Playback - Actualité manga

Playback : Critiques

Seishun Playback

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 22 Mars 2010

« Je me suis habitué à son absence. Remarque c’était comme ça déjà avant. Vais-je l’abandonner moi aussi ? »


Voilà enfin la tant attendue deuxième parution des Éditions H ! Et à vrai dire, après Sugarmilk, on avait placé la barre relativement haut … pour avoir le plaisir de constater que Playback suit le mouvement. Neuf chapitres, quatre histoires. Et une construction assez particulière, puisqu’à part les trois chapitres consacrés à « Double jeu » et sa suite qui forment une histoire à part entière, les trois autres scénarios sont repris dans un même nombre de chapitres courts, à la fin du manga, étayant un peu ces fins en queue de poisson que nous propose l’auteur. Celle-ci nous introduit donc à diverses histoires, subtilement mises en œuvre, parfois sensuelles, romantiques ou alors juste tendres. Entre deux employés de bureau, entre un professeur de maternelle et le frère d’un élève, la relation possible entre deux frères, pour enfin en venir à « Playback », un amour qui renait dix ans après s’être perdus de vue. Entre le travail, la différence d’âge, la famille, la nostalgie et l’amour, les récits se perdent facilement, entrainant les lecteurs dans une ronde très agréable, novatrice et pourtant pas retentissante. Playback pourrait passer inaperçu sans aucun problème tant il est moins sulfureux qu’un Viewfinder. Et pourtant, la relation humaine et les sentiments y sont bien plus réels. Et la qualité n'est même pas comparable ... 


Les inconditionnés du yaoi pour le yaoi, des scènes érotiques et des situations toujours plus classiques mais efficace seront à coup sûr déçus. Déjà, point d’inceste, comme on aurait pu le supposer. Ce n’est pas tant l’amour gay qui guide le manga, mais plus la difficulté d’avouer ses sentiments, de les vivre et de les assumer vis-à-vis de l’autre et de sa propre histoire. Les deux frères ne sont que frères, mais ont toutes les peines du monde à s’en souvenir et à partager une vie chaotique. Bref, on est bien loin des clichés, mais d’avantage près de la vie quotidienne et des interrogations qu’elle suscite. Pas de fantastique, pas de cadre écolier permanent, pas de « uke » larmoyant, pas de stigmatisation des rôles amoureux, et même pas forcément du sexe … Voilà qui donne à réfléchir et permet à tous les contestataires de revoir leurs préjugés sur un genre qui a certes ses tares mais qui décèle aussi bien de qualités, comme on le montre ici. Les graphismes sont sans doute ce qui est le plus « classique » dans ce titre. On y retrouve les beaux bishies qu’on aime tant, avec toutefois un effort important dans ce qui est de différencier les protagonistes des différentes histoires ! Les visages sont bien expressifs et révèlent parfaitement le ressenti du lecteur, tandis que l’alternance quelque peu singulière d’une dynamique presque aérienne à un flot d’informations et de détails surprend un peu, mais finit par plaire. Seul défaut, les quelques mauvaises proportions au niveau des mains, des épaules ou des lèvres un peu proéminentes. Mais une douceur indiscutable se dégage du trait à la fois assuré et fragile de la mangaka. 


L’édition, là encore, est au rendez vous ! La sur couverture est attrayante, colorée, douce et souple, tandis que dessous se cache les secrets de la mangaka qui nous présente un peu ses nouvelles, commentant les personnages et leurs caractère. Une source d’informations intéressante, qui exploite la totalité de l’ergonomie du tome. De plus, on remarquera que les pubs sont très limitées (forcément, le catalogue de l’éditeur étant encore restreint) et n’entachent pas la lecture dans des pages supplémentaires. Enfin, l'épaisseur est plus conséquente que celle de Sugarmilk, la qualité d'édition est meilleure pour un prix égal ... Voilà pour ce qui est de l'extérieur. Dans le fond, on remarque une certaine aisance dans les contrastes, des pages pas immaculées mais pas pour autant trop transparentes, une police adaptée au format et au mode d'expression, une traduction fluide conservant les expressions et patois et enfin, enfin … Une traduction irréprochable des onomatopées. Un « détail » qui prend tout son sens ici, et dont plus d’une maison d’édition pourrait s’inspirer ! Même les bruitages mal placés sont adaptés, rien n’est laissé au hasard. Produisons peu produisons bien, ce one shot est une véritable réussite, comme un rayon de soleil dans le raz de marée des sorties. Autant dans l’histoire que dans son adaptation, les Editions H fournissent du bon travail, et on en redemande, le plus vite possible ! 


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
NiDNiM
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs