Réimp' ! Vol.11 : Critiques

L'atelier de Takahata est en pleine effervescence quand a lieu une visite de l'actrice Waka Mitsuki, interprète de l'héroïne dans l'adaptation théâtrale du manga. Alors que la comédienne vit une transition pénible dans sa carrière, le mangaka et elle deviennent complices, créant un incident que nul ne pouvait prévoir...

Avec ce onzième tome, nous entrons dans la deuxième moitié de Réimp'!. Après plus de 60 chapitres autour du petit monde de l'édition et de l'industrie du manga au Japon, est-ce que Naoko Mazda a les idées pour 10 tomes supplémentaires ? Avec cet opus, la réponse est indéniablement positive.

Deux grandes intrigues viennent construire le tome, dont la première a de quoi rappeler l'arc actuel d'Oshi no Ko dans sa parution francophone. Il est donc question de la presse people et de la manière dont elle peut s'immiscer dans les rapports entre artistes, au point de priver ceux-ci de toute intimité. C'est Takahata qui en fait les frais, dans une intrigue particulièrement bien menée, qui sait poser justement les problématiques, et qui apporte une résolution sans jamais dédouaner le milieu des magazines à scandales. C'est assez juste sans tomber dans un pathos qui ne correspondrait pas aux tons de la série, tout en donnant quelques honneurs à Takahata, parfois trop laissé dans l'ombre malgré tout son potentiel en tant que personnage.

C'est néanmoins le deuxième scénario de l'ouvrage qui présente une vraie ampleur et confirme toutes les idées qui fourmillent dans l'esprit de la mangaka. Lors de la sortie de l'opus au Japon, en 2018, la dimension numérique du manga est en plein essor. C'est précisément de ce sujet que Naoko Mazda s’empare, en développant les difficultés d'une autrice à rebondir après un premier hit, tout en développant de quelle manière une œuvre peut ressurgir de l'ombre grâce aux méthodes de lecture dématérialisées, tout en ouvrant largement la réflexion au sujet des e-libraires. Quel impact ont-elles ? De quelle manière changent-elles nos habitudes de consommation à l'heure où presque tout le monde dispose d'un smartphone ou d'une tablette ? Comment utiliser ces outils nouveaux pour servir l'art du manga et de leurs auteurs ? Sur un scénario captivant et riche en informations comme en questionnements, la mangaka nous offre peut-être l'un de ses arcs les plus captivants. Et parce que les plateformes numériques n'ont été que peu abordées jusqu'à présent, et de manière négative quand c'était le cas, on peut espérer que cette dimension s'implante davantage dans le petit monde de Reimp'! et aux côtés de ses personnages, de grands amoureux du support papier et des techniques traditionnelles, mais qui doivent parfois composer avec les standards nouveaux et les technologies novatrices pour assurer la pérennité de leurs arts.

On ne saura trop le rappeler : le manga de Naoko Mazda est une plongée toujours plus fascinante et enrichissante dans le monde de l'édition nippone, ouvrant parfois la voie à d'autres sujets annexes directement liés à l'univers ou à ses artistes, si bien qu'on ne saurait comprendre le petit engouement dont profite le titre chez nous. Quant au lecteur déjà conquis, il signera volontiers pour 9 tomes supplémentaires !