Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 05 Juin 2024
La rédaction de Vibes inaugure un tout nouveau chantier : l'ouverture d'un magazine de prépublication numérique dont le rédacteur en chef ne sera nul autre que Yasui. Kokoro est immédiatement affectée au projet, aussi c'est un tout nouveau pan de l'univers éditorial qu'elle découvre. Mais lorsque Agarie rejoint elle aussi l'aventure, la jeune éditrice se donne pour mission de l'arracher des griffes de Yasui afin d'assurer elle-même le suivi...
Dans le tome précédent, Naoko Mazda abordait le vaste sujet de l'impact du numérique dans le manga, ce en abordant le rôle que pouvait jouer internet dans les nouvelles habitudes de lecteur, quel impact ces changements pouvaient avoir sur les œuvres et leurs auteurs, et comment utiliser ces outils pour redonner une jeunesse à des titres achevés. La mangaka n'abandonne clairement pas le sujet dans ce douzième tome dont la plus vaste partie est dédiée au projet d'un magazine numérique pour Vibes.
Comme à son habitude, l'autrice ne se prive pas d'apporter de nombreux enrichissements quant à la manière de lancer une telle plateforme, en incrustant ces renseignements dans un scénario bien construit. Le méprisable Yasui reprend donc un rôle fort en devenant le chef d'orchestre de "Flow", le site internet de prépublication, tandis que Kokoro joue une nouvelle fois les spectatrices aussi émerveillées que le lecteur. Son implication est l'occasion de remettre en avant une vieille intrigue : celle centrée sur Agaria, la mangaka prometteuse, mais écoeurée du milieu à cause du suivi de Yasui. Tandis que l'arc en lui-même se révèle fascinant pour ses multiples développements, le segment consacré aux personnages est tout enrichissant, confirmant au passage que Réimp'! est aussi un manga garni de petits fils rouges. Le parcours d'Agarie est l'un d'entre eux et promet quelques avancées passionnantes.
Mais Naoko Mazda ne renonce pas pour autant à Nakata, l'un des personnages phares de la série qui se heurte à quelques limites autour de sa publication. Tout en fouillant de nouveau la psychologie du mangaka en le confrontant à son passé, l'artiste aborde de nouvelles idées telles que le rôle des critiques dans le développement des séries, et la manière dont un éditeur peut intervenir quand son auteur est dos au mur. Que l'on aime ou non le très clivant Nakata, il faut reconnaître que ces idées sont pertinentes et rendent le récit prenant.
Après douze tomes, Réimp'! ne perd toujours pas en qualité. Les sujets amenés sont toujours aussi variés, et l'immersion dans le monde du numérique reste particulièrement passionnante. On commence déjà à regretter la fin de la série dans huit petits volumes...