Poupelle et la ville sans ciel - Actualité manga
Poupelle et la ville sans ciel - Manga

Poupelle et la ville sans ciel : Critiques

En totsu machi no puperu

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 01 Octobre 2019

Sorti au Japon en 2016 et en France en novembre 2018 aux éditions nobi nobi !, Poupelle et la ville sans ciel nous permet de découvrir un artiste déjà reconnu sur plusieurs facettes dans son pays: Akihiro Nishino, un homme né en 1980 qui, quand il ne conçoit pas des scénarios, est également un comédien et une personnalité de la télé nippone. Depuis 2009 il a conçu plusieurs albums illustrés au Japon, en se faisant remarquer pour son style aux stylos à bille. Cela dit, dans le registre des albums illustrés, Poupelle est sans doute son projet le plus ambitieux à ce jour, avec un financement participatif remarqué et réussi, une collaboration avec 33 illustrateurs différents, et une conception qui s'est étalée sur quatre ans et demi.

Le récit nous plonge dans une ville aux influences steampunk dans l'esthétique, avec de nombreuses bâtisses alambiquées et des chemines si omniprésentes que la fumée cache totalement la vue du ciel, à tel point que ce ciel étoilé est devenu un mythe depuis bien longtemps. En pleine célébration de Halloween, un coursier magique volant dans les airs est pris d'une telle toux à cause des nuages qu'il laisse tomber sa livraison, livraison que les fumées opaques ne lui permettent pas de retrouver. Cette livraison, c'est un coeur. Et ce coeur, il a échoué sur un mont de détritus dans la décharge en périphérie de la ville. De là naît Poupelle, l'être-détritus, qui prend alors la direction de la cité. Il est sale et puant, forcément, mais il est également pur et a tout à découvrir de la ville et des humains, avec ce que cela peut avoir de mauvais comme de bon. D'abord bien accueilli par une bande d'enfants en cette période de Halloween, ces derniers finissent par le rejeter quand ils comprennent qu'il ne porte pas de masque et qu'il est réellement un homme-détritus. ais pendant que ces enfants-là deviennent méchants avec lui et le prennent à parti, Poupelle sympathise tout de même avec Lubicchi une jeune ramoneur qui ne le juge pas et devient son ami. Même si Poupelle sent mauvais et ne ressemble qu'à un amas de détritus ambulant, Lubicchi reste gentil avec lui jour après jour, le nettoie même chaque jour malgré l'odeur qui revient constamment. Et le jeun ramoneur lui raconte même son rêve, celui de voir un jour le ciel étoilé, ce ciel mythique dont lui a parlé autrefois son défunt père...

Cet album de 96 pages (ce qui est plutôt très épais pour un album illustré) narre à première vue une amitié pas comme les autres, entre un jeune humain bon et gentil et un homme-détritus innocent mais rejeté par les autres. Dans une ville à la fois suffocante et belle superbement détaillée avec profondeur par les illustrations, on suit le parcours de ces deux êtres, la naissance de leur amitié, leurs confidences, leurs jeux... mais aussi leur amitié mise à mal par la méchanceté et le regard des autres enfants. Le thème de l'acceptation de la différence est alors prépondérant, mais le récit sera loin de se limiter à cela, dès lors que certaines vérités se dévoilent sur le coeur de Poupelle, le scénario se parant alors de beaux messages sur la transmission parent/enfant.

Servi dans une superbe édition (couverture cartonnée au superbes effets métallisés, grand format carré, excellente qualité de papier et d'impression, traduction très soignée), Poupelle et la ville sans ciel dégage une poésie un brin noire presque burtonienne, et développe une histoire riche de messages beaux et poignants autour de la différence, de la tolérance, de la transmission... Une belle réussite.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs