Princess Lucia Vol.1 - Manga

Princess Lucia Vol.1 : Critiques

Princess Lucia

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 13 Février 2012

Ce qui est formidable chez Kouji Seo, c'est son don pour ne garder de ses précédentes séries que les plus mauvaises choses pour nous offrir des séries à chaque fois plus médiocres. En commettant Princess Lucia, série publiée à rythme d'escargot chez Mag Garden, l'auteur ne trahit aucunement cet état de fait, à ceci près, cette fois-ci, qu'on aurait presque l'impression que c'est volontaire.

Rien qu'en lisant le synopsis et en matant les fess... euh, en jetant un oeil à la première page en couleur, on comprend à quel lectorat s'adresse la série, qui flirtera volontiers avec l'ecchi.
Les premières pages posent rapidement le décor : Lucia, princesse démone, débarque subitement chez Yuta, gamin de 13 ans, pour lui demander de lui faire un enfant. Ah oui, d'accord. Pour quelle raison ? C'est pourtant simple : le jeune garçon est né le 6 juin de l'an 6 de l'ère Heisei à 6h 6min 6s, et selon la légende, la progéniture d'un homme né à une date aussi incroyable serait particulièrement puissante. Lucia y voit donc une bonne occasion de redonner un coup de boost aux enfers, qui ne semblent guère plus représentés que par elle et son père, gérant d'un petit restaurant de ramen (si si). C'est d'ailleurs le paternel en question, avide de redorer l'avenir de son peuple démoniaque, qui a ordonné à Lucia d'aller se taper Yuta. Personnellement, si j'étais une fille et que mon père m'ordonnait d'aller me faire prendre par le premier venu, je l'aurais mauvaise, mais bon. Lucia, elle, émet quelques réticences, mais elles disparaissent vite. Première constatation : le père est une enflure (au moins un de très vaguement démoniaque, allons-nous dire), la fille est soumise. Ca commence bien, finalement.

C'est donc pour ces raisons que Lucia accourt dans la chambre de Yuta pour essayer de se le faire. Tout juste étonné, mais pas trop non plus (c'est pas comme s'il avait un démon devant lui... ah ben si, en fait), Yuta n'est pas décidé à se laisser faire, mais Lucia s'en fiche, accessoirement, et n'aura de cesse de le harceler, en se foutant à poil et en se jetant dessus, par exemple. Le problème, c'est que l'instant d'après, la situation a tendance à s'inverser : alors que Yuta lui tombe accidentellement dessus, Lucia le repousse violemment en le traitant de pervers... Donc, récapitulons, miss Lucia : tu veux te faire Yuta au point de te jeter sur lui comme une grosse vicelarde, mais quand c'est lui qui te tombe dessus, tu l'envoies bouler en le traitant de pervers... Y a pas comme un petit problème ?
Pour justifier ça, Kouji Seo nous apprendra alors que Lucia, elle, n'agit que sur ordre de son père et n'a, dans le fond, pas envie de se faire faire un enfant par l'autre pré-pubère. Le problème, c'est que dans la suite du volume, la demoiselle continue de chercher des plans pour avoir un enfants de Yuta. Bref... Deuxième constatation : Lucia est un personnage incohérent qui se sait pas ce qu'il veut.

Pour compliquer les choses, car il faut bien compliquer les choses, il s'avère que les deux amies d'enfance de Yuta sont en réalité deux anges chargés depuis 13 années de veiller à ce que les démons ne s'approchent pas du jeune garçon. Ainsi se présentent donc Ell, garçon manqué aussi caractériel que bien formé, et Rié, jeune demoiselle timide dont Yuta est secrètement amoureux, et, on le devine très vite, ses sentiments sont réciproques. Seul Yuta ne comprend pas, en fait. Troisième constatation : un héros crétin.

Et c'est précisément là qu'arrive la plus belle incohérence de Princess Lucia : alors qu'elles sont chargées depuis 13 ans de veiller secrètement sur Yuta, Ell et Rié, non seulement dévoilent facilement la vérité au jeune garçon, mais, surtout, finissent vite par tolérer la présence de Lucia à ses côtés, sous prétexte qu'elle n'a pas l'air mauvaise. Bravo, mesdemoiselles. Laisser votre ennemie héréditaire se rapprocher aussi facilement de sa cible alors que votre mission est de l'en éloigner, c'est logique. Quatrième constatation : les anges sont débiles.

En guise de cerise sur le gâteau, on reste assez atterré par le personnage de Rié, amoureuse de Yuta, ce qui signifie qu'en laissant sans rechigner son ennemie près de sa cible, elle crée d'elle-même un obstacle à ses propres sentiments, et a même tendance à s'effacer d'elle-même. De son côté, Yuta, incapable de réagir face à Lucia ou Rié, n'est pas beaucoup mieux. Cinquième constatation : des personnages aux sentiments insipides et coincés.

Des personnages neuneus, incohérents, coincés, enflures, qui ne savent pas ce qu'ils veulent... C'est bon, tout est là pour faire un Kouji Seo grand cru ! Sur ce, nos héros peuvent joyeusement gambader ensemble, aller à la plage, se faire fondre leurs vêtements par l'acide de quelque créature monstrueuse... Les classiques de tout shônen-harem façon To Love, quoi.

En somme, loin de se contenter de faire un simple manga-harem qui ira se perdre dans la masse, Kouji Seo parvient à se démarquer en mettant parfaitement en valeur une histoire de base bourrée d'incohérences et portée par des personnages irritants au possible. Pour sublimer le tout, on pourra compter sur un coup de crayon moins bon que ce qu'a pu nous offrir l'auteur sur ses autres séries : ici, le trait est plus relâché, les problèmes de proportion sont plus nombreux.

Bref, ce premier tome de Princess Lucia est mauvais, ni plus ni moins, Kouji Seo parvenant à y accumuler les pires tares de ses précédentes séries avec plus d'aisance que jamais (on sent l'expérience). Pourtant, on lui pardonne un peu plus facilement, pour une seule raison : ici, il ne se prend pas au sérieux, et certains gags et idées font même mouche, à l'image du comique de répétition sur la mère surprenant son fils dans des positions toujours plus compromettantes, ou du statut des démons, mélangés aux humains et contraints de faire des ramen pour survivre. On notera même quelques bulles, par-ci par-là, où l'auteur émet un début d'idée (avant de l'oublier aussi vite, faut pas déconner). Notamment, on reste intrigué par le fait que Yuta a 13 ans, Lucia 100 013 ans, soit une différence d'âge de 100 000 ans pile. Pourquoi s'embêter avec ces 100 013 ans si ces 13 petites années ne servent à rien ? Il y a donc au moins un élément permettant d'espérer un peu plus de la suite, alors raccrochons-nous à ça... Les fans purs et durs de fan-service, quant à eux, pourraient éventuellement trouver un plaisir basique à la lecture.

Du côté de l'édition, on a droit à une impression et à une traduction moyennes. Cette dernière est parfaitement compréhensible, mais souffre à quelques reprises de tournures de phrase poussives et maladroites. La présence des fess... hum, de la première page en couleur est un petit plus appréciable.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
8 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs