Ranking of Kings Vol.2 : Critiques

Chronique 2 :

Bien que le défunt Roi Bosse ait désigné Bojji pour devenir son successeur, le vote organisé par la reine Hiling en a décidé autrement, la majorité des votants ayant choisi Daida. Tandis que l'enfant sourd, déjà attristé par la disparition mystérieuse d'Ombre, a le coeur brisé par cette décision, le nouveau roi de son côté, ordonne à Bebin une bien sinistre mission: éliminer Apeas et Sandeo qui ont osé voter en faveur de notre héros pendant l'élection...

Assurément charmant et rafraîchissant mais aussi touchant autant dans sa tonalité que dans ses premiers développements et dans sa patte visuelle collant vraiment bien à l'ambiance globale, le tome 1 de Rankings of Kings, à l'image de sa brillante adaptation animée, a su séduire en installant très bien l'univers, les principaux personnages, mais aussi les premiers rebondissements dont les conséquences ne se font donc pas attendre ici. Car tandis que Daida prépare des choses possiblement funestes dans son désir de finir premier au fameux classement des rois, de son côté Bojji, loin de se laisser dégonfler malgré sa tristesse, recherche évidemment son ami Ombre sans succès avant d'entreprendre de devenir plus fort en voulant partir en voyage... mais pour ça, encore faudrait-il que Hiling accepte de le laisser partir !

Cette question du voyage constituera un élément central du tome, tant cette perspective est vouée à faire évoluer Bojji. Les premières étapes de celui-ci sont déjà intéressantes, en confrontant le jeune prince à une certaine découverte du monde, en le plaçant devant des épreuves inédites pour lui, en permettant de nouvelles rencontres... les choses ayant tout d'une sorte d'apprentissage possiblement bénéfique, même si dans l'ombre de réels dangers guettent puisque quelqu'un semble vouloir réellement éliminer notre héros... Heureusement, Bojji pourra notamment compter sur son aplomb mêlé de chance, et sur certaines aides permettant même des retrouvailles chaleureuses !

Et tandis que Bojji entame son voyage, en parallèle bien d'autres choses sont à retenir, en particulier du côté d'un Daida qui semble lui-même manipulé par un être énigmatique, et qui permet de mettre en avant un élément intrigant: le mystère autour d'une chose que convoiteraient tous les rois finissant premiers au classement des rois avant de disparaître ou de devenir fous.

Enfin, ce qui continue de marquer le plus vient bel et bien de la nature-même de la plupart des personnages, très joliment nuancés, que ce soit Daida qui n'est peut-être pas si méchant que ça en pensant beaucoup à son pays et en paraissant surtout manipulé, à Bebin qui révèlera pas mal ses bons côtés entre le flashback sur la façon dont il a recueilli le serpent ou certains éléments de fin de tome impliquant Ombre, et bien sûr à Hiling qui, derrière son côté un peu castrateur envers Bojji, montre surtout beaucoup d'affection et d'inquiétude pour son beau-fils sourd. mais il y a surtout Bojji lui-même, le jeune garçon nous faisant un bien fou grâce à l'empathie naturel qu'il montre à la moindre occasion, que ce soit pour des animaux et autres êtres comme le serpent ou la famille de renards, ou pour les humains à l'image de Hokuro. Une qualité qui s'ajoute bel et bien à son côté déterminé, qui compense ses faiblesses, et qui lui vaut évidemment d'avoir plus d'alliés qu'il ne le pense.

Le style visuel de Sosuke Toka, lui, colle toujours aussi bien au récit, sa simplicité offrant un paquet de moments naturellement justes et touchants, à commencer par toutes les petites scènes quasiment muettes qui sont découpées avec clarté et qui transmettent avec talent le ressenti des personnages. Et à l'arrivée, ce deuxième tome ne fait que confirmer tout le charme propre à Ranking of Kings: après avoir été découverte en France avec son anime, l'oeuvre démontre tout autant de qualités dans son support d'origine.

Chronique 1 :

Tout désignait le prince Bojji à succéder à son père, le roi Bosse, récemment décédé. Mais les machinations en coulisse de la reine Hiling ont changé la donne, et c'est finalement Daida qui écope de la couronne. Ce dernier n'a plus qu'un souhait : Trôner dans le classement des rois, quitte à éliminer toute menace potentielle, et ce en suivant les directives de son miroir.

De son côté, Bojji est émotionnellement dévasté, et se sent seul. Bien décidé à ne pas rester entre quatre murs et à partir en voyage, il obtient finalement l'accord de la reine pour une telle aventure, mais devra être accompagné.

Les débuts charmants de Ranking of Kings, grattés avec la patte atypique mais marquée de Sosuke Toka, ont dévoilé un récit quasi chevaleresque aux complexités qui s'affirmaient au fil de la lecture. Via d'habiles jeux de narration, le mangaka a su planter un début d'intrigue ambitieux à la fois par ses intrigues politiques que par des personnages denses... Tant d'ingrédients que viennent confirmer ce second tome.

Dès le départ, la simple discussion entre Bojji et le grand serpent Mitsumata viennent traduire l'ampleur nuancée de l'histoire. Un être effrayant peut se montrer plus humain que le plus noble des chevaliers, un ton qui va marquer la lecture de A à Z, tant du côté de Domas que de la reine Hiling qui se dévoile de plus en plus maternelle envers Bojji, ce par un véritable jeu de planches parfois aussi muettes que le prince. L'expression de l'émotion vient alors de la narration et des réactions démonstratives des personnages, preuve que Sosuke Toka maîtrise son trait et son art, et que se moquer du côté graphique épuré serait sous-estimer l'artiste.

Et à côté, on suit avec un plaisir encore décuplé tout ce qui se trame sur une situation qui peut paraître, de base, assez naïve. Daida peut donner l'air d'un Joffrey Baratheon, mais ce que promet l'auteur semble encore plus nuancé que ça, avec notamment son lot de manigances, de trahisons, et pourquoi pas d'actes de bravoure. Et à côté de cet ensemble, la candeur du petit prince Bojji continue de nous marquer, à chaque fois, le voyage qu'il entreprend étant parsemé de découvertes, de la vie et de ce monde aux pointes fantaisistes qui l'entoure, et même les pires moments ne sauraient indéfiniment effacer son vaillant sourire. Il en découle même des moments touchants, un en particulier, qui laisse difficilement de marbre lors de la lecture.

Ranking of Kings confirme bel et bien son potentiel, par le biais de cette suite. Intrigante, vaillante, touchante... L'aventure qu'a amorcé Sosuke Toka ne manque pas d'arguments. Et, une fois encore, estimer l’œuvre à la patte du mangaka serait une grave erreur, tant son art est astucieusement utilisé pour être vecteur d'émotions.