Ping-Kong Vol.2 : Critiques

PINGKONG

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 09 Mars 2022

Kotomi Saotome, la jeune prodige du ping pong, et sa soeur Takumi, qui est devenue un gorille et qu'elle regrette d'avoir rejetée autrefois, avancent désormais dans la même direction: celle devant les amener, ensemble, unies, à la victoire dans le tournoi national en double de tennis de table. Et après des préparatifs et entraînements rarement académiques, leur objectif ne s'annonce pas aisée pour autant, car leurs adversaires dans les matchs ne sont pas là pour faire de la figuration ! En tête, les deux filles du duo Saotome qui, pour se rapprocher le plus possible de la puissance et du physique du gorille, ont subi un entraînement aussi spartiate qu'improbable ! Si bien qu'à l'issue de la rencontre, même si nos héroïnes sont victorieuses, Takumi, qui a tout donné face à ces monstres, se retrouve aux portes de la mort... littéralement.

Au fil d'un premier tome à l'humour absurde assez efficace et où tout était surtout prétexte pour que l'auteur parte en vrille, Ping Kong se présentait comme une petite divertissement débilo-sportif prometteur. Et cela, même si l'auteur Comic Jackson donnait parfois l'impression de ne pas aller au bout de certaines idées (la faute au schéma plus ou moins indépendant des chapitres, peut-être) ou, au contraire, de partir un peu dans tous les sens. Eh bien, avec ce deuxième et déjà dernier tome, cette impression ne va certainement pas changer, puisque le mangaka continue d'enchaîner des petites situations ubuesques ! Ici, un gorille se retrouve donc à affronter la reine des Enfers Enma dans un match endiablé (c'est le cas de le dire) pour revenir à la vie. Là, Kotomi doit se frotter à une vieille connaissance masquée. Puis il y a l'irruption de leur mère, qui a autrefois arrêté sa carrière par amour, et qui ne supporte pas (mais genre vraiment pas) qu'on salisse l'image du tennis de table. Sans oublier la remise en question de Kakyôin qui, depuis sa défaite contre un gorille, est bien décidée à prendre sa revanche à sa manière.

Il y a bien quelques vagues petits développements un peu plus sérieux, par exemple sur ce qu'est devenu le père de nos deux héroïnes, et surtout sur ce que Kotomi et Takumi ont forgé entre elles avec leur désir de gagner ensemble et tout ce qu'elles ont sacrifié pour en arriver là (en tête le corps humain de Takumi), mais ces notes d'émotion ne vont jamais plus loin, voire sont volontairement cassées de l'intérieur, à l'image de cette sombre histoire de grosse commission lâché au beau milieu du petit flashback sur les parents de nos héroïnes (le genre de gag "caca" grotesque et plutôt pince-sans-rire qui amusera les uns et affligera les autres, on ne jugera pas).

Alors, le délire semble vraiment rester le leitmotiv permanent du mangaka... mais encore faut-il maîtriser ça un minimum, et de ce côté-là Comic Jackson finit par se perdre toujours plus. Tandis que le récit part sans cesse en cacahuète en pouvant malgré tout amuser les amateurs et amatrices de ce type d'humour déglingué (j'en fais partie), le fait est qu'une inquiétude toujours plus prononcée apparaît au fil des pages: mais où le mangaka va-t-il exactement ? N'est-il pas en train de perdre de vue son sujet de base, à force de partir en vrille sur différents petits délires n'apportant finalement aucune réelle consistance à l'ensemble ? Va-t-il avoir le temps de mener à bien son tournoi, voire d'apporter quand même quelques informations sur la transformation de Takumi ? La réponse à tout ça tombe, de façon cruelle, à la toute fin de l'ouvrage: il n'y a aucune fin. Ou alors, un petit semblant de fin balançant vite fait, de manière visiblement imprévue, quelques pistes. Mais concrètement, Ping Kong s'arrête abruptement, faute de succès, et sans doute faute d'une vraie maîtrise narrative de son mangaka. Et quand un auteur en arrive, dans sa postface, à s'excuser en disant qu'il a fait n'importe quoi et que son manga n'est pas bon, c'est malheureusement le signe qu'effectivement quelque chose n'allait vraiment pas. Ainsi que le signe d'une certaine honnêteté appréciable, avouons-le.

Difficile, voire impossible de ressortir satisfait de la lecture du deuxième tome de Ping Kong. Après un premier tome plutôt sympathique, et malgré des gags qui pourront quand même régulièrement faire mouche auprès des adeptes, l'auteur n'a malheureusement pas su maîtriser son oeuvre, pour nous laisser sur une non-fin frustrante mais logique. Comic Jackson n'a a priori plus fait le moindre manga depuis cet échec achevé début 2020, mais on espère qu'il aura à nouveau sa chance un jour: il lui suffirait de mieux maîtriser son récit et sa narration, car côté humour improbable il a bel et bien un certain potentiel.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
8 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs