Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 25 Février 2013
Découverte en France avec le très sympathique Un Amour de Bentô, la dessinatrice Nao Kodaka nous revient avec ce qui est en réalité son tout premier manga : Princesse Kilala, pour lequel elle est associée à la scénariste Rika Tanaka, et qui nous plonge dans le monde enchanteur des 6 plus célèbres princesses Disney.
Kilala est une jeune fille enjouée et emplie de doux rêves de princesses doucement mûris par les films de Disney. Elle-même rêve plus ou moins secrètement de devenir une princesse, même si elle sait que sa meilleure amie, la douce et jolie Erica, est mieux placée qu'elle pour ça ! Ce qui se confirme avec le futur sacre d'Erica au concours de princesse de son école.
Mais voilà qu'un peu avant le concours, Kilala découvre une étrange porte scellée qui lui offre la possibilité de faire un voeu. Un peu plus tard, un mystérieux et beau garçon est découvert dans son jardin. Nommé Rei, celui-ci est pourvu de la couronne de la 7ème princesse, princesse qu'il recherche à travers le monde avec son valet, et tout semble désigner Erica en tant que telle... tant et si bien que lors du bal du concours, la jolie Erica est kidnappée par de mystérieux ravisseurs ! N'écoutant que son courage, Kilala se lance à leur poursuite accompagnée de Rei, et le pouvoir de la couronne les projette bientôt dans un autre monde, féérique... celui de Blanche-Neige !
Le concept de Princesse Kilala est simple : tout au long d'une histoire fil rouge centrée sur la recherche de la septième princesse qui ne laisse d'ores et déjà aucun doute quant à la conclusion (il suffit de voir le titre du manga), les auteures nous plongeront, l'un après l'autre, dans chacun des univers des 6 princesses emblématiques de Disney : Blanche-Neige, Ariel, Cendrillon, Belle, Aurore et Jasmine.
Voilà qui aura de quoi séduire les plus jeunes filles qui rêvent toujours d'histoires de princesses, d'autant que côté ambiance, Rika Tanaka et Nao Kodaka s'appliquent : vive, intrépide et dotée de sentiments qui parleront très facilement aux jeunes lectrices les plus sensibles, mais pas pour autant aussi parfaite, élégante et naïve (qui a dit "niaise" ou "guimauve" ?) que les plus célèbres princesses Disney, Kilala est une héroïne à laquelle les fillettes peuvent s'identifier facilement, car au-delà de ses rêves de princesse, elle reste une jeune fille plutôt normale. Et c'est plutôt tout ce qui l'entoure qui est propice à la féérie, à commencer par le beau et élégant Rei, mais aussi la douce et jolie Erica (qui, elle, fait vraiment adorable petite princesse), sans oublier Tippy, sorte de petit rongeur au design mignon qui est en quelque sorte la mascotte de la série. Quant au monde de Blanche-Neige, il se veut très fidèle au dessin animé original : on retrouve une Blanche-Neige profondément gentille et douce, qui fait le ménage en chantant (la fameuse chanson "siffler en travaillant" est de la partie !), a pour amis tous les animaux de la forêt... Les 7 nains sont évidemment eux aussi de la partie, tout comme le miroir et la méchante reine avec sa pomme empoisonnée. Autant dire que pour apprécier pleinement la lecture, il est préférable d'avoir vu et adoré le film !
Il y a donc une vraie volonté d'offrir un univers fidèle à Disney et à même de plaire aux jeunes lectrices, et c'est sans doute le gros point fort de l'oeuvre qui, dès lors, a accompli la tâche la plus ardue. Pourtant, tout n'est pas parfait dans cette première incursion dans un monde Disney qu'est celle dans l'univers de Blanche-Neige.
On appréciera grandement la volonté des auteures d'offrir une histoire inédite. Rika Tanaka et Nao Kodaka ne reprennent pas bêtement l'histoire de Blanche-Neige, et offrent un petit récit réellement inédit, qui se déroule après la fin du film, où la reine est morte, où Blanche-Neige est désormais heureuse avec le prince charmant, mais n'oublie pas pour autant de rendre régulièrement visite à ses amis les nains. Et c'est à partir de là que les choses peuvent décevoir un petit peu : du fait de la rapidité du récit, l'aspect inédit de cette histoire par rapport au dessin animé en reste à ce stade, les deux mangaka se contentant ensuite d'enchaîner comme elles peuvent toutes les références au film (les nains, le miroir, la pomme, le château...) autour d'une petite histoire assez banale et très facile, qui n'exploite finalement pas grand chose. Par exemple, les 7 nains sont quasiment transparents, et leur caractère respectif n'est pas mis en valeur. Tout simplement, il est dommage que l'incursion dans le monde de Blanche-Neige soit si courte, car on aurait aimé en profiter plus et voir une histoire un peu mieux construite ! D'autant que l'on trouve quelques facilités qui ne choqueront aucunement les jeunes lectrices mais laisseront un petit goût de bâclé aux lecteurs plus attentifs. Par exemple, le cachot où sont enfermés nos héros a une fenêtre bien fermée par des barreaux, et quelques pages plus loin voici que ces barreaux n'existent plus pour laisser passer les nains. Quant à la défaite finale de la reine, elle est bizarre et expéditive.
Côté dessins, on sent que Princesse Kilala est le premier manga de Nao Kodaka, car il y a à quelques reprises des maladresses, comme la difficulté de bien montrer que Kilala et Rei sont devenus des nains dans le monde de Blanche-Neige (si ce n'était pas dit, on le verrait à peine). Mais il se dégage de l'ensemble une vraie volonté de bien faire : tandis que Blanche-Neige, les nains et la reine ont un look très fidèle au film (quoique la tête de Blanche-Neige peut par moments paraître étrange), les personnages du monde réel comme Rei et Erica ont un look plus typé manga, plus classique, simple mais séduisant et efficace. Quant à Kilala, elle est un peu entre les deux : très typée manga, mais pas si éloignée que ça d'un look Disney par certains aspects.
Résulte de ce premier tome une lecture qui devrait plaire aux jeunes filles qui sont encore bercées par les films de Disney et qui rêvent encore de princesses. Tout n'est pas parfait, l'histoire dans le monde de Blanche-Neige aurait pu être moins basique et facile et les dessins comportent quelques maladresses, mais Kilala est une héroïne sympathique, l'ensemble est suffisamment bien fichu niveau ambiance et références, et l'histoire fil rouge reste plutôt bien campée. Un début plutôt bon.