Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 03 Janvier 2022
Chronique 2 :
Après quelques tourments pour certain(e)s de ses jeunes membres, la chorale du collège de Kawami a su s'élever, s'unir, pour franchir deux étapes importantes: non seulement les adolescent(e)s ont réussi à passer les phases éliminatoires du concours, mais en plus ils vont participer à un concert commun en ville avec la fanfare ! Tout semble donc aller pour le mieux, même pour Machiya qui, loin de son allure plutôt neutre d'avant, apparaît bien plus rayonnante. Et ça, ça tape dans l'oeil d'une autre personne qui, elle, reste précisément dans le doute: Mito. Si la jeune fille est heureuse de voir s'épanouir Machiya qu'elle observe depuis si longtemps, elle-même ne peut plus s'empêcher de s'interroger sur sa propre place dans la chorale: elle aimerait chanter avec les basses, souhaiterait muer mais ne le peut pas... soit des tourments qui, petit à petit, cristalliseront quelque chose d'encore plus profond chez le personnage. De son côté, Vladimir, qui a temporairement trouvé refuge à Kawami, continuer de douter, en partie pour des raisons inverses de celles de Mito: il a commencé à muer, alors qu'il aurait voulu garder sa voix cristalline, et c'est en partie pour ça qu'il a décidé d'arrêter de chanter en mettant en pause sa carrière. La verve d'Aoi et des autres membres de la chorale pourrait-elle avoir un effet sur lui ?
Vladimir est donc, assurément, l'un des personnages centraux de ce sixième volume, lui qui reste dans le doute face aux inévitables changements de son corps. Mais lui qui dit ne plus vouloir chanter va se retrouver au coeur d'un problème concernant Kawami, cette ville qu'il a en quelque sorte adoptée et qui se retrouve face à un possible gros changement elle aussi: un projet d'usine de traitement des déchets industriels dont une bonne partie des habitants ne veut pas... y compris les élèves de la chorale ! Emmenée notamment par une Ise qui affiche un chouette petit caractère devant son père, les adolescent(e)s souhaitent faire entendre leur voix, à leur échelle, ce qui a également un impact fort sur Valdimir... et quoi de mieux pour ça que de profiter du concert en ville ? En plus de sa petite portée environnementale, cette petite affaire vient cristalliser efficacement toutes les évolutions connues jusque-là par nos jeunes personnages, qui continuent de s'affirmer, de grandir quand bien même les adultes ne veulent pas tous les écouter (mais quoi de plus idiot que de ne pas prendre en compte les avis de la jeunesse sur ce type de sujet qui les concerne directement, en tant que symboles de l'avenir ?), et qui offrent même ici une perspective supplémentaire quant à la place de la musique dans leur ville.
Et cela amène une autre interrogation dans le récit, interrogation qui va occuper en bonne partie la dernière partie du tome: pourquoi exactement nos jeunes héros chantent-ils ? Pour quelles raisons ? Pourquoi veulent-ils chanter ? Chacun s'interroge à son échelle, et peut-être plus encore Machiya. Semblant plus épanouie mais tout de même stressée à l'approche du concours, la jeune fille semble trouver ici, peu à peu, ses raisons, ce qui pourrait également de mieux lui permettre de comprendre qui elle est et qui elle veut être. Une question d'identité qui reste prégnante dans la série, et qui, comme évoqué plus haut, trouve également un point de chute en Mito sous un autre angle tout aussi intéressant, en permettant à Kamatani d'évoquer tout en douceur la dysphorie de genre, sujet où l'auteur(ice) est, rappelons-le, bien placé(e) en se définissant X-Gender.
Portée ici par une tonalité globalement positive où les jeunes personnages continuent d'avancer et de grandir à leur façon par le prisme de la chorale, mais aussi par l'habituel travail visuel ravissant de Kamatani avec son nouveau lot de métaphores et autres représentations visuelles, la lecture reste belle, entraînante, presque propice à l'euphorie par moments... ce qui contrebalance efficacement avec des toutes dernières pages qui, via le bouleversement qu'elles semblent enclencher, pourraient avoir de fortes répercussions en vue des deux derniers volumes.
Chronique 1 :
La chorale du collège Kawami s'est qualifiée pour le concours national ! Ses membres ne choment pas, et vont notamment donner un concert commun avec la fanfare lors de la fête de l'établissement. Chacun trouve sa voie et s'épanoui dans ce climat d'harmonie générale, y compris Vladimir. Ce dernier est en proie au doute depuis qu'il a commencé à muer, et pense sa carrière terminée. Mais au contact de la petite bande, dont Yutaka, il pourrait lui aussi trouver la volonté d'aller de l'avant...
Les doutes des personnages ont caractérisé la série chorale (dans tous les sens du terme) depuis ses débuts. Des personnages autrefois maussades ou rongé par l'appréhension ont maintenant trouvé leur place au sein de la petite chorale du collège Kawami, y compris Yutaka qui s'est autrefois retranché sur lui-même. Maintenant, même Vladimir trouve une petite place légitime dans cet ensemble, preuve de toute l'avancée du récit de Yuhki Kamatani.
Alors qu'il ne reste que deux volumes après celui-ci avant la conclusion de l'histoire, ce sixième tome semble être celui d'un apaisement général et d'un épanouissement sans limite pour tout le casting de la série. En attendant le concours national, c'est par plusieurs petits événements, dont la fête de l'école ainsi qu'une tentative de faire annuler un projet de construction d'usine, que nos jeunes choristes vont affirmer leurs volontés d'avancer, et leur union commune.
Bien des arcs de personnages semblent donc toucher un point culminant, ce qui se ressent tout particulièrement par les personnages de Vladimir et de Machiya qui volent presque la vedette de leurs congénères tant leurs développements respectifs transcendent le volume. Le tout sans jamais oublier le reste de la bande, baignant dans une euphorie toujours marquée par la superbe mise en image onirique de l'artiste. La patte de Yuhki Kamatani continue de véhiculer une infinie douceur symbolisée par la représentation graphique des rêves de chacun et de l'ascension de la chorale, une ambiance dont on ne se lasse toujours pas même après six opus, et qu'on regrette d'avance de devoir quitter dans un avenir pas si lointain.
Pourtant, un personnage reste en proie aux doutes, une figure que nous découvrons véritablement maintenant : Mito. Par son prisme, l'auteur aborde la dysphorie de genre via une figure complexe et touchante, dont le rapport à Machiya est aussi joli qu'empli de sens. On apprécie bien la relation naissante et la finesse avec laquelle Yuhki Kamatani aborde le sujet, à juste titre puisque, rappelons-le, l'auteur.e s'assume X-gender (terme japonais désignant une personne ne se sentant ni homme ni femme). Un parti-pris d'autant plus solide que Mito ne trahit jamais l'ambiance globale du tome, le personnage parvenant à s'élever peu à peu, au même titre que ses camarades.
Toujours marqué par une positivité musicale, Nos C(h)oeurs évanescents profite d'un sixième opus aussi envoutant qu'à l'accoutumée, mais dont les pages finales viennent nous bousculer en pleine euphorie. Un événement particulier pourrait bien marquer le cours des deux tomes restants, aussi il y a de quoi avoir hâte de découvrir ce que la suite nous réserve.
Après quelques tourments pour certain(e)s de ses jeunes membres, la chorale du collège de Kawami a su s'élever, s'unir, pour franchir deux étapes importantes: non seulement les adolescent(e)s ont réussi à passer les phases éliminatoires du concours, mais en plus ils vont participer à un concert commun en ville avec la fanfare ! Tout semble donc aller pour le mieux, même pour Machiya qui, loin de son allure plutôt neutre d'avant, apparaît bien plus rayonnante. Et ça, ça tape dans l'oeil d'une autre personne qui, elle, reste précisément dans le doute: Mito. Si la jeune fille est heureuse de voir s'épanouir Machiya qu'elle observe depuis si longtemps, elle-même ne peut plus s'empêcher de s'interroger sur sa propre place dans la chorale: elle aimerait chanter avec les basses, souhaiterait muer mais ne le peut pas... soit des tourments qui, petit à petit, cristalliseront quelque chose d'encore plus profond chez le personnage. De son côté, Vladimir, qui a temporairement trouvé refuge à Kawami, continuer de douter, en partie pour des raisons inverses de celles de Mito: il a commencé à muer, alors qu'il aurait voulu garder sa voix cristalline, et c'est en partie pour ça qu'il a décidé d'arrêter de chanter en mettant en pause sa carrière. La verve d'Aoi et des autres membres de la chorale pourrait-elle avoir un effet sur lui ?
Vladimir est donc, assurément, l'un des personnages centraux de ce sixième volume, lui qui reste dans le doute face aux inévitables changements de son corps. Mais lui qui dit ne plus vouloir chanter va se retrouver au coeur d'un problème concernant Kawami, cette ville qu'il a en quelque sorte adoptée et qui se retrouve face à un possible gros changement elle aussi: un projet d'usine de traitement des déchets industriels dont une bonne partie des habitants ne veut pas... y compris les élèves de la chorale ! Emmenée notamment par une Ise qui affiche un chouette petit caractère devant son père, les adolescent(e)s souhaitent faire entendre leur voix, à leur échelle, ce qui a également un impact fort sur Valdimir... et quoi de mieux pour ça que de profiter du concert en ville ? En plus de sa petite portée environnementale, cette petite affaire vient cristalliser efficacement toutes les évolutions connues jusque-là par nos jeunes personnages, qui continuent de s'affirmer, de grandir quand bien même les adultes ne veulent pas tous les écouter (mais quoi de plus idiot que de ne pas prendre en compte les avis de la jeunesse sur ce type de sujet qui les concerne directement, en tant que symboles de l'avenir ?), et qui offrent même ici une perspective supplémentaire quant à la place de la musique dans leur ville.
