Puella Magi Madoka Magica - Club Vol.1 - Manga

Puella Magi Madoka Magica - Club Vol.1 : Critiques

Mahô Shôjobu Madoka Magica - Club

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 02 Septembre 2024

Avec notamment un grand nombre de dérivés manga (encore plus en incluant le spin-off Magia Record), l'univers de Puella Magi Madoka Magica est très vaste au Japon, et il commence aussi à le devenir en France depuis que les éditions Meian ont entrepris de l'exploiter. Ainsi a-t-on vu arriver chez l'éditeur en août, et après une avant-première lors de Japan Expo, les trois volumes de la courte série Puella Magi Madoka Magica Club. Issue du magazine japonais Manga Time Kirara Magica des éditions Hôbunsha qui est entièrement dédié aux oeuvres autour de Madoka Magica (c'est dire à quel point on ne vous ment pas quand on vous dit que cette licence est vaste), cette oeuvre a été conçue à rythme lent, entre 2012 et 2017, par Hige, une mangaka qui signait là sa toute première série professionnelle après avoir exercé pendant quelque temps dans les doujinshis de type boy's love.

Ce spin-off est une sorte de "what if" prenant pour point de départ l'idée d'un monde en paix avec les Sorcières, celles-ci étant même devenues des camarades de classe. C'est dans ce cadre bien éloigné des conflits tragiques du PMMM d'origine que Mami Tomoe, un jour, a l'idée de lancer un club avec ses amies pour qu'elles profitent ensemble à fond de leur jeunesse ! Mais il va de soi que la vie scolaire de nos héroïnes ne va pas se passer si facilement... ne serait-ce que parce qu'elles ont toutes des caractères un peu spéciaux, et qu'il va falloir donner une raison d'être plus sérieuse à ce club pour qu'il soit officiellement accepté !

L'idée des spin-off humoristiques plaçant des personnages d'oeuvres très connues dans un cadre scolaire léger souvent très éloigné de leur univers d'origine, c'est loin d'être nouveau, et c'est même courant au Japon. En France, quelques représentants ont déjà eu l'occasion de nous parvenir (comme L'Attaque Des Titans - Junior High School ou Demon Slayer - School Days), mais on ne peut vraiment pas dire qu'il s'agissait de réussites, tant ils s'éloignaient justement beaucoup trop de leur série-mère et se contentaient d'être opportunistes en surfant le succès des licences en question. Evidemment, PMMM Club n'échappe aucunement à cette dernière donnée, et c'est un sentiment qui nous explose très vite aux yeux à cause d'un aspect: les dessins à la ramasse, qui donnent l'impression d'avoir été confiés à la première personne venue pour surfer vite fait sur le succès de PMMM, tant le style de Hige est très inégal et ne colle pas du tout au style de Madoka Magica. C'est pauvre, les personnages sont à peine reconnaissables (heureusement que leurs coiffures typiques sont là pour les différencier, même si le massacre est particulièrement fort sur Sayaka qui, à la base, est celle dont la coiffure est la plus classique), nos héroïnes tendent à changer de tête d'une page à l'autre en plus d'avoir des éléments anatomiques souvent mal placés (les yeux en particulier, tantôt grands ou plus petits, tantôt trop bas ou trop hauts)... Heureusement que ça a au moins le mérite d'être expressif dans l'ensemble pour servir à peu près correctement les gags, car sinon ce serait un fiasco total sur le pur plan visuel.

Et pourtant, dans ce registre si particulier des parodies "school life", ce PMMM Club est loin d'être parmi les plus navrants, en premier lieu parce que, de base (et contrairement à L'Attaque des Titans ou à Demon Slayer), nos héroïnes sont déjà des collégiennes de notre époque dans l'oeuvre d'origine, ce qui rend ici le concept moins ubuesque. Qui plus est, mine de rien, Hige dessine un certain petit fil rouge suffisant pour offrir un minimum d'enjeu à un manga de ce genre: le besoin de nos héroïnes de justifier/légitimer l'existence du club pour qu'il devienne officiel. Et de ce côté-là, ce n'est pas gagné: trouver une cinquième membre pour le quota (ce qui vaudra à Kyôko de pouvoir s'incruster alors qu'elle vient d'un autre établissement normalement), convaincre le conseil des élèves (composé de Kyubey et de ses semblables, ça ne s'invente pas), empêcher ce même conseil de débaucher Madoka en fomentant des coups sournois (bah oui, on parle de Kyubey, donc niveau sournoiserie...), sont certaines des épreuves auxquelles nos héroïnes vont devoir faire face à leur manière, c'est-à-dire bien souvent en faisant pire que mieux. Par exemple, il faut voir cette bande d'idiotes décider de créer elles-mêmes des problèmes pour ensuite les résoudre afin de justifier l'existence du club ! Enfin, la (très) relative réussite de ce début de spin-off décalé vient aussi du désir de la mangaka de bien penser la place de chacune des héroïnes, en accentuant juste suffisamment certains de leurs traits de caractère de l'oeuvre d'origine: Homura reste exclusivement obsédée par Madoka quand elle ne veut pas tout faire péter à la grenade, derrière son caractère de leader Sayaka et tout autant capable de partir en auto-dépréciation et en dépression quand il est question de son Kyôsuke adoré, Mami est si gentille et désireuse de former une bonne équipe avec les autres qu'elle se fait facilement marcher sur les pieds, Kyôko n'est là quasiment que pour le quota, et Madoka reste désespérément candide et adorable en toutes circonstances (me^me celles qui ne s'y prêtent pas du tout).

Alors, qu'on soit bien clairs, ça ne vole vraiment pas haut, encore moins quand on prend en compte le rendu graphique aux fraises. Néanmoins, dans ce registre typiquement japonais, si particulier et si opportuniste des dérivés comico-parodiques "school life" de licences à succès, Puella Magi Madoka Magica est, sur ce premier tome, loin d'être le pire en termes d'idées et d'exploitation des personnages. A condition de passer outre l'échec des dessins et d'accepter le concept, on peut se surprendre plus d'une fois à sourire face à ce dérivé clairement réservé aux fans les plus hardcores de la licence PMMM.

Côté édition, avouons en premier lieu que les bons moments de ce premier tome doivent sûrement beaucoup à la traduction d'Angélique Mariet, douée pour faire ressortir les traits de caractère des héroïnes et plus généralement les gags. A part ça, le lettrage d'Elodie Baunard est assez propre, le papier et l'impression sont de qualité convaincante malgré une légère transparence par moments, on a droit à une première page en couleurs sur papier glacé, et la jaquette est soigneusement adaptée en plus de bénéficier d'un vernis sélectif sur le logo-titre.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
10 20
Note de la rédaction