Please love me Vol.1 - Actualité manga

Please love me Vol.1 : Critiques

Dame na Watashi ni Koi Shite Kudasai

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 12 Février 2016

Critique 1


Michiko, 29 ans, était encore une employée qui se souciait peu de l'avenir six mois auparavant. Mais depuis, la boîte où elle bossait a fait faillite, et ses aides financières ont récemment été coupées. La voici sans le sou, situation d'autant plus délicate qu'elle entretient un étudiant, Junta, sans savoir si elle a une relation vraiment sérieuse avec, mais auprès duquel elle trouve ses rares moments de bonheur.
Dans cette situation désespérée, néanmoins, elle finit par recroiser la route de Kuroksawa, son ancien chef qu'elle détestait à l'époque tant il était autoritaire, et celui-ci ne tarde pas à lui faire une proposition : il vient de démissionner de son nouveau travail qui ne lui plaisait pas pour reprendre le petit restaurant de sa grand-mère, et accepterait volontiers que Michiko soit son employée ! Est-ce le début d'une nouvelle vie ?

Après avoir conquis son public avec plusieurs shôjo plutôt adolescents comme Lovely Complex, Aya Nakahara revient en France avec une oeuvre qui se veut un peu plus mature, puisque pour la première fois elle met en scène des héros trentenaires ou proches de la trentaine ! Mais hélas pour Michiko, on ne peut pas dire qu'elle soit très mûre pour une femme quasi trentenaire : elle n'avait auparavant jamais réfléchi vraiment à son avenir, se retrouve dans une situation financière un eu délicate, et se réfugie presque naïvement dans les bras d'un étudiant qui semble surtout profiter d'elle... Elle fait partie des ces femmes qui n'ont pas encore totalement acquis une mentalité adulte et à qui la société ne fait pas forcément de cadeaux... mais c'est aussi ce qui fait son charme ! Elle a beau être plutôt banale et "manquer de charme" d'après son patron, elle possède un caractère à la fois naïf, un peu bête et très naturel, ce qui la rend régulièrement amusante et instantanément attachante. On peut facilement se sentir proche d'elle, et l'on suit alors avec intérêt ses (més)aventures, entre la façon dont elle se fait pigeonner par Junta ou par une société de prêt, ses nouveaux jobs pas toujours très sûrs, ou sa relation à la fois houleuse et proche avec Kurosawa... Ce dernier est lui aussi plutôt bien mis en place, cachant derrière son caractère autoritaire d'autres facettes que l'on ne demande qu'à découvrir, à commencer par l'importance qu'a son petit restaurant pour lui, ou par sa relation durable, mais de plus en plus difficile avec la dénommée Akira. En toile de fond, les autres personnages restent beaucoup plus secondaires et, pour l'instant, ne servent guère qu'à apporter de l'humour, en tête les autres employés du restaurant, anciennes racailles aux dégaines ne collant pas avec le resto et dont le parler "djeuns" n'est guère mieux.

Tout ceci offre un récit entraînant, qui offre un cocktail plutôt pétillant que sert très bien le dessin propre, pop et très expressif de Nakahara. Pour ça, la mangaka n'a vraiment pas perdu la main ! Mais sur le fond, malgré tout l'en train du récit, nous ne somme encore que dans une mise en place qui passe un peu vite en revue certaines évolutions, et où la façon dont Michiko se fait décidément pigeonner dans tous les sens pourrait agacer un peu.

Reste que le principal problème est plutôt à chercher du côté de l'édition française. Côté papier et impression on est dans les standards de Delcourt, et niveau traduction c'est fluide et bien vivant. Toutefois, l'aspect "djeuns" du langage paraît par instants trop exagéré et, surtout, on cherche encore le rapport du titre avec le contenu... "Please love me !" ? Que voilà un titre totalement banal, ne donnant aucun indice sur l'orientation du récit, et n'ayant aucun rapport avec le titre original. Dommage...

A part ça, cette entrée en matière s'avère plutôt plaisante et doit pour l'instant l'essentiel à son côté entraînant et à son héroïne naturelle que l'on a hâte de voir évoluer. On attend également, en toile de fond, comment va être abordée la thématique du mariage dans la société nippone, dont il est question à plusieurs reprises dans ce volume.


Critique 2


Aya Nakahara est une auteure loin d’être inconnue en France. Son œuvre phare, c’est le célèbre Lovely Complex, mais la mangaka a poursuivi avec deux autres courtes séries de trois tomes chacune, Courage Naco puis Berry Dynamite. Quelques années après, Aya Nakahara nous revient donc, mais avec une série précédente. Please Love Me ! est une œuvre qui compte sept tomes au Japon à l’heure où ces lignes sont écrites, ce qui implique que le récit sera davantage développé que les deux précédents. Mais surtout, c’est le fait que l’auteure soit passée dans la revue Gekkan You qui change amplement la donne. Quelles nouveautés ? L’œuvre présente est un josei, destiné à un lectorat par conséquent plus mature. A ciblage différent, ton différent, et ce premier volume est en effet une expérience qui change des trois autres séries de la mangaka.

Michiko ne pouvait pas se trouver dans une pire situation. A 29 ans, la jeune dame perd son emploi à cause de la faillite de son entreprise, ce qui ne l’a pas empêché de couvrir de présents Junta, son petit-ami encore étudiant qui ne refuse jamais un cadeau. Financièrement à bout, Michiko n’a plus de quoi payer son loyer, ni même se nourrir. Heureusement pour elle, elle croise un jour le chemin de Kurosawa, son ancien patron tyrannique, mais ce dernier va lui proposer une offre alléchante : travailler dans le restaurant qu’il a hérité de sa famille. Du changement en vue pour Michiko ? Pas forcément, car elle a avant tout besoin d’une bonne leçon pour garder une stabilité financière…

Aya Nakahara explique bien dans ses commentaires que passer dans le magazine You a été un exercice éprouvant pour celle, tant de difficultés que l’on ressent à la lecture de ce premier tome. Le stickers publicitaire de Delcourt deviendrait même une tentative marketing malhonnête puisque dans le style, ce premier tome de Please Love Me ! n’a pas grand-chose à voir avec les séries précédentes très légères de la mangaka. Une sorte de sérieux esthétique gagne ainsi la nouvelle œuvre d’Aya Nakahara qui doit bien s’adapter aux sujets sérieux qu’elle aborde. Ici, pas d’amourettes déjantées entre adolescents, mais bien des problèmes d’adultes imposés en permanences en tant que sujets principaux. Pour l’heure, Please Love Me ! peut être vu comme l’histoire d’un passage à l’âge adulte, celle de jeune gens pas encore assez mûrs pour entrer dans la vie adulte, mais qui en subissent pourtant les effets les plus négatifs. C’est ainsi que nous suivons les déboires de Michiko, en premier plan, et de Kurosawa, le récit jouant entre les interactions entre les deux personnages et le fait que les malheurs chez l’un atteignent l’autre. En soi, les deux protagonistes sont on ne peut plus classiques pour un titre de romance. Pourtant, les amourettes ne sont pas (encore ?) au rendez-vous et le cœur du récit doit son intérêt à la manière dont ces deux personnages opposés influent l’un sur l’autre, au milieu de toutes ces thématiques d’adulte.

L’intérêt des œuvres d’Aya Nakahara se voit donc renouvelé avec un titre à l’ambiance nouvelle. Pourtant et bien que le récit gomme quelques traces de l’excentricité des séries précédentes de l’auteure, on reconnaît aisément sa patte. D’abord, c’est son trait qui est reconnaissable entre mille et aussi le fait que la mangaka ne peut s’empêcher d’apporter quelques folies à son dessin en reprenant notamment quelques mimiques de visages de Risa de Lovely Complex. Aussi, le fait d’opposer les deux personnages à travers des disputes délirantes ou d’apporter un décalage par le biais des acolytes de Kurosawa permet d’entretenir ce lien avec l’humour, car Please Love Me ! ne cherche pas à être trop sérieux, ni à déprimer le lecteur en présentant de manière trop dramatique les déboires financiers et amoureux d’un adulte. Il semble donc qu’Aya Nakahara ait déjà trouvé un juste milieu entre le ton à adopter pour un récit plus mature et son propre style, à voir comment cette alchimie se précisera dans les prochains opus.

Côté édition, Delcourt est fidèle à lui-même. Le tout est propre et la traduction est de très bonne facture, rien à redire de ce côté-là. Le seul reproche à faire serait au niveau du titre, bricolé et édulcoré pour faire croire à un shojo classique alors que les vraies intentions d’Aya Nakahara derrière l’intitulé de son œuvre est de faire ressortir le désarroi du personnage de Michiko. En effet, ce premier tome aurait dû porter un titre plus proche de « Please, love the useless me ! » qui traduit bien plus le décalage de l’œuvre.

Style différent pour Aya Akahara, mais l’auteure s’en sort finalement très bien grâce à un récit qui aborde certes des thématiques plus adultes, mais le tout en conservant un certain burlesque, ne serait-ce pour son héroïne qui se démène toujours pour manger de la viande aux frais d’autrui. La mangaka propose ainsi une lecture différente de ses précédentes œuvres tout en conservant un certain style et si l’intrigue se permet quelques facilités, c’est avec un grand intérêt qu’on retrouve la maman de « Love-Co » sur une série qui, on l’espère, tiendra sur la durée afin de se développer correctement.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs