Persona 4 Vol.1 - Manga

Persona 4 Vol.1 : Critiques

Shin Megami Tensei - Persona 4

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 04 Mars 2021

Sorti en 2008 au Japon, soit près de deux années seulement après Persona 3, le quatrième opus de la saga reste l'un des plus populaires. Il fut notamment celui qui lança la vague mercantile de la licence, marquée par des adaptations animées, manga et différents spin-offs vidéoludiques, là où l'ensemble restait tout à fait modeste avec P3.

Rien d'étonnant donc à ce que l'éditeur ASCII Mediaworks cherche à lancer une version manga de ce quatrième épisode, dès la sortie de celui-ci. Une nouvelle fois, la tâche est confiée à l'illustrateur Shûji Sogabe, alors en plein travail sur la manga Persona 3 avec son studio. En bon fan de la série, il accepte le boulot, quitte à assumer une parution parallèle laborieuse des deux titres pendant des années.

Lancé en 2008 dans le magazine Dengeki Daioh, le manga Persona 4 a aussi connu quelques parutions dans le Persona Magazine, revue d'abord mensuelle puis périodique dédiée à la poule aux œufs d'or d'Atlus. Le manga s'est achevé en 2019, au terme de 67 chapitres compilés en 13 tomes, ce qui en fait le manga Persona le plus long à ce jour. Chez nous, Mana Books profite de l'engouement autour de la série pour amener le titre peu après la conclusion de Persona 3. Ce dernier avait sans doute décontenancé les néophytes, du fait de sa narration éparpillée qui jonglait entre les périodes temporelles. Alors, est-ce qu'à l'instar de la version papier de Persona 5 par Hisato Murasaki, le manga peut réconcilier le lectorat novice et la saga ?

Cette fois-ci, nous suivons Sôji Seta, un adolescent baladé de ville en ville depuis son enfance à cause du travail de ses parents, et qui n'a jamais noué de réelles attaches. Cette fois, sa destination est Inaba, une petite campagne où vit son oncle chez lequel il vivra. Sôji ne s'attend à rien si ce n'est une année de plus dans un lycée qu'il devra vite oublier en changeant une nouvelle fois de lieu. Mais il ne s'attendait pas à ce que d'étranges et macabres événements surviennent au moment où il emménage dans la bourgade. Des meurtres ont lieu, les cadavres étant retrouvés suspendus à des antennes extérieures. De plus, il circule la rumeur de la Midnight Channel : Toute personne qui observe un écran de télévision éteinte à minuit un soir de pluie y verra apparaître son âme-sœur. Avec ses deux camarades de classe, Yôsuke et Chie, Sôji s'essaie à l'expérience, ce qui bouleversera son destin et celui de ses compagnons...

Le scénario du quatrième opus vidéoludique reste donc inchangé, si ce n'est le nom différent donné au héros par rapport à l'anime (nous ne pouvons que vous renvoyer vers notre récent dossier pour en savoir plus sur ces divergences). Et parce que chaque épisode de Persona est totalement indépendant, réellement, voilà un manga qui peut faire office de porte d'entrée dans l'univers créé par Atlus. Car cette fois, le récit de l'histoire est chronologique : Pas de ping pong entre les périodes temporelles, l'histoire démarre au point de départ, puis évolue dans un sens logique. Shûji Sogabe a clairement appris de ses erreurs et propose même une narration douce, en faisant d'excellents choix pour rendre digeste et rythmée la longue phase de départ du soft, et sans jamais oublier ses éléments importants.

Alors, ce qui démarre comme une tranche de vie lycéenne ordinaire bascule vite dans le fantastique et le thriller. La poignée de lycéens que nous apprenons à connaître découvre alors un autre monde, psychédélique et horrifique, responsable des meurtres qui frappent leur ville et où les humains peuvent invoquer des doubles psychiques issus de leurs inconscients pour affronter des créatures hostiles. Un programme alléchant, qui rappelle évidemment un certain Jojo's Bizarre Adventure et sa quatrième partie (rien d'étonnant, l’œuvre d'Araki ayant été une inspiration pour Persona). Il se dégage alors une ambiance très particulière de ce début d'intrigue, une plongée dans le mystère d'une part, mais aussi une aura mélancolique à beaucoup de moments. A juste titre puisqu'il est question de décès et de quête de soi, via une mécanique plantée dès ce premier tome et qui prendra de plus en plus d'épaisseur, consistant en une opposition entre les protagonistes et la part d'ombre d'eux-même. Le côté psychanalytique de ce début de scénario rejoint parfaitement la narration, souvent axée sur des narrations externes des figures concernées. Dès ce début de série, Persona 4 est intense et intime, l'adaptation proposant sa propre identité plus que de simplement repomper le jeu au plan par plan. Cet aspect était déjà présent dans le manga P3, dans une moindre mesure, mais malheureusement trop dissimulé par les défauts narratifs du titre.

Visuellement, on sent aussi que Shûji Sogabe avait pris ses aises dans son métier de mangaka. Son récit est parfois épuré, mais sait prendre des allures dynamiques et déconstruites dans des moments d'action toujours servis par de belles planches qui utilisent des semblants de flou pour montrer la violence et l'impact des combats de personae contre shadows. En bref, dans les choix narratifs comme dans le respect du soft et dans la dimension graphique, tout porte à croire que Shûji Sogabe est bien parti pour proposer l'une des meilleures adaptations de la saga, et un manga accessible au nouveau venu.

Enfin, une petite note sur la traduction de Nesrine Mezouane, similaire au bilan des deux autres mangas parus chez Mana Books. Si de bons choix sont faits, d'autres marquent toujours une petite méconnaissance des concepts jungiens, desquels s'inspire ouvertement Persona depuis ses débuts. Il est alors dommage de parler des personae au masculin, et de ne pas conjuguer le terme selon sa grammaire latine. C'est une sorte de pinaillage, mais les fans pointilleux tiqueront sur ces couacs.

Notre chronique se basant sur une épreuve numérique non corrigée fournie par l'éditeur, nous ne pouvons développer un avis sur l'édition physique.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction