Planète Verte (la) Vol.1 : Critiques

Midori No Hoshi

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 22 Août 2024

Quoi de mieux qu'une triple dose de Keigo Shinzo pour profiter au mieux de l'été ? C'est ce que nous propose Le Lézard Noir en ce mois d'août avec la publication simultanée du tome 6 de la tranche de vie déjà culte Hirayasumi, de l'ouvrage No Reaction (le dernier recueil d'histoires courtes en date de l'auteur), et du premier volume de l'oeuvre qui nous intéresse dans ces lignes: La Planète Verte.

Arrivée au Japon après les recueils et one-shot L'auto-école du collège Moriyama, Le Jour du typhon et Summer of Lave (tous déjà sortis en France chez l'éditeur poitevin), cette oeuvre a été la toute première série de plus d'un volume du mangaka, et elle fut également sa prmeière vraie incursion dans le registre de la science-fiction. Achevée en quatre tomes, elle a été prépubliée sous le nom "Midori no Hoshi" en 2013-2014, au sein du magazine Big Comic Spirits des éditions Shôgakukan.

Sans détour, le mangaka nous plonge immédiatement dans le vif du sujet: travaillant en tant que transporteurs spatiaux pour l'agence Tournesol, dans un futur éloigné où l'espèce humaine a colonisé une partie de l'espace, Takaishi et son collègue Masashi Yamamoto s'écrasent en catastrophe sur une planète où ils sont accueillis par une bien étonnante espèce ressemblant à des grenouilles humanoïdes, avec la peau verte, des doigts palmés et une absence de nombrils. Attendant et espérant patiemment que les secours finissent par arriver, ils vivent un peu différemment la situation: Yamamoto préfère éviter de se mêler à ce peuple inconnu, tandis que Takaishi, même s'il reste un peu méfiant, se rapproche de ces drôles d'habitants qui lui partagent pas mal de choses (le gîte et le couvert en tête) et à qui il apprend des choses typiquement humaines (comme le football). Pourtant,au bout d'un moment, le fait est qu'une forme de solitude s'installe: le contact avec d'autres humains et en particulier avec des femmes commence à être pesant pour Takaishi. Alors quand, lors de festivités, le jeune homme a l'impression de voir au loin une belle jeune femme humaine puis finit par demander s'il y a d'autres gens comme lui et Yamamoto sur cette planète, il n'a aucune idée qu'il vient de faire le premier pas vers de nombreuses péripéties...

Facilement intrigant et attachant, ce premier volume se divise clairement en deux grandes parties, la première des deux étant vouée à nous faire suivre les premiers pas des deux transporteurs humains auprès du "peuple-grenouille", avec tout ce que ça peut impliquer : découverte de leur cadre de vie et de certains animaux peu communs (permettant à Shinzo de régaler par quelques décors exotiques et designs fun de bestioles), partage de certaines différences de moeurs et de croyances (les autochtones ont une sacrée vision mythologique de l'endroit où ils habitent ! )... Il y a une certaine fantaisie dans les contacts entre les deux espèces, d'autant plus que les grenouilles ont des bonnes bouilles (coucou Ponzhi) et des caractères assez hauts en couleurs. A travers cette science-fiction commençant de façon légère avec un certain parfum de découverte et de partage, Keigo Shinzo nous rappelle un peu son autremanga de SF phare, qu'il dessina au japon juste après avoir achevé celui-ci: Tokyo Alien Bros. Et ce n'est, d'ailleurs, pas le seul aspect commun aux deux oeuvres: il est à nouveau un peu question, par certains aspects, de la difficulté de comprendre ce que peuvent penser les autres. Dans Tokyo Alien Bros on sentait que les deux héros extraterrestres avaient parfois du mal à comprendre les humains et la société qu'ils ont bâtie, et on retrouve la même chose ici... à ceci près que, cette fois-ci, ce sont les deux humains qui sont un peu des extraterrestres pour les habitants de la planète verte ! Et ainsi, quelque part, on a un peule sentiment que La Planète Verte et Tokyo Alien Bros se répondent et se complètent.

Mais il reste qu'après cette première partie plutôt introductive, c'est la suite du volume qui semble réellement faire entrer l'histoire dans le vif du sujet, en offrant déjà un paquet de choses, à commencer par des énigmes: qui est exactement la beauté que Takaishi a cru apercevoir ? pourquoi le désigne-t-on en tant que "tournesol", et quel est son rôle en tant que tel ? Tout en dévoilant déjà quelques informations, ou en esquissant simplement quelques indices dans ses dessins (notamment pendant le repas d'Audryand et Damaya). Ce sont également pas mal de péripéties qui s'enchaînent en voyant l'auteur jongler entre aventure exotique et romance, péripéties à travers lesquelles il esquisse déjà différents sujets (les inégalités sociales qui existent même sur cette autre planète, la soif naturelle d'être libre et de mener sa vie comme on l'entend...). Mais nous allons volontairement éviter d'en dire plus, car après il faudrait spoiler, et mieux vaut découvrir par soi-même les tenants et aboutissants de ce début de récit réjouissant, rocambolesque, coloré, et toujours servi par l'inimitable patte visuelle d'un artiste offrant beaucoup de bonnes choses.

Du côté de l'édition française, enfin, on a droit au grand format sans rabats ni jaquette typique de l'éditeur et commun à toutes les oeuvres de Shinzo. A l'extérieur, la couverture est fidèle à l'originale japonaise, tout en s'offrant un petit effet sympathique sur le logo-titre. Et à l'intérieur, le papier et l'impression sont de qualité satisfaisante,le travail de lettrage et d'adaptation graphique est soigné, et la traduction est très juste de la part de Sylvain Chollet, traducteur qui, depuis Hirayasumi, a pris le relais d'Aurélien Estager sur la traduction des mangas de cet auteur (Aurélien Estager ayant été le traducteur de tous les précédents titres de Keigo Shinzo en France sauf Hirayasumi).


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs