Orient - Samurai Quest Vol.1 - Actualité manga
Orient - Samurai Quest Vol.1 - Manga

Orient - Samurai Quest Vol.1 : Critiques

Orient

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 06 Juillet 2020

Chronique 2

Après le délirant « Sumomomo Momomo », et le génialissime « Magi, the Labyrinth of Magic », Shinobu Ohtaka est de retour chez nous, chez Pika cette fois-ci. Et on peut dire qu'ils ont mis le paquet pour nous présenter cette série (pas autant qu'ils l'auraient voulu très certainement, n'ayant pas pu profiter de la Japan Expo), car on a le droit à un petit porte clé en achetant les deux premiers tomes. Mais surtout car on la droit à des couvertures aux reflets métallisés. Le résultat est assez... Mitigé pour ma part, le trouvant un poil trop clinquant. Mais je vous laisserais juge là dessus (les goûts et les couleurs!).

Musashi est un jeune apprenti mineur qui ne rêve que d'une chose, devenir « bushi » et chasser les « onis ». Or, ces derniers sont considérés comme des criminels, des parias, tandis que les Onis ont été relégués au rang de divinité protectrice des peuples. Son ami d'enfance, Kojirô, avec qui il partageait ce rêve, et qui est lui-même 'lhéritier d'une lignée de bushis, est mis au ban de la société. Et ce dernier tentera de convaincre Musashi d'abandonner son rêve, par tous les moyens, pour qu'il évite de connaître le même sort que lui. Pourtant, alors que Musashi s'apprête à devenir un véritable mineur, la vérité va lui éclater au visage : les Oni sont bien les monstres qu'on lui a toujours décrit, et ils asservissent les hommes, quand ils ne s'en nourrissent pas. Cette vérité permettra à notre jeune héros de prendre enfin son destin en main : qu'importe ce qu'il adviendra, il deviendra un bushi et il libérera le monde de ces créatures !

Alors dans cette critique je ne vais pas parler de tous les clin d’œil historiques que Shinobu Ohtaka fait, mon collègue l’a déjà précédemment fait. En revanche, je vais revenir sur les premières réactions que la série a suscité à ses débuts. Les réactions d’un public anglophones, fan de Magi. Et autant dire que la réaction était assez unanimes : ils n’aimaient pas les premiers chapitres. La plupart ont d’ailleurs lâché l’affaire, et « Orient », qui était pourtant très attendu n’a plus trop fait parler d’elle. Et je dois dire... que je n’ai pas trop compris.
Car vous vous doutez bien que le début d’une série ne peut pas atteindre les sommets de son prédécesseurs. Une bonne série prend du temps à se mettre en place, et ce temps il faut le lui laisser.
Une des critiques récurrentes c’était le début très précipité, qui n’explique pas grand chose de l’univers. Alors je vais poser la question : est-ce vraiment un problème ? Dans l’immédiat, non. Je pense d’ailleurs que l’échec de Samurai 8 en est une belle preuve : il vaut mieux démarrer une histoire doucement, présente son univers avec parcimonie, tout en s’assurant qu’il soit clair, et le densifier une fois que tout est mis en place. Ici, Shinobu Ohtaka a décidé de démarrer son histoire sur les chapeaux de roue avec beaucoup d'actions, un choix dangereux si mal exécuté, mais rudement efficace. Car on est tout de suite immergée dans l’histoire, sans être non plus bombardé d'informations ! Je peux comprendre que ça déroute, mais ce n’est pas un défaut en soi.

Mais du coup, elle a du contrebalancer ça avec un classicisme assez pesant dans le traitement de ces personnages. Difficile de ne pas voir la dynamique « Ali baba/Aladdin » avec Musashi et Kojirô. Difficile de ne pas voir une sorte de Sinbad en Takeda. En bref, on est en finalement en terrain connu avec ce début d’Orient. Et c’est ce que moi je reprocherais à la mangaka : de ne pas être assez sortie des schémas de sa précédente série. Tout du moins, pour le moment. La suite, je l’espère, nous prouvera le contraire. Même si je sais d'avance que je n'aimerais pas cette série autant que j'ai aimé « Magi ». Pour la simple et bonne raison que « Magi » se passait dans une univers de milles et une nuits, et c'est clairement le genre d'univers qu j'adore par dessus tout. Et même si le côté samurai me hype bien aussi, je sais bien que ce sera pas la même chose.
Côté dessin, on a toujours ce trait ultradynamique, ces choix de perspectives assez osé quine font que rendre l'action plus grandiloquentes. On pourra reprocher un manque de travail sur certains décors, mais le tout est relativement très efficace, et pour ma part, je ne me lasserai jamais de son style.

En bref, je trouve qu'Orient démarre bien. Pas de manière spectaculaire, mais je préfère un démarrage lent, surtout quand on connaît bien la mangaka. Elle saura faire monter en puissance son intrigue, je lui fais confiance là-dessus.


Chronique 1

Découverte il y a une douzaine d'années aux éditions Kurokawa avec son tout premier manga, le plutôt fun Sumomomo Momomo, la mangaka Shinobu Ohtaka est ensuite revenue chez l'éditeur dès 2011 avec ce qui allait devenir son oeuvre emblématique: Magi - The Labyrinth of Magic, série qui, en plus d'avoir été adaptée en deux saisons animées et d'avoir connu un spin-off en manga et anime, a surtout développé un scénario particulièrement ambitieux sur fond de politique, le tout sur 37 volumes. Et à l'heure où, après un rythme de parution parfois un peu difficile, on va enfin pouvoir découvrir en France la conclusion de Magi avec la sortie simultanée des tomes 36 et 37 en juillet, voici que ce mois de juin nous permet de découvrir dans notre langue la nouvelle série de l'autrice... mais, cette fois-ci, chez Pika Edition qui est venu s'en emparer.

Lancée au Japon le 30 mai 2018 dans le Shônen Magazine de Kôdansha et toujours en cours à ce jour avec 9 tomes au compteur, l'oeuvre voit donc Ohtaka se glisser chez un troisième grand éditeur japonais en 3 séries, puisque Sumomomo Momomo avait été publié par Square Enix et Magi était sorti chez Shôgakukan. Peut-être est-ce d'ailleurs ce qui a permis à Pika de s'accaparer facilement Orient, du fait du partenariat privilégié de l'éditeur avec Kôdansha.

Nous voici plongés ici dans un Japon féodal fictif, dans l'époque Sengoku, où les bushis, ces guerriers historiques que l'on assimile souvent aux samouraïs, ne sont plus en odeur de sainteté: depuis que les kishin, des êtres mystérieux et puissants aux allures d'onis démoniaques, ont pris le dessus sur les humains pour le contrôle du pays, les guerriers en armure ont été tués les uns après les autres, tandis que les derniers résistants sont conspués. En effet, l'es envahisseurs ont pris soin de modifier l'Histoire plus d'un siècle auparavant afin de se faire passer pour des divinités complètement déifiées par la population, tandis que les bushis sont désormais vus comme des rebuts, des traîtres à la nation du fait de leur résistance face aux dieux". Néanmoins, des clans de bushis continuent vaillamment de combattre l'écrasante suprématie des kishin... et quand ils avaient 10 ans, Musashi et Kojirô Kanemaki, deux amis d'enfance élevés ensemble par le père de ce dernier, se sont eux aussi promis de fonder ensemble leur propre clan de bushis. En effet, nourris par les histoires de Jisai Kanemaki le père de Kojirô, tous deux ont conscience de la vérité cachée par les kishin qui ne sont aucunement des dieux. Seulement, 5 années sont passées depuis, et si Musashi continue de nourrir son rêve de devenir bushi sans pouvoir clairement le crier dans ce monde où les bushis sont haïs, Kojirô, lui, semble avoir laissé tomber ce rêve... Quand l'heure sera venue de combattre des "dieux" montrant leur vraie nature, les deux garçons retrouveront-ils enfin leur vocation pour se lancer dans la lutte ?

Epoque japonaise féodale avec ses bushis/samouraïs, créatures plus démoniaques que divines avec les onis/kishins, et même, au bout d'un moment, arrivée de guerriers en armures et d'éléments plus modernes comme les montures oni mécaniques (des motos, grosso modo): voila, dans les grandes lignes, dans quel nouveau trip Ohtaka promet de nous plonger. Après les influences essentiellement moyen-orientales de Magi, la mangaka se réapproprie donc, cette fois-ci, le Japon de l'époque Sengoku, évidemment à sa sauce, mais en apportant déjà un petit nombre de références à des guerriers ayant vraiment existé. En tête, bien sûr, Musashi (sans nom de famille) et Kôjirô Kanemaki, qui sont des références aux grands rivaux de l'époque Musashi Miyamoto et Kojirô Sasaki (d'autant qu'enfant, Kojirô Sasaki aurait bel et bien eu en formateur Jisai Kanemaki), mais il ne seront pas les seules avec notamment l'évocation de quelques noms connus vers la fin du volume (Takeda, Naotora). Néanmoins, dans les faits l'autrice se contente vraiment de sortes de clins d'oeil et se réapproprie les noms sans gros esprit de fidélité, un peu comme elle l'a fait dans Magi avec Aladdin, Ali Baba, Sindbad et consorts. On reste donc assez curieux de voir ce que la mangaka fera de sa tambouille sur la longueur, d'autant que son idée de "falsification historique" où les kishins sont divinisés et les bushis conspués est également intéressante et pourrait amené beaucoup, ne serait-ce que parce que nos héros ne sont donc pas vus de façon positive par la population... Mais dans l'immédiat, Ohtaka ne fait pas forcément grand chose de tout ça.

En effet, une fois l'idée de base exposée, l'autrice tend à expédier un peu vite certains éléments comme les pseudo-motos, pour plutôt se lancer très vite dans le feu de l'action avec un premier combat d'envergure, dès lors que la vérité esclavagiste explose aux yeux des mineurs de la ville où vivent Musashi et Kojirô. Un premier combat déjà assez long qui vise surtout à consolider le futur parcours de nos deux héros, entre un Musashi qui ne lâche absolument rien pour atteindre son rêve et tenir sa promesse (il a d'ailleurs toujours continué à s'entraîner secrètement à manier le sabre même en travaillant à la mine), et un Kojirô qui devra peut-être remettre en question son "je m'en foutisme" face à la verve de son ami. Dans les faits, le ton est on ne peut plus "shônen", avec des paroles extrêmement classiques sur la volonté de Musashi, sur l'amitié et la promesse de nos deux héros... et Ohtaka n'est pas forcément fine à force d'insister là-dessus, avec des idées qui se répètent parfois dans les valeurs affirmées par Musashi. Le tout se ponctue toutefois de quelques donnes classiques mais assez efficaces sur le bushido, comme le fait que le sabre d'un bushi représente son honneur, et ce que peut bien être l'âme du guerrier.

Visuellement, on reconnaît tout de suite la patte d'Ohtaka, portée par des personnages hyper expressifs et au gabarit très typé shônen là aussi, un ton se voulant très vivant, et quelques bonnes idées de design à l'instar des motos, des bizarres onis (ils ont l'air tout blaireaux comme ça, mais dès qu'ils ouvrent leur surprenante bouche ils font tout de suite plus flipper), et surtout des kishin (enfin, du premier d'entre eux) bénéficiant d'un design gigantesque bien travaillé et assez dense. D'ailleurs, là où certains moments d'action sont franchement basiques et pas toujours clairs dans leur rendu, d'autres en mettent plutôt plein la vue dans les angles ultra dynamiques ou dans le rendu des rapports de force, on pense notamment ici à l'impression de gigantisme du kishin qui est vraiment bien rendue parfois, ou encore à certaines actions en combat de Musashi qui font plutôt bien monter l'adrénaline du moment.

En somme, que penser de ce premier volume ? Eh bien, à l'instar des tout débuts de Magi ou même, dans une moindre mesure, de ceux de Sumomomo Momomo, on sent vraiment que l'on n'est encore que dans une mise en place hyper classique dans le déroulement très, très shônen. L'univers posé par Ohtaka est à la fois assez intrigant et pour l'instant un peu trop foutraque, chose qui n'est peut-être pas aidée par le fait que l'autrice parte très vite dans l'action. Mais au moins, un rythme soutenu s'installe dès le départ, et après ça il n'y a plus qu'à voir si Orient fera comme Magi, c'est-à-dire s'intensifiera et se complexifiera avec toute la réussite qu'on lui connaît. Le tome 2 sortant en même temps que le premier, peut-être que celui-ci nous permettra déjà d'y voir un petit peu plus clair...

Cette chronique ayant été faite à partir d'une épreuve numérique non-corrigée fournie par l'éditeur, pas d'avis sur l'édition.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
kayukichan

14.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs