Prison Lab Vol.1 - Actualité manga
Prison Lab Vol.1 - Manga

Prison Lab Vol.1 : Critiques

Kangoku Jikken

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 08 Juin 2020

Les mangas de survie et de jeux de massacre jouissent d'un petit succès depuis une bonne dizaine d'année, une popularité marquée en France par un certain Doubt aux éditions Ki-oon. Par la suite, les éditeurs ont cherché à innover avec des séries du genre. Il n'est donc pas étonnant que Panini se penche sur le phénomène en 2018, avec le manga Prison Lab.

Derrière ce titre se cache un manga scénarisé par Kantetsu et dessiné par Chiho Minase, deux artistes qui n'ont qu'une poignée de projets à leur actif, et que nous connaissons en France uniquement par le titre présent. Prison Lab fut publié au Japon entre 2016 et 2019 aux éditions Futabasha, sous le titre Kangoku Jikken, et est aujourd'hui achevé en dix volumes.

A noter que le titre a été très discrètement adapté en anime par le studio Production I.G. En 2018, via un format ONA destiné aux téléphones mobiles. A priori, une vingtaine de courts épisodes de 4 minutes chacun auraient été proposés, mais le format est si atypique que l'adaptation pouvait difficilement être proposée dans nos contrées. On peut néanmoins observer quelques maigres traces de l'anime sur internet, des trailers notamment.

Lycéen, le jeune Aito Eyama n'est pas du genre à aimer aller à l'école. Là-bas, il y retrouve ses bourreaux, de véritables tortionnaires qui le persécute quotidiennement, sous la direction de la jolie mais cruelle Aya Kirishima. Lorsque sonnent les vacances d'été, Eyama est forcément aux anges car conscient qu'il ne subira plus ce calvaire pendant un mois. C'est à ce moment qu'il reçoit une étrange missive l'invitant à participer au « Jeu de la prison ». Lui est désigné comme geôlier, et il doit sélectionner une victime qui sera sa prisonnière un mois durant. Eyama pourra lui infliger toutes les sévices possibles tant qu'il ne tue pas la détenue, et celle-ci devra deviner l'identité de son tortionnaire. En jeu : Une importante somme d'argent. Croyant d'abord à une blague, Eyama tente une inscription, et se voit rapidement surpris par l'authenticité du jeu. Face à Kirishima, devenue sa prisonnière, un jeu aussi physique que psychologique va démarrer... sachant que d'autres binômes sont aussi dans la partie.

Si le jeu de massacre est un sujet assez récurrent dans le manga aujourd'hui, le premier tome de Prison Lab semble sortir son épingle du jeu en abordant rapidement l'idée du harcèlement. Le déclencheur, c'est le harcèlement quotidien subi par Eyama, protagoniste du titre, qui verra dans le « Jeu de la prison » une occasion parfaite de se venger de sa tortionnaire. Le déroulement d'une grande partie du volume a beau être simple, elle demeure finalement assez astucieuse dans son traitement du sujet. Les premiers temps de la série condamnent alors fermement le harcèlement... mais aussi ceux qui chercheraient une simple vengeance. Car il est difficilte de soutenir entièrement le protagoniste, lui-même n'étant jamais totalement sûr de lui. Les premiers chapitres sont particulièrement intelligent dans leur manière de ne susciter que du dégoût : Kirishima a beau être cruelle, difficile de cautionner sa situation, tandis qu'on n'applaudis jamais Eyama pour la lâcheté de sa vengeance. Le portrait est d'autant plus intéressant que les situations des autres binômes sont montrées, avec des utilisations parfois inventives des règles pour montrer que dans le « Jeu de la prison », une issue pacifique est aussi possible.

Et ce jeu, il fait l'objet de véritables mystères dès ce premier opus. Qui l'a organisé ? Dans quel but ? Cache-t-il des intentions encore plus douteuses que ce qu'on pouvait penser au départ ? Par ce climat nimbé de brouillard, notre curiosité finit par être piquée comme il se doit. Bien qu'on se sache pas clairement si toute cette mascarade a un but, il y a de quoi avoir envie de découvrir le fin mot de tout de jeu sordide, et par conséquent de poursuivre la lecture.

Malheureusement, tout ce joli programme se voit entaché par une fin de volume qui, on l'espère, n'annonce par le ton de la suite de l'histoire. Par une évolution du protagoniste, l'ambiance change drastiquement, et le récit en devient plus cruel. Peut-être même plus gratuit, même si ça sera au second opus de nous confirmer cette impression. Il serait dommage que Prison Lab tombe dans ces écueils tant le récit, sans être révolutionnaire ou particulièrement subtile, parvenait à montrer quelques petites idées intéressantes, et une certaine volonté de condamner la violence. Un discours toujours très classique mais qui mérite d'être présent dans un tel titre, pour ne pas tomber dans la grossièreté de bien d'autres œuvres du genre.

Graphiquement, Chiho Minase livre ici un style qui sert efficacement son ambiance. Ses traits sont parfois un peu imprécis, mais elle appuie assez bien les expressions des personnages, de telle sorte à les rendre ambigus. Dans un récit où le jugement de son prochain et son degré de fiabilité sont important, cette particularité graphique est pertinente et plus que bienvenue. A noter aussi que ce premier tome brille de son atmosphère, et que ce n'est pas visuellement que l'horreur est montrée pour l'heure. Honnêtement, on aimerait que cette ambition soit maintenue dans la suite de l’œuvre.

Il est difficile de faire dans le raffiné avec le genre du jeu de massacre, et Prison Lab ne semble pas être l'un des titres qui se cassent la figure d'entrée de jeu. Plutôt que les sensations fortes, le récit de Kantetsu et Chiho Minase essaie d'établir un discours et un climat de mystère autour du « Jeu de la prison », ce qui titille notre intérêt malgré un dernier quart de tome qui semble plonger dans une violence plus gratuite. On attend donc de voir avant de juger totalement le récit, donc.

Côté édition, Panini livre un copie très satisfaisante. Le papier est fin mais de qualité convenable, tandis que la traduction d'Arnaud Takahashi sert plutôt bien l'ambiance dépeinte.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
12.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs