Peleliu Vol.3 - Actualité manga
Peleliu Vol.3 - Manga

Peleliu Vol.3 : Critiques

Peleliu - Rakuen no Guernica

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 07 Février 2019

L’étau se resserre pour les japonais de Peleliu, les américains s’installent et renforcent leurs positions, continuant leurs pilonnages sur le siège du QG de la garnison. Tamaru continue de survivre tant bien que mal face aux privations multiples, s’échappant par moment dans ses dessins.

La faim guette désormais les japonais. Le manque cruel de ravitaillement affaibli les hommes, aussi bien physiquement que mentalement. Le nombre de valides pouvant organiser une guérilla sous l’égide de Shimada se font rare. La faim ronge en effet l’esprit des hommes, ils deviennent faible de raisonner tout autant de se tenir debout. Leurs gestes deviennent flous et certains d’entre eux peuvent même mener la perte de l’unité entière. Alors, lorsqu’une cache de nourriture est miraculeusement trouvée, la totalité des hommes valides aident à récupérer la précieuse denrée afin de reprendre les forces nécessaires au combat contre l’occupation américaine. Cependant un événement malheureux va bouleverser les plans des survivants qui se retrouvent à fuir par petits groupes. Pour Tamaru et Yoshiki la survie continue et plus durement qu’auparavant.

Concernant cette survie ce volume nous apportent une nouvelle horreur de la guerre, à savoir les butins de guerre ; le fait de détrousser le cadavre encore fumant d’un ennemi pour récupérer des vivres, munitions, médicaments ou tout simplement un trophée. Pratique très courante durant les conflits du XXème siècle, elle est cruellement introduite avec une saisissante efficacité ce qui permet d’amener d’une même manière la pratique des exécutions sommaires servant à rompre le moral de l’adversaire en exhibant, mise en scène à l’appui, les cadavres de leurs malheureux compatriotes ayant eu la malchance de tomber dans une embuscade. Les américains ne sont pas en reste avec leur pratique courante de vaporiser au lance flammes les nids de survivants après avoir quémandés leur reddition.

L’auteur présente aussi la difficile confiance qu’entrainent les effets secondaires de la faim sur les hommes. Ces derniers ne sont plus maître de leurs pensées, ils cherchent désespérément un moyen de trouver de la nourriture et limiter leur souffrance continuelle d’avoir le ventre vide. Cela se termine souvent en un effacement complet de leur jugement, ce qui les conduit à pointer leurs armes sur leurs propres camarades. Dans ces moments de tensions, la moindre fausse parole ou un sentiment d’égoïsme pour un bol de riz peut rompre la mince confiance régnante chez les survivants. L’ennemi ne vient désormais plus que de l’extérieur, mais bien de l’intérieur. Dans cette situation, Tamaru peut compter sur Yoshiki avec lequel s’installe progressivement une véritable relation de confiance mutuelle.

A noter que Takeda nous offrent un habile trait de clair/obscur en fin de volume qui sert non seulement à déshumaniser au possible des hommes déjà rongés par la faim, la soif, le manque de sommeil et la mort, tout en accentuant la morbide condition physique de ceux-ci, défigurés par les privations. L’obscurité permet donc de dissimuler ces stigmates de la guerre avant le dernier acte d’honneur des soldats de la garnison de Peleliu qui vit les heures les plus difficiles de son « honorable effacement ».
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur

16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs