Rakugo à la vie à la mort (le) Vol.3 - Actualité manga
Rakugo à la vie à la mort (le) Vol.3 - Manga

Rakugo à la vie à la mort (le) Vol.3 : Critiques

Shôwa Genroku Rakugo Shinjû

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 10 Mars 2022

Censé être voué à devenir le nouveau Yakumo, Kikuhiko doute plus que jamais depuis les confessions que son maître lui a faites peu avant de s'éteindre. Des confessions qui l'ont poussé à enfin partir à la recherche de Sukeroku et de Miyokichi, pour finalement retrouver son ancien "frère" seul avec sa fille, Konatsu, et ayant abandonné le rakugo en ne faisant plus grand chose de ses journées, tandis que Miyokichi l'a laissé en plan. Kikuhiko n'est pourtant pas là par hasard: suite aux paroles du défunt maître, il est déterminé à persuader Sukeroku de reprendre le nom de Yakumo, et donc de reprendre le rakugo, ce qui ferait même le bonheur de Konatsu. Mieux encore: il souhaite convaincre Sukeroku, Miyokichi et Konatsu de venir vivre avec lui, preuve que son désir d'être seul n'est plus aussi affirmé qu'avant. Face à l'intérêt de Konatsu, et aux efforts de Kikuhiko qui organise des spectacles fin de gagner de l'argent pour retourner à Tokyo avec lui, Sukeroku semble proche de céder et de renouer avec sa vieille passion où il a tant de talent. Mais en apprenant l'arrivée tant espérée de celui qu'elle a autrefois tant aimé, Miyokichi finit par réapparaître...

Passionnant, humain et émotionnellement riche, le long flashback sur la jeunesse de Kiyohiko et de Sukeroku arrive enfin à son terme au fil des 60 premières pages de ce troisième pavé, pour un résultat vraiment bien mené jusqu'au bout. Bien sûr, on connaît déjà l'inévitable issue, cette issue vouée à faire disparaître tragiquement Sukeroku, à faire naître en Konatsu une haine envers Kikuhiko qu'elle estime coupable, et les propres regrets de ce dernier qui le hantent encore bien des années plus tard. Mais dans cette dernière ligne droite, c'est avant tout dans ses portraits humains que Haruko Kumota, une nouvelle fois, brille, en mettant en exergue nombre de petites choses: le rapport de Sukeroku envers Konatsu, son sentiment de ne pas être un bon père, le rapport cruel de Miyokichi à sa propre fille, son amour profond pour Kikuhiko que cette femme n'a jamais pu vraiment oublier, la culpabilité que Kikuhiko ne peut s'empêcher de ressentir concernant la "chute" de Sukeroku, etc, etc... Chaque personnage se voit excellemment écrit, en nous faisant mieux comprendre leur comportement dans le présent (surtout celui de Konatsu et de Kikuhiko devenu Yakumo, bien sûr).

Et le présent, on le retrouve enfin dans la suite du tome, avec une situation qui évolue à bonne vitesse à partir du moment où l'on retrouve un Yotarô plus décidé que jamais à passer shin.uchi, l'étape suivante dans son parcours pour devenir un grand rakugoka. Quelques années sont passées, puis quelques mois suivront encore, et au fil de ce temps qui défile la mangaka fait bien évoluer les avancées de son personnage principal... mais pas uniquement de lui, car Konatsu et Yakumo en particulier connaissent, eux aussi, de nouvelles étapes dans leur vie, étapes que l'autrice mène rapidement, dans un bon rythme, et toujours avec une certaine verve. Des relations se consolident, des confessions se font encore, on retrouve également un héros qui, pour mieux avancer dans sa voie de rakugoka, va aussi devoir assumer et accepter plus que jamais son passé plus sombre, à commencer par l'époque où il fricotait avec le milieu yakuza...

Et le rakugo dans tout ça ? Eh bien, il reste omniprésent, bien sûr. Kumota croque, visuellement, des moments de rakugo toujours aussi saisissants (les mimiques, la gestuelle des conteurs reste fort bien travaillée), et sait toujours profiter de certains moments pour approfondir le sujet, que ce soit en évoquant sa place à part au japon en tant que divertissement, sa difficile préservation face à d'autres divertissements et sources d'humour, les raisons pour lesquelles on fait du rakugo ou on va en voir... Mais là où la mangaka brille le plus, c'est sans aucun doute dans la manière dont le rakugo, sans cesse, influe sur la vie de ses personnages, voire dans la façon dont certaines pièces de rakugo narrée par les personnages semblent directement faire écho aux propres épreuves qu'ils traversent, l'exemple le plus fort étant sûrement ce que Yotarô déclame au boss yakuza concernant Konatsu et sa famille. Il s'agit aussi, d'ailleurs, d'un moment cristallisant bien toute l'évolution de notre héros qui, peu à peu, trouve enfin son propre rakugo.

La lecture du Rakugo à la vie, à la mort reste alors un véritable régal, tant Haruko Kumota excelle dans sa mise en avant du rakugo sur bien des points, ainsi que dans les développements et évolutions de ses principaux personnages qui, tous apparaissent très humains.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs