Nos c(h)oeurs évanescents Vol.5 - Manga

Nos c(h)oeurs évanescents Vol.5 : Critiques

Shonen Note

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 01 Juillet 2021

Chronique 2 :

Alors que la chorale continue de préparer le futur concours départemental qui approche à grands pas, et que Yutaka a repris du poil de la bête pour avancer collectivement avec ses camarades, voici que le petit groupe d'ami(e)s de notre jeune héros tombe nez à nez sur Minoru, le grand frère de ce dernier, backpacker ayant fait le choix de sillonner le monde en routard en vivant de petits boulots tout en jouant de la flûte. De retour pour quelque temps dans la foyer familial en même temps que le père navigateur, Minoru est considéré par son petit frère comme celui qui lui a appris à chanter, mais la vérité est légèrement différente... Néanmoins, Minoru est un jeune homme qui a bel et bien des choses à apporter aux jeunes collégiens ici, ne serait-ce que par son ovuerture au monde et à d'autres cultures qui amènent de nouveaux horizons et enrichissements. Et puis, Minoru n'aurait-il pas déjà appris des choses, par le passé et par son talent d'autrefois en chant, à certaines connaissances de Yutaka ? Via le cas de Machiya, c'est quelque chose que Yuhki Kamatani laisse comprendre avec subtilité, sans avoir besoin de trop en dire, et le cas de Minoru devient alors d'autant plus intéressant. La passion du chant qu'il a transmise à son petit frère ou même indirectement à Machiya se ressent bien ici, comme un passage de relais, pour lui qui a visiblement aussi souffert autrefois quand il a commencé à ne plus pouvoir chanter comme avant. Ce que véhicule Minoru est assez lumineux: même s'il a souffert de sa mue autrefois et qu'on devine encore une pointe de mélancolie dans sa musique, il a grandi, s'est ouvert de nouvelles perspectives, et a ouvert la voie à une génération suivante de chanteurs passionnés... même si, inévitablement, ce chant si pur en Yutaka et les autres pourrait n'être que temporaire.

Car un jour ou l'autre, Yutaka, comme les autres garçons, devra se confronter à l'étape de la mue, signe de son passage à un âge supérieur qui lui fera peut-être perdre un jour sa voix si pure. Et si notre jeune héros, lui, n'en est pas encore à cette étape qui approche toutefois inexorablement, il en est tout autre pour son "rival", le russe Dimitri Popov, la star mondiale étant précisément confrontée dans ce tome à cette étape cruciale de l'adolescence, étape forcément cruelle pour lui. On retrouve un Dimitri abattu, ne voulant (ne pouvant ?) plus chanter, dont la carrière semble désormais déjà presque oubliée au profit d'une autre jeune star montante... Mais, loin de tout pathos, Kamatani effectue sur lui un traitement tel qu'on en a vus jusque-là dans sa série, c'est-à-dire un traitement sondant avant tout l'humanité de son personnage. une humanité qui se ressent aussi à travers son oncle et manager Anatoli, qui s'interroge beaucoup au risque d'oublier un peu sa propre famille, et qui nous apparaît très bien nuancé dans ses propres doutes. Surtout, de tout ça, Kamatani tire d'excellentes choses dès lors que Dimitri et Yutaka se retrouvent à nouveau l'un face à l'autre, notre héros pouvant alors affirmer de plus belle au jeune russe sa vision de choses bien différente, que ce soit sur le plaisir pur de chanter en l'instant présent, ou sur les vertus propres au chant en chorale, où se soutenir mutuellement et se reposer les uns sur les autres semble bien plus important que le sans-faute plus individuel. Tout ceci pourra-t-il ouvrir les yeux à Dimitri, pour lui permettre d'avancer face à l'épreuve qu'il est en train de vivre ?

Enfin, comme pour chaque volume, Kamatani profite de la situation pour également approfondir un autre camarade de Yutaka, cette fois-ci Tomo qui, derrière sa jovialité et sa gentillesses habituelles, commence à laisser entrevoir ses propres tourments, qui s'expriment de façon là aussi tout à fait humaine, jusque dans ce que cela peut avoir d'un peu plus "négatif" via un peu de jalousie mal placée. Entre ses difficultés à améliorer son souffle malgré ses efforts, et son sentiment que son ami Yutaka poursuit sa route à toute vitesse en le laissant derrière, Tomo est abordé tout en nuances... avec heureusement, à la clé, une discussion sincère avec Yutaka, rappelant toute l'importance de communiquer.

C'est à travers toutes ces étapes, et en étant porté par les habituelles qualités narratives et visuelles de Kamatani (aspect mélodieux, petites métaphores visuelles...), que s'écoule un cinquième volume aussi beau que les précédents, et où l'issue du concours départemental, même si elle est abordée bien vite, cristallise bien l'évolution humaine des personnages.


Chronique 1 :

Yutaka a retrouvé la passion nécessaire pour réintégrer la chorale, et a même pu faire face à Vladimir en lui exposant sa vision des choses, via un dialogue qui a clairement fissuré la rivalité