Red Flower Vol.2 - Manga

Red Flower Vol.2 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 04 Mars 2025

Au plus bas après avoir été interdit de la pratique du Katafali par son propre père, Kéli fait une surprenante découverte : celle du corps d’une jeune femme, Heidi, une étrangère à la peau blanche. Le garçon la ramène à son village pour que des soins lui soient prodigués, sans se douter des remous que causera son action. Alors que les villageois se déchirent sur le sort de Heidi, Kéli s’ouvre peu à peu à cette dernière afin de découvrir sa culture et la triste histoire de son peuple. Mais tout ceci n’est qu’une prémisse en vue d’un conflit qui semble inévitable…

Plus d’un an et demi sépare ce deuxième tome du premier. Une attente qui peut sembler longue, mais qui se comprend aisément en feuilletant ce pavé de près de 240 pages qui conjuguent la densité du récit à des planches toujours aussi fournies. Qu’importe le délai, un tel travail de la part de Loui mérite que l’on prenne notre mal en patience.

Le premier opus nous laissait sur plusieurs notes de suspense. Kéli se voyait condamner à ne plus pouvoir exercer le Katafali quand le jeune homme trouve le corps d’une étrangère, évanouie sur la plage. De cette rencontre découlent les événements de ce second volet, une suite qui joue sur un autre tableau que le dépaysement du premier opus. Là où l’amorce de l’histoire était centrée sur le peuple Bao’ré et son environnement croquant la culture de l’Afrique de l’Ouest, l’environnement s’élargit en montrant une confrontation entre deux peuples, deux cultures, tandis que la trame se veut ainsi moins intimiste et plus grandiloquente.

Sur ce deuxième volet, l’histoire que nous conte Loui peut sembler convenue de prime abord. D’autres œuvres ont déjà raconté l’opposition entre un peuple non occidental et l’envahisseur venu d’au-delà des terres, en abordant souvent l’importance du respect mutuel et de la communication comme armes menant à la paix. Des idées déjà vues, certes, mais qui brillent du cadre instauré par Loui. Insister durant un volume entier sur le peuple Bao’ré dans un cercle intime a du sens quand il s’agit de placer ces personnages face à une « menace ». Notre empathie va forcément à Kéli et son peuple, ce qui n’empêche pas le récit d’aborder avec nuance l’autre camp, celui de la jeune Heidi, une jeune femme attachante victime de l’histoire des siens, aussi impuissante que le héros face aux drames qui vont se jouer. En développant grandement ce nouveau personnage, Loui établit un alter ego à Kéli, de telle sorte à donner à chaque faction un outsider œuvrant pleinement pour la paix.

Alors, si cette recette qui peut sembler éculée nous convainc pleinement, c’est aussi grâce à ce que racontent les personnages, Yao le premier. Le grand frère du héros, guerrier noble qui a acquis sa puissance et sa fierté au prix d’efforts, gagne en nuance dans cette suite au point d’être l’un des piliers de ce deuxième volume. Plus encore, il se dote de mystères, jusqu’à créer des connexions avec des enjeux majeurs que l’on soupçonne du côté de Anansi, l’excentrique sorcier qui semble loin d’avoir dévoilé sa vraie nature. Par cette histoire et par ces personnages, l’auteur apporte un récit d’une belle densité. Il questionne sur la fatalité de l’humain à ne pas pouvoir accepter et comprendre celui qui ne lui ressemble pas tout en poursuivant le voyage initiatique de Kéli , un héros qui progresse subtilement. Le tout dans un folklore toujours croqué à pleines dents pour des influences rarement dépeintes dans le manga, et une dimension de conte qui prend forme par de multiples valeurs humaines plantées ci et là dans le récit, par les adages du peuple de Kéli, de manière à résonner avec les grands événements de l’intrigue. Le tout s’imbrique donc parfaitement, il y a une vraie fluidité et une aisance dans la manière qu’a Loui de narrer son œuvre, le tout par une patte toujours aussi fournie et dynamique. Derrière ses airs de récit déjà vu, Red Flower offre un deuxième tome fouillé, riche et prenant de bout en bout.

On apprécie aussi les différentes pages bonus offertes entre deux chapitres qui prennent la forme de documentaire de voyage par le regard du personnage de Heidi, quand Loui n’apporte pas simplement des informations sur l’univers et sur le peuple Bao’ré, façon guidebook, en documentant ces suppléments à la manière d’un vrai reportage. On se questionne forcément sur la part de fiction et de vérité dans ce monde influencé par la culture ghanéenne de l’auteur, ce qui renforce l’aura de conte de Red Flower.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs