Pumpkin Scissors Vol.9 - Actualité manga
Pumpkin Scissors Vol.9 - Manga

Pumpkin Scissors Vol.9 : Critiques

Pumpkin Scissors

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 04 Décembre 2012

La gravité de ce qui se joue dans la ville de Karussell atteint des proportions plus inquiétantes que jamais : pendant qu'Arvy bombarde sa propre cité, espérant toucher Oland en détruisant sans état d'âme les foyers, Alice et Witter se retrouvent pourchassés par l'ensemble des habitants, qui restent apeurés par un régime de terreur et exécutent les ordres sans broncher. Quant au lieutenant Brandon, qui a trahi un Empire qu'il estime perdu, il se met en route pour la zone frontalière de la République après un ultime face à face avec Myle, le maire factice de Karussell...
Oreld et Merchis, à bord d'un wagon du Juggernaut, arriveront-ils à temps pour sauver un tant soit peu la situation ? Oland parviendra-t-il à éviter les coups ennemis et à sauver la serveuse du bar, kidnappée par les hommes d'Arvy ? Brandon pourra-t-il être arrêté à temps ?

Après un huitième volume exceptionnel, le neuvième tome de Pumpkin Scissors vient conclure de manière brillante l'arc de Karussell, au fil des 260 pages qui le composent. On a affaire à un pavé, assez bavard, pour un prix qui n'augmente pas, et on remerciera Pika pour ça (à défaut de pouvoir remercier l'éditeur pour le rythme de parution...).

C'était déjà le cas dans le tome 8, c'est à nouveau vérifié ici : Ryôtarô Iwanaga a un don pour tirer parti de chaque situation qu'il a mise en place afin de faire évoluer ses personnages, que ceux-ci soient les héros de son manga, les personnages principaux de l'arc en cours, ou de simples personnages secondaires. Et le tout sans temps mort, s'il vous plaît : ainsi, par exemple, reste-t-on bluffé par le nouveau combat d'Oland qui nous offre un nouveau carnage sanglant dans sa route pour libérer la patronne du bar, ou par la détermination d'une Alice toujours plus admirable dans le sens du sacrifice dont elle fait preuve parfois en acceptant de jouer plus ou moins le mauvais rôle.

Et c'est bel et bien au contact de ces têtes fortes que les habitants de la ville vont apprendre à renaître de leurs cendres. A travers l'action d'Alice ou Oland, l'espoir renaît pour eux, fait éclater le sentiment d'abdication qui les animait depuis si longtemps. La révolte n'est pas loin, passe tout autant par la serveuse du bar que par le maire Myle, tous deux très bien campés, et qui seront tous deux le point de départ d'un renouveau pour l'ensemble de la ville, à leur échelle respective. Mais comme toujours, le mangaka sait nuancer les choses, conserve un certain réalisme dans ce genre de situation, car ses protagonistes conservent une part de faiblesse : après avoir longtemps été lâches ou écrasés, ils restent maladroits, ne peuvent évidemment pas s'imposer d'un coup et réparer toutes leurs erreurs, et ont de nombreuses choses à se faire pardonner (en tête Myle, vraiment parfaitement exploité). L'issue ne pourra évidemment pas être totalement bonne.

Nos héros ne sont pas en reste : tout en combattant, en paraissant toujours forts, Oland et Alice dévoilent pourtant toujours plus leurs faiblesses. A force de tuer, le colosse se plonge toujours plus dans ses visions de terreur où les morts s'emparent de lui, et doit apprendre à vivre avec jusqu'au point de non-retour, dans la promesse qu'il s'est faite de protéger sa supérieure jusqu'au bout. Quant à la jeune femme, elle voit certaines de ses convictions s'ébranler un peu au contact d'un Witter qui lui apprend beaucoup. Pour la première fois, on la voit dire ce qu'elle pense réellement, elle y gagne beaucoup en nuance. La demoiselle déterminée, droite, très professionnelle, apparaît enfin totalement humaine. Et au final, c'est le lien unissant Alice et Oland, deux êtres rongés par des faiblesses bien cachées derrière leur apparence forte, qui ressort grandi : les deux héros se comprennent toujours plus, peuvent de mieux en mieux s'épauler.

Reste que le personnage qui éblouit le plus est de nouveau le sous-lieutenant Witter, qui, lui aussi, se dévoile toujours plus, apprend à changer, au contact d'Alice et Oreld notamment, qui lui offrent des réflexions percutantes sur l'amour, celui-ci pouvant prendre bien des formes, y compris entre un sous-lieutenant et sa subordonnée. Tout en rappelant la relation entre Alice et Oland, le lien entre Witter et la défunte Francia trouve ici des réponses juste et fortes. "Cold Witter" passionne dans des évolutions qui le laissent petit à petit percer sa coquille froide, tandis que Francia, bien que morte, apparaît comme un personnage actif à part entière, dévoile aussi ses sentiments et ses faiblesses au fil de l'enquête sur la lettre qu'elle a envoyée. C'est simple, arrivé à la fin de l'arc, on a l'impression de connaître parfaitement Francia, on a appris à l'apprécier tout autant que Witter, en découvrant son caractère, son partage entre professionnalisme et sentiments personnels, ce qu'lele pensait réellement de Witter. Elle est morte, mais est un personnage de prime importance et parfaitement développé. Quelque part, c'est aussi un petit tour de force de la part du mangaka.

En somme, entre de l'action qui ne fait pas dans la demi-mesure et une exploitation parfaite des personnages, on se passionne jusqu'au bout pour cet arc grandiose, au point d'en oublier les quelques rares petites facilités (Oreld et Merchis qui trouvent directement Alice et Oland dans la ville, Oland qui semblait avoir deviné que la serveuse sortirait sur le toit du train...). Et l'ensemble est d'autant meilleur qu'il soulève de véritables questions sur l'Empire : Brandon a-t-il raison en affirmant que l'Empire ne pourra jamais se relever ? On peut le penser, quand on voit des cas comme celui de Karussell, certaines vérités cachées, un fonctionnement qui reste parfois trop archaïque, et des protagonistes aussi inquiétants que le commandant de la 2ème section.

Partie la plus longue (trois tomes) et la plus ambitieuse de la série à ce jour, l'arc de Karussell marque en profondeur la série de son empreinte, grâce à une parfaite exploitation par l'auteur de tout ce qu'il a mis en place, et à de nouvelles interrogations qui ouvrent de nouvelles pistes pour la suite. La série n'a jamais été aussi passionnante.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
19 20
Note de la rédaction