Ping-Kong Vol.1 : Critiques

PINGKONG

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 02 Mars 2022

De l'angoisse diffuse de Junji Ito à l'horreur plus frontale de Shigahime, en passant par les samouraï de Chiruran, l'historique artistique du Mandala de Feu, le sport d'Ao Ashi ou encore la tranche de vie fantastique de Pump Sawae, le jeune catalogue des éditions Mangetsu se développe, doucement mais sûrement, sur différents créneaux... et cela continue en ce début de mois de mars avec ce que l'on pourrait considérer comme le premier manga "WTF" de l'éditeur ! Derrière Ping Kong se cache une série bouclée en deux tomes, qui est la toute première (et, à ce jour, unique) oeuvre d'un auteur se faisant appeler Comic Jackson, et qui fut prépubliée en 2019-2020 dans le célèbre Shônen Sunday, le magazine shônen hebdomadaire emblématique de l'éditeur Shôgakukan qui a vu passer dans ses pages un paquet de titres bien connus (tous les shônen de Rumiko Takahashi et de Kazuhiro Fujita, plusieurs gros succès de Mitsuru Adachi, Détective Conan... pour ne citer que quelques incontournables).

Ping Kong nous conte l'histoire de deux soeurs collégiennes, Kotomi et Takumi Saotome. Les deux jeunes filles sont, depuis leur plus tendre enfance, passionnées de tennis de table... mais elles n'ont, hélas, pas forcément le même talent dans ce domaine. Bien qu'ayant été la première des deux à se prendre de passion pour ce sport, Takumi n'a jamais atteint le niveau de sa soeur Kotomi qui, elle, est considérée comme une véritable prodige dont la carrière pourrait aller très loin. Tant et si bien que, alors que toutes les deux s'étaient promises d'avancer ensemble, Kotomi a fini par laisser derrière elle Takumi, en ayant presque honte de sa soeur... une honte qu'elle a fini par profondément regretter le jour où Takumi a tenté de se suicider. Cependant, cette tentative de suicide ne s'est pas tout à fait passée comme prévue puisque, sans qu'on sache trop pourquoi, la fillette est devenue un gorille. Littéralement. Et c'est alors avec le désir de réparer les pots cassés et d'enfin vivre son vieux rêve avec Takumi que Kotomi, après quelques mois de pause, décide de reprendre la raquette avec un objectif en vue: remporter, avec sa simiesque et colossale frangine, le tournoi national de ping pong en double !

L'oeuvre allie donc de thématiques pour le moins éloignées, à savoir tennis de table et gorille, pour un résultat qui semble au premier abord un peu plus profond que ça. En effet, au-delà de sa mise en place ultra rapide (voire un peu trop), le tout début de la série, derrière l'absurdité typiquement nippone de son pitch de base, recèle quelques thématiques plus humaines autour de la relation entre ces deux soeurs: différence de talents, difficultés à accepter cela, éloignement idiot par orgueil de Kotomi, tentative de suicide, sentiments de culpabilité et regrets à réparer...

Il y a alors, au départ, un part de sérieux derrière l'humour. Mais par la suite, très vite, il sera possible de regretter que ce soit le comique qui prenne quasiment entièrement le dessus, pour un résultat qui donne alors l'impression d'être un poil en dessous des possibilités entrevues dans les premières dizaines de pages. Néanmoins, il n'y a pas de quoi bouder totalement son plaisir, car au niveau humoristique, Comic Jackson va démonter pas mal de gags faisant facilement leur effet. Pour cela, et quitte à parfois donner l'impression de partir dans tous les sens, l'auteur esquisse dans chaque chapitre une idée différent devant peu à peu mener les soeurs vers leur objectif sportif. Convaincre les hautes instances du tournoi de les laisser participer même si Takumi est un gorille, vaincre la favorite du tournoi pour faire ses preuves, trouver un endroit où s'entraîner, ne pas négliger la vie scolaire au collège, y redorer le club de ping pong tombé entre les mains de loubardes, permettre des retrouvailles pas trop décevantes entre Takumi et son amour d'enfance... Dans tout ça, le mangaka distille quand même quelques brefs moments touchants (ce que pense réellement la vieille patronne du local de Kotomi, la difficulté pour Takumi et son ami d'enfance de vivre leurs sentiments dans une telle situation, la façon dont Takumi a toujours essayé de soutenir sa soeur sans perdre de vue cet amour sororal), mais tout ça n'est qu'esquissé, et c'est bien le côté comique qui rend le dessus entre le côté grotesque de voir un gorille faire du ping pong, la force bourrine de Takumi qui fait des ravages, certains textes qui prêtent à sourire (merci à la traduction pour le "Ping Pong Vieillpo"... et, surtout, certaines chutes de chapitres qui vont assez loin (destruction des alentours, personnages bons pour aller à l'hôpital...) et dont le côté extrême a de quoi beaucoup faire rire !

Si l'on pouvait attendre un petit peu plus du récit au vu des éléments de départ, il n'y a donc, dans l'ensemble, pas de quoi passer un mauvais moment, bien au contraire. Mais au bout de ce premier volume qui semble à peine démarrer les choses sérieuses vis-à-vis du fameux tournoi, une grosse inquiétude naît forcément: comment diable Comic Jackson va-t-il faire pour conclure tout ça en un seul petit tome ? Réponse après la elcture du tome 2, sorti en même temps que le premier volume.

Côté édition, Mangetsu livre une copie de bonne facture: papier souple permettant une qualité d'impression honorable, lettrage très propre de Cindy Bertet, traduction plutôt inspirée de Damien Guinois, et jaquette de Tom "spAde" Bertrand plutôt convaincante avec son vernis sélectif et son logo agrandi par rapport à l'édition japonaise pour mieux jouer sur le contraste rose/noir, même si cela nuit un peu à la lisibilité du titre.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs