Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 01 Octobre 2018
Offrir le grand jeu à son public ? C’est ce que Kurokawa a fait pour nous offrir son survival game ; Real Account ! L’éditeur a pleinement réussi son coup avec une campagne marketing jouant sur les réseaux sociaux, le thème principalement abordé dans cette série. Scénarisé par Okushô et dessiné par Shizumu Watanabe qui ont d’ailleurs eu l’audace de partager leurs véritables comptes Twitter dans cette série...
ReA est le réseau social le plus en vogue au Japon et il a la particularité de regrouper tous les réseaux sociaux qui existent, ce qui fait de ReA le réseau virtuel le plus important.
D’ailleurs, dès les premières pages, Marble, la mascotte de ReA indique qu'il compte plus de 50 millions d’utilisateurs, ce qui est plutôt énorme. En plus de ça, ReA est soutenu par l’État, il est le réseau social indispensable utilisé de manière quotidienne. Et bien qu’Ataru le cache, il dispose lui aussi d’un compte ReA qu’il souhaite garder secret aux yeux de son entourage pour une raison particulière. Pourtant, il s’avère que sur ReA, Ataru dispose d’un bon nombre de followers qui dépasse le millier, une petite communauté. Mais pour contredire son activité sur le web, il n’a pas de réels amis, ne s’ouvre pas aux autres alors que sur ReA cela lui est plus simple. Il avoue lui-même ne pas être honnête sur le réseau, il ment de manière récurrente, en fait, il se crée une personnalité, un caractère qui n’est pas totalement le sien.
C’est au moment où il démarre sa partie de jeu, qu’Ataru est propulsé dans le jeu en lui même, plus précisément son esprit et celui de milliers d’autres sont faits prisonniers de ce réseau. Tout cela se passe en quelques pages, autant dire que le lecteur est vite plongé dans l’univers, le scénario se met en place très rapidement.
Marble explique directement les règles et avec un exemple, il choisit une personne, le tue et montre aux spectateurs que si leur esprit meurt alors le joueur meure dans la vie réelle, mais que ses followers meurent aussi. Suite à cette démonstration, on apprend de Marble que le jeu va commencer et que tout le Japon va pouvoir suivre ce jeu en direct. Il faut avant tout franchir tous les niveaux du jeu, mais n’oublions pas qu’Ataru est suivi par 1 540 personnes, ce qui ferait un bon paquet de morts.
D'ailleurs Marble, possède une intéressante force de caractère, on découvre là une mascotte au tempérament psychopathe, il fait ce qu’il veut, n’ayant de compte à rendre à personne. On l’écoute, on lui obéit, sinon… c’est la mort ! Le plus drôle, c’est qu’il dispose d’un grand smiley en guise de visage, et ce même quand il est en colère. Du coup, le voir agir violemment avec un tel sourire est troublant, mais reste attrayant.
On a là, un bon survival qui prend vie dans un endroit clos, c’est violent, sanglant, mais c’est là, la force de ce premier tome. L’intrigue mise en place par Okushô met bien en avant certaines spécificités des réseaux sociaux tout en proposant des situations plus que stressantes. Les joueurs doivent user de stratégie tout en jouant à ce jeu, dans le ton malsain. Real Account nous interroge sur les véritables dires ou actes des utilisateurs, quitte à se faire passer pour des personnes qu’ils ne sont pas vraiment. Toutes ces péripéties sont mises en scène par des dessins très précis, voir gores par moments, mais c’est le thème qui veut cela. Shizumu Watanabe nous offre donc un chara-design et des planches bien détaillées montrant l’horreur de ce jeu. L’action est tout de même plus dynamique lors de certaines scènes qui disposent à ce moment-là d’une découpe originale, entremêlée entre elles. D’un autre côté, pour en revenir au détail qui intègre une vignette, on peut tout de même ressentir les sentiments des protagonistes au travers d’expressions de visages réussies.
Kurokawa nous offre quelques petites spécificités sur la couverture et celles à venir, les numéros de tomes correspondant au logo d’un réseau social. Real Account est un survival qui aborde un domaine bien ancré de nos jours au sein de notre communauté. Ce premier tome plante bien le décor, nous dicte les règles à suivre tout en invitant même le lecteur à se poser certaines questions. La suite s’annonce des plus intéressantes sachant que certains secrets se cachent...