Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 20 Janvier 2025
Toujours coincé dans la peau du tueur traqué Kuromatsu pour qui on le prend forcément, Minato est approché par Hirose et Mishima, deux ambitieux mafieux de la Kikuichikai, pour éliminer un certain Ten'ichirô Jôgasaki, chef du clan Dôdanuki qui est affilié à la Gokokukai de la Dôdôkai. Pour cela, les deux inquiétants bonhommes ont déjà tout préparé pour que notre héros n'ait plus qu'à s'exécuter: il va lui falloir exploiter l'unique moment où Jôgasaki est entièrement seul, pour s'infiltrer jusqu'à lui et l'abattre, sachant que l'homme est d'un naturel très alerte quand il n'a pas sa garde. Et Minato sent bien qu'il ne peut pas refuser la mission, auquel cas ses deux interlocuteurs risqueraient de s'en prendre à Rumi. Alors, comment notre jeune héros, pris dans un corps de tueur qui ne lui appartient pas, restant avant tout un enfant et ne connaissant aucunement sa cible, pourra-t-il s'en sortir ?
Jouant en premier lieu sur cette affaire qui semble impossible pour un enfant comme Minato (certes mature pour son âge, mais qui reste un gosse innocent), le volume se voudra évidemment assez riche en autres événements, parfois un peu faciles (Jôgasaki est quand même vite très, très conciliant), souvent très prévisibles (on capte d'emblée que Hirose et Mishima ne sont pas dignes de confiance), à d'autres moments un peu gros (franchement, le trio de bourrins qui ne vérifient même pas si leurs deux cibles sont bel et bien mortes dans la rivière...), et pourtant toujours suffisamment prenants, grâce à deux éléments. Tout d'abord, il y a l'expérience de Kei Sanbe dans le domaine du thriller: en s'appuyant sur son dessin acéré et sur son sens du rythme et de la tension, il a décidément toujours quelque chose pour nous maintenir en haleine malgré tout. Ensuite, il y a les nouvelles choses qu'implique la situation de Minato: pris dans le corps de Kuromatsu, il se voit parfois agir instinctivement comme si ce corps restait habitué aux actes de tueur de son propriétaire d'origine, et voit surgir dans ses rêves certains souvenirs qui n'appartiennent pas à lui mais bel et bien au "briseur de nuques" (ce qui est aussi l'occasion d'entrevoir quelques brefs éléments de background sur celui-ci), si bien qu'une peur se fait de plus en plus ressentir chez le jeune garçon: et s'il ne pouvait plus jamais retrouver sa vie normale et revoir Nagisa ?
Et dans tout ça, que devient Kuromatsu, toujours pris dans le corps de Minato ? Eh bien, cet aspect-là est traité un peu moins en profondeur dans ce volume: le tueur essaie toujours de s'habituer au quotidien de Minato, à travers quelques moments où il essaie de faire illusion. mais tiendra-t-il encore longtemps ? Il faut bien l'avouer, il joue de moins en moins la comédie et n'est pas bien subtil, si bien qu'il éveille forcément de plus en plus de soupçons, surtout chez la pauvre petite Nagisa qui ne reconnaît plus du tout son grand frère adoré, pour un résultat naturellement assez poignant. Reste désormais à voir comment cette situation va évoluer, au vu des toutes dernières pages aussi inquiétantes que prometteuses.
Dans l'ensemble, on reste sur une lecture très facilement prenante. On n'est clairement pas sur l'un des tomes les mieux construits de la carrière de l'auteur, mais il n'empêche que celui-ci sait toujours assurer un divertissement prenant.