Et cela amène une autre interrogation dans le récit, interrogation qui va occuper en bonne partie la dernière partie du tome: pourquoi exactement nos jeunes héros chantent-ils ? Pour quelles raisons ? Pourquoi veulent-ils chanter ? Chacun s'interroge à son échelle, et peut-être plus encore Machiya. Semblant plus épanouie mais tout de même stressée à l'approche du concours, la jeune fille semble trouver ici, peu à peu, ses raisons, ce qui pourrait également de mieux lui permettre de comprendre qui elle est et qui elle veut être. Une question d'identité qui reste prégnante dans la série, et qui, comme évoqué plus haut, trouve également un point de chute en Mito sous un autre angle tout aussi intéressant, en permettant à Kamatani d'évoquer tout en douceur la dysphorie de genre, sujet où l'auteur(ice) est, rappelons-le, bien placé(e) en se définissant X-Gender.
Portée ici par une tonalité globalement positive où les jeunes personnages continuent d'avancer et de grandir à leur façon par le prisme de la chorale, mais aussi par l'habituel travail visuel ravissant de Kamatani avec son nouveau lot de métaphores et autres représentations visuelles, la lecture reste belle, entraînante, presque propice à l'euphorie par moments... ce qui contrebalance efficacement avec des toutes dernières pages qui, via le bouleversement qu'elles semblent enclencher, pourraient avoir de fortes répercussions en vue des deux derniers volumes.
Chronique 1 :
La chorale du collège Kawami s'est qualifiée pour le concours national ! Ses membres ne choment pas, et vont notamment donner un concert commun avec la fanfare lors de la fête de l'établissement. Chacun trouve sa voie et s'épanoui dans ce climat d'harmonie générale, y compris Vladimir. Ce dernier est en proie au doute depuis qu'il a commencé à muer, et pense sa carrière terminée. Mais au contact de la petite bande, dont Yutaka, il pourrait lui aussi trouver la volonté d'aller de l'avant...
Les doutes des personnages ont caractérisé la série chorale (dans tous les sens du terme) depuis ses débuts. Des personnages autrefois maussades ou rongé par l'appréhension ont maintenant trouvé leur place au sein de la petite chorale du collège Kawami, y compris Yutaka qui s'est autrefois retranché sur lui-même. Maintenant, même Vladimir trouve une petite place légitime dans cet ensemble, preuve de toute l'avancée du récit de Yuhki Kamatani.
Alors qu'il ne reste que deux volumes après celui-ci avant la conclusion de l'histoire, ce sixième tome semble être celui d'un apaisement général et d'un épanouissement sans limite pour tout le casting de la série. En attendant le concours national, c'est par plusieurs petits événements, dont la fête de l'école ainsi qu'une tentative de faire annuler un projet de construction d'usine, que nos jeunes choristes vont affirmer leurs volontés d'avancer, et leur union commune.
Bien des arcs de personnages semblent donc toucher un point culminant, ce qui se ressent tout particulièrement par les personnages de Vladimir et de Machiya qui volent presque la vedette de leurs congénères tant leurs développements respectifs transcendent le volume. Le tout sans jamais oublier le reste de la bande, baignant dans une euphorie toujours marquée par la superbe mise en image onirique de l'artiste. La patte de Yuhki Kamatani continue de véhiculer une infinie douceur symbolisée par la représentation graphique des rêves de chacun et de l'ascension de la chorale, une ambiance dont on ne se lasse toujours pas même après six opus, et qu'on regrette d'avance de devoir quitter dans un avenir pas si lointain.
Pourtant, un personnage reste en proie aux doutes, une figure que nous découvrons véritablement maintenant : Mito. Par son prisme, l'auteur aborde la dysphorie de genre via une figure complexe et touchante, dont le rapport à Machiya est aussi joli qu'empli de sens. On apprécie bien la relation naissante et la finesse avec laquelle Yuhki Kamatani aborde le sujet, à juste titre puisque, rappelons-le, l'auteur.e s'assume X-gender (terme japonais désignant une personne ne se sentant ni homme ni femme). Un parti-pris d'autant plus solide que Mito ne trahit jamais l'ambiance globale du tome, le personnage parvenant à s'élever peu à peu, au même titre que ses camarades.
Toujours marqué par une positivité musicale, Nos C(h)oeurs évanescents profite d'un sixième opus aussi envoutant qu'à l'accoutumée, mais dont les pages finales viennent nous bousculer en pleine euphorie. Un événement particulier pourrait bien marquer le cours des deux tomes restants, aussi il y a de quoi avoir hâte de découvrir ce que la suite nous réserve.