Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 19 Avril 2011
La vie continue pour le petit Kinta, qui déclare aimer son village et ses paysages au point de ne jamais vouloir les quitter. Pourtant, quand son grand-père succombe à la maladie, il n'a d'autre choix que de suivre à Tokyo le dessinateur Yanagawa, qui le prend sous son aile, l'élève comme son propre fils et fait tout pour qu'il puisse accéder aux études qu'il souhaite.
Ainsi, Kinta dit adieu aux paysages campagnards de son village natal pour découvrir une autre facette de la plaine du Kantô: la grande ville de Tokyo, en plein renouveau. C'est désormais là-bas qu'il grandira.
Neuf ans , puis quinze ans, puis dix-neuf: dans ce tome, ce ne sont pas moins de dix années de sa vie que nous voyons défiler, dix années pendant lesquelles les expériences en tous genres vont se succéder: découverte de pratiques sexuelles déviantes par le biais des esquisses sado-masochistes de Yanagawa, découverte du sentiment amoureux au lycée, de la cruauté des femmes et des extrémités tragiques auxquelles peut pousser la passion, premières relations sexuelles malsaines, études, apprentissage d'un travail de dessinateur, retrouvailles avec Ginko, ce garçon-fille si particulier...
Dans un univers qui oscille souvent avec la pauvreté, Kinta, au fil de ces expériences, évolue sans jamais oublier cette plaine du Kantô, en faisant de nouvelles rencontres, bonnes ou mauvaises, de la pauvre prostituée qui va profiter de lui au camarade de classe qui revient juste des prisons chinoises, en passant par l'icône américaine bien connue qu'est Marilyn Monroe. Les êtres qui évoluent autour du jeune garçon puis du jeune homme sont rarement bons, jamais totalement mauvais, trop souvent en proie à leurs désirs, et, de fil en aiguille, sont dépeints, à travers les personnages, les faits historiques des années évoquées, comme le statut des japonais restés prisonniers en Chine, ou, exemple plus parlant ici, l'émancipation homosexuelle vue par le biais de Ginko.
Le grand mérite de Kazuo Kamimura étant ici, à l'instar du volume 1, de dépeindre cet ensemble sans esprit critique, avec une teinte de mélancolie qui frise la nostalgie, comme un regard bienveillant sur un passé que l'auteur a lui-même vécu.
Porté par des personnages "flottant" dans leur époque, pour reprendre le sous-titre de l'oeuvre, par un ton juste, le trait unique de son auteur et ce goût pour les paysages à la fois désolés et magnifiques, la Plaine du Kantô continue de séduire en tous points, se dressant indéniablement comme l'une des meilleures oeuvres de Kazuo Kamimura. Un incontournable pour qui s'intéresse ou souhaite s'intéresser à l'auteur.