Over Bleed Vol.1 - Actualité manga

Over Bleed Vol.1 : Critiques

Gekiryûketsu

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 30 Juillet 2014

Critique 1


Avant que Ki-oon ne devienne le gros éditeur qu'il est maintenant dans le milieu du manga, et avant qu'il ne propose grosse licence sur grosse licence, l'éditeur a du prendre des risques en proposant des titres méconnus et pas forcément attendus chez nous. Pari risqué, mais pari gagné puisqu'il est devenu ce qu'on sait.


Retour sur une de ces fameuses prises de risque !


Kei est un jeune lycéen subissant en permanence des brimades de ses camarades de classe, il est clairement le bouc émissaire du lycée, personne ne le respecte, et forcément ce dernier se renferme sur lui même.


Alors qu'il n'en peut plus, entraîné par un de ses deux seuls amis, il passe à l'acte et décide de se suicider en sautant d'un pont avec ce même ami, Akira. Kei survit et Akira disparaît. Un an plus tard, rien ne s'est arrangé pour Kei qui est toujours le souffre-douleur de la brute du lycée, et ce d'autant plus que la vidéo de sa tentative de suicide est bizarrement apparue sur le net. Son dernier ami, Kota, pour le secouer lui donne l'adresse d'un site « underground » trash où se mêlent vidéo de suicide et combats illégaux enregistrés. Il y découvre Bunen, un mystérieux combattant qui lui rappelle Akira. Kei s'oriente alors vers ce monde de l'ombre.


En seulement trois tomes, les auteurs font le pari de nous raconter une histoire mêlant combat et critique sociale traitant de la jeunesse japonaise avec en fond un regard sur les dérives d'internet. Et pour seulement trois tomes, cela fait peut-être peu !


Over Bleed se présente à première vue comme unesérie « baston », et c'est ce que le lecteur vient chercher en lisant ce titre, or l'approche sociale, traitant des brimades subissant les lycéens dans l'indifférence générale, a déjà été traité maintes fois et de bien meilleure manière. Et cela touche d'autant moins le lecteur français que c'est un sujet quasi typiquement japonais. Mais après tout il fallait bien un élément déclencheur pour que Kei se lance dans le monde des combats clandestins. Pour le coup cette critique sociétale est très rapidement reléguée au second plan et apparaît presque de trop, d'autant plus que nous assistons à des comportements assez douteux de la part de certains personnages, comme l'infirmière du lycée qui, une fois qu'elle apprend que deux de ses étudiants participent à des combats clandestins, au lieu d'essayer de les stopper, les encourage à continuer...il est beau le corps enseignant !


Donc après cette entrée en matière un peu maladroite et nous orientant vers une fausse piste qui sera rapidement abandonnée, on se consacre aux affrontements, véritable raison d'être du titre. Mais là encore certaines choses posent question. Peut être pressé par le temps, les auteurs ne prennent pas vraiment le temps de développer correctement l'évolution de Kei, du moins l'évolution martiale puisque le cheminement psychologique du jeune garçon est lui suffisamment bien traité et explicite. Mais en ce qui concerne les affrontements en eux-mêmes… D'un coté on a Kota qui s'est mis à la boxe justement pour se défendre qui s'en sort logiquement plutôt pas mal, mais de l'autre on a Kei qui s'improvise pur génie du combat sans autre préparation que sa volonté...un peu facile. Et là on retrouve notre honteuse infirmière qui se trouve être une fana de sports de combat, et simplement parce qu'elle regarde régulièrement des matchs, cela fait d'elle un coach pluridisciplinaire… Les arts martiaux deviennent donc d'une simplicité affligeante dans Over Bleed.


Et c'est d'autant plus dommage qu'on a l'impression que les auteurs savent de quoi ils parlent de par quelques références et commentaires qu'on trouve ci et là dans ce tome.


Les auteurs ont, semble-t-il, voulu privilégier le dynamisme à la cohérence qui s'est ainsi retrouvée sacrifiée. Mais pour ce qui est du dynamisme, rien à dire. Cela va vite, nombre d'affrontements se sont déjà déroulés, à ce niveau on est servi.


Concernant les affrontements on est ici plus proche de Coq de Combat que de Baki. Ces derniers se veulent réalistes et il s'en dégage une certaine sauvagerie qui fait de ce titre une série à ne pas mettre entre toutes les mains.


Le dessin est précis, détaillé, privilégiant la mise en scène des affrontements ce qui rend ces derniers agréablement très lisibles.


Un premier tome frappant, c'est le cas de le dire, mais qui souffre malheureusement de quelques défauts qui nuisent globalement au plaisir de lecture. Un premier tome violent, sombre, qui peut encore nous entraîner dans plusieurs directions à ce stade et malgré ses limites on a envie de savoir quelle direction va justement emprunter le titre.


 




Critique 2


"Tant qu'il y a de la vie, il y a de la souffrance..."

Kei est un jeune lycéen, subissant la violence quotidienne d'une bande de ses camarades. Devant toutes ses humiliations, son ami Akira lui fait une offre étrange : l'accompagner dans la mort pour l'aider à en finir avec cette vie de souffrance. A deux, ils décident alors de sauter du haut d'un pont, mais Kei réchappe à la tentative. Plus étrange, la vidéo des minutes précédant le saut s'est retrouvé le soir même sur Internet ... Un an après, Kei, devenu une célébrité malheureuse de son établissement, retombe sur cette vidéo sur le site www.overbleed.com, site confidentiel de partage de films de suicides ou de combats de rues. Mais il découvre avec stupéfaction les exploits d'un jeune lutteur, répondant au pseudonyme de Bunen,... en qui il reconnait Akira ! Pour en avoir le cœur net, Kei lui lance un défi via le site, mettant ainsi un pied dans un monde de violence dont il n'a pas idée de ses dimensions...

Over Bleed est un seinen en trois tomes issus du Young Gangan, magazine dans lequel l'éditeur Ki-oon est déjà allé chercher quelques-uns de ses grands succès, comme Ubel Blatt ou Jusqu'à ce que la Mort nous sépare. Nous devons cette série à un collectif d'auteur répondant au nom de 28round, comprenant notamment le dessinateur coréen Park Jung-Ki, auteur du déjà très explosif sonyun manhwa Dangoo (disponible chez Samji). Au scénario, nous avons affaire à un certain "S", dont nous ne savons rien, sinon qu'il s'est initié à la boxe pour préparer cette série fracassante.

Les adeptes de l'éditeur reconnaitront peut-être en Over Bleed un successeur au très efficace Duds Hunt. Mais là où le one-shot de Tetsuya TsuTsui arrivait à développer entre les lignes une certaine satyre sociale, le présent récit n'en a absolument pas l'ambition. On ressent très rapidement la volonté des auteurs d'offrir une série dynamique, où les temps morts n'ont absolument pas leur place. On pourra ainsi y voir quelques facilités scénaristiques, comme un enchaînement très rapide des différents évènements sans véritable cohérence. L'ascension vertigineuse de Kei passant souffre-douleur en machine à tuer en seulement quelques pages, étalant des adversaires aguerris du simple fait de son talent naturel, a de quoi faire lever plus d'un sourcil. On s'étonnera aussi de voir rapidement des alliés de poids graviter autour du jeune homme, comme Kôta, son autre ami d'enfance pratiquant déjà la boxe depuis un an. Citons également l'infirmière Kohiruimaki, qui, non contente de ne pas dénoncer les agissements de ses élèves au corps enseignant (totalement absent du volume), vient à les encourager et à leur offrir de précieux conseils, du fait de sa passion pour les sports de combats !

La série souhaite donc offrir un véritable déluge d'action et de violence, sans se poser trop de questions... et le cocktail marche plutôt bien ! Les quelques incohérences sont rapidement effacés dans le rythme implacable de la narration qui désire aller droit au but. Ce premier tome suffit déjà à Kei pour s'affranchir des problèmes qui le poursuivent, pour qu'il puisse aller de l'avant sur les traces d'Akira. Pour autant, Over Bleed est loin d'être un simple manga de baston bête et méchant. Nous ressentons chez les auteurs beaucoup de compassion pour les différents personnages, se libérant de leurs pressions quotidiennes à la force de leur poings. Il est toutefois encore difficile de savoir quel sera le message apporté à la fin de la série.

Park Jung-Ki, qui nous a déjà prouvé ses talents pour la mise en scène de combats, nous revient ici avec un style bien plus propre, moins fouillis et poussiéreux que dans Dangoo. Le dessinateur a le sens du détail et décompose chaque mouvement en plusieurs cases. Si le rythme peut en souffrir, il en ressort une vrai lisibilité de l'action, d'autant que les cases ne sont pas surchargées par les lignes de vitesse. Nous ressentons également l'esprit du combat de rue au travers de la variété désordonné des techniques, passant de la boxe au karaté et par l'utilisation d'armes incongrues. Il en ressort quelque chose faisant part à l'improvisation, à l'instinct de lutteur. Le trait des visages est plutôt réaliste bien que souvent figé, les expressions passant essentiellement par le regard des protagonistes. Les décors sont également assez bien travaillés, sachant se faire discret quand il le faut.

Au final, malgré quelques défauts scénaristiques, Over Bleed remplit particulièrement bien son contrat, en offrant une série particulièrement dynamique avec un vrai effet "coup de poing". En seulement trois tomes, nous n'aurons surement pas le temps de nous ennuyer, d'autant que les évènements progressent très rapidement. Le tout, sans complaisance sur la violence ni voyeurisme sanglant. Un très bon cru pour les amateurs de baston !


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Tianjun

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael
13 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs