Ookami Rise Vol.1 - Actualité manga
Ookami Rise Vol.1 - Manga

Ookami Rise Vol.1 : Critiques

Ookami Rise

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 29 Septembre 2021

Le relancement des éditions Panini s'est essentiellement fait par des rééditions et complétions de séries fortement attendues. Mais à côté, l'éditeur a enrichi son catalogue d'autres titres, souvent courts, dotés de dénominateurs communs puisque chacun abordait la science-fiction ou le récit guerrier. Après Alma, Sarissa et Bomber Boy, le nouveau manga de l'éditeur a pour titre Ookami Rise, directement repris de son intitulé japonais.

Lancé en 2018 dans le magazine Ultra Jump de l'éditeur Shûeisha, Ookami Rise n'est pas un titre voué à s'éterniser puisque la prépublication a récemment pris fin, tandis que le cinquième et dernier tome sera proposé le 19 octobre au Japon. L'artiste, Yû Itô, est loin d'être une débutante puisque ses débuts remontent au début des années 2000, son manga le plus long étant Shut Hell, titre d'action historique en 14 tomes. Et bien qu'Ookami Rise soit la premières de ses œuvres que nous pouvons lire en France, nous avons pu observer sa patte sur le character-design original de la série animée Mobile Suit Gundam : Iron-Blooded Orphans, qu'elle a conçu de ses mains.

Le titre prend place dans une époque contemporaine, mais à la géopolitique revue. Autrefois théâtre d'affrontements entre la Chine et la Russie, le Japon est désormais partagé entre ces deux nations. La partie sud se voit renommée « région autonome de Neiwa », et les japonais sont aujourd'hui considérés comme les « wa ». En pleine frontière existent les Wolang, des êtres mi-hommes mi-loups fruits d'expériences du gouvernement chinois. S'ils sont moins d'une cinquantaine, ils aspirent simplement à vivre en paix, mais sont régulièrement pris en chasse par les deux pays. La Chine veut les exterminer, et la Russie mieux les étudier. Autrefois amis, Ken, Akira et Isaku s'étaient rencontrés dans un centre de rééducation. Aujourd'hui, ils sont tous trois dans des camps opposés...

Dystopie aux enjeux géopolitiques complexes, Ookami Rise se dote d'un premier volume particulièrement fourni. Pourtant, à première vue, l'ensemble semble plutôt simple. Le contexte est sommairement posé et suffit à comprendre l'opposition entre humains et Wolang, ces cobayes qui endossent aujourd'hui l'apparence de loups anthropomorphes. A partir de là, Yû Itô amène une première partie de tome musclée dans laquelle le récit emprunte à l'œuvre guerrière, avec un soupçon de science-fiction. Une première bataille se veut intense et va, progressivement, développer des enjeux humains et relationnels dignes d'un drame shakespearien. Voilà le véritable point de départ de ce tome, et peut-être de l'œuvre, preuve que la mangaka nous a bien eu et réserve à son histoire une envergure plus poussée qu'on ne l'aurait imaginé.

Ainsi, le côté action opposant ces soldats aux Wolang ne constitue qu'un lancement, un moyen pour l'artiste de poser ses pions avant d'amener progressivement son univers, qu'il s'agisse de la géopolitique que du destin croisé de trois jeunes gens dans ce contexte chaotique, qui aboutira à la situation vue en début de tome. Si l'amorce d'Ookami Rise propose une contextualisation simple, c'est bien la suite qui va multiplier les subtilités, parlant d'un véritable conflit asiatique dont le Japon serait la victime première, et ses habitants privés de leur identité patriotique. Ce type d'approche a largement été exploitée, mais Yû Itô se saisit assez bien de l'idée pour en faire découler d'autres traitements, dont la naissance des Wolang et surtout le destin probablement dramatique de trois amis d'enfance, que les Puissants de ce monde sépareront de par leurs actions aux conséquences lourdes.

La série que nous découvrons et celle de la fin de lecture de ce premier tome sont donc différentes. Parce que ce premier tome y va progressivement pour décortiquer son ensemble, une seconde lecture donnera un regard nouveau sur l'intrigue qui, d'abord, fait de ces hommes-bêtes des protagonistes, avant de nuancer le schéma. Il est d'ailleurs fort probable que toute la série enrichisse ses développements et thématiques, plaçant les pièces du puzzle progressivement, ce qui aboutira à une relecture d'ensemble plus limpide. Cela reste de l'ordre de l'hypothèse, mais c'est ce que la narration de ce premier tome peut laisser croire.
Enfin, soulignons la patte de Yû Itô, capable de créer un vrai climat au sein du tome. Sa patte, parfois imprécise, contribue à apporter un côté sévère dans cet univers, notamment par les Wolang aux designs qui peuvent varier, certains s'apparentant effectivement à l'expérience ratée plus qu'à l'homme-loup. Son style ne plaira peut-être pas à tous, mais jouit d'un véritable cachet qui donne à ce premier opus une identité artistique. A ceci s'ajoutent les séquences d'action assez exemplaires dans leur découpage, la mangaka étant habile pour faire comprendre la violence des affrontements.

Voilà une amorce largement convaincante pour Ookami Rise donc, notamment parce que Yû Itô sait progressivement enrichir son récit afin que celui-ci se détache du simple manga d'action pour nourrir un background vaste et complexe où les drames humains cotoient les manigances politiques et guerrières. Si ce premier volume a tous les ingrédients pour nous porter de bout en bout, c'est bien sur la durée que la série devra nous convaincre tant le récit a su montrer de belles ambitions qui, on l'espère, seront honorées sous la forme de cinq volumes. Et par ce très bon démarrage, on a envie d'être confiant.

Cette chronique s'appuyant sur une épreuve numérique non corrigée fournie par l'éditeur, nous ne pouvons donner d'avis sur l'édition.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs