volume sur une telle mécanique narrative, pour donner l'envie au lecteur de se jeter sur la suite. C'est chose réussie, Naoko Mazda enrichissant son argumentaire d'un exemple concret, puisque l'envie de poursuivre illico sur le tome 8 est bien là ! Autant dire qu'on ne se lassera pas de Réimp'! de si tôt.