Pleasure Island - Actualité manga

Pleasure Island : Critiques

Musubi shima ukiyo tsuyazôshi

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 26 Octobre 2023

Quelques semaines après avoir achevé la publication française de l'une de ses séries érotiques emblématiques Tokyo Confidential, les éditions Dynamite nous proposent, depuis aujourd'hui et toujours dans leur collection Seiko, de découvrir un autre manga de Haduki Kaoru, pour lequel il s'est cette fois-ci associé à Takamura Tinatu pour le scénario: Pleasure Island, alias Musubi shima ukiyo tsuyazôshi au Japon, un récit dont les huit chapitres furent initialement prépubliés là-bas dans le magazine catégorisé seinen Comic Ran de l'éditeur Leed, avant d'être regroupés en un unique volume broché d'environ 200 pages en septembre de cette même année, ce qui en fait une oeuvre antérieure à Tokyo Confidential de quelques mois. A l'instar de Tokyo Confidential (qui, lui aussi, fut publié dans le Comic Ran, aux côtés de certains mangas de Kan Takahama entre autres), Pleasure Island n'est donc pas du tout un hentai comme certaines personnes pourraient le croire au vu du passif de la collection Seiko, mais bien un seinen ponctué de quelques moments coquins où on ne voit jamais les sexes, cette oeuvre étant même plus soft que Tokyo Confidential dans l'ensemble. Signalons également tout de suite que c'est ce one-shot que les éditions Dynamite ont choisi pour inaugurer un nouveau format deluxe: Pleasure Island est effectivement proposé en grand format avec une couverture cartonnée rigide dotée d'un vernis sélectif ainsi qu'une reliure de qualité supérieure. Ajoutons à ça un papier bien épais mais suffisamment maniable, une bonne qualité d'impression, un lettrage convaincant et une traduction soignée de la part du Studio Makma (qui nous avait habitués à pire), et on obtient un assez joli objet, même s'il faudra accepter de débourser 17€ pour celui-ci.

A l'instar de Tokyo Confidential, Pleasure Island nous plonge dans le Japon de l'ère Edo, sans préciser à quel moment de cette époque exactement, mais en glissant de temps à autre des petites indices jusqu'aux révélations finales, ce qui pourra d'emblée avoir quelque chose d'un peu stimulant pour le lecteur observateur. Plus précisément, nous voici quelque part dans l'archipel d'Okinawa, tout au sud du pays. C'est sur l'une de ces îles que vivent Kana et Maichi, deux êtres qui n'ont a priori rien en commun: elle a son petit caractère, est toute mignonne et menue et semble tout juste devenir une jeune adulte, tandis que lui a 32 ans et s'est tant consacré à ses longues études qu'il a oublié d'entretenir son corps et a pris quelques kilos en trop. Et pourtant, alors qu'ils ne se connaissent pas, leurs parents ont décidé de les marier, pour certaines raisons liées à des dettes ! Alors qu'évidemment ils protestent, leurs familles décident alors de les faire participer, à leur insu, à un ancien rite censés rapprocher les couples: les voici abandonnés sur une petite île déserte, livrés à eux-mêmes ! Mais alors que cette farce est censée durer seulement dix jours, il n'en sera rien, et tous deux le comprennent bien en voyant le bateau qui les a amenés là se faire attaquer et engloutir par ce qui ressemble à un dragon marin, aucun des trois passagers n'y échappant en vie. Seuls sur une île déserte que personne ne connaît, Kana et Maichi vont devoir organiser leur survie... mais seront-ils vraiment seuls bien longtemps ?

Autant le redire clairement: dans Pleasure Island, l'érotisme n'est vraiment qu'une composante parmi d'autres, et est moins présent que dans Tokyo Confidential où les scènes de sexe s'enchaînaient un peu plus. Ici, l'aspect coquin intervient par bribes assez bien dosées (même si la plupart des scènes sont un peu forcée dans la narration), que ce soit par le dévoilement impromptu d'un sein, par quelques brefs ébats ou même par quelques situations plus insolites (pauvre Kana, mordue par un serpent là où c'est le plus gênant...). On a alors le loisir de s'intéresser suffisamment aux autres composantes du récit: l'évolution sentimentale entre les deux personnages principaux qui découvrent mieux leurs qualités bien sûr (en tête un Maichi qui ne manque pas de ressources, en plus d'avoir l'occasion ici d'enfin entretenir son corps et d'être attentionné envers Kana là où d'autres hommes auraient sûrement profité de la situation), mais aussi les différents petits rebondissements venant ponctuer cette aventure (faune et flore potentiellement dangereuse, arrivée d'autres humains à commencer par la sublime Kosome cachant certaines choses - les personnages secondaires ayant eux aussi leur propre petite histoire - , attaque de pirates...), un côté survie suffisamment présent avec même quelques conseils plus méconnus que d'autres, et enfin une certaine plongées dans différents aspects culturels (coutume, alimentation, histoire...) de l'Okinawa de cette époque. Même si l'on regrettera quelques éléments trop vite vus ainsi qu'une toute fin beaucoup trop rapide et où les personnages secondaires sont un peu oubliés, le cocktail prend plutôt bien, d'autant plus que le dessinateur accompagne le tout soigneusement avec son dessin, où les décors insulaires, malgré leurs dangers, ont quelque chose de presque aussi frais et paradisiaque que les charmantes héroïnes.

Pas de raison de bouder son plaisir, donc, avec Pleasure Island. Même si le récit est rapide et n'approfondit pas forcément grand chose, il y a de quoi apprécier ce mélange d'aventure/survie, de pointes coquines et de petites informations sur l'archipel d'Okinawa sous l'époque Edo. A tenter pour les fans du genre !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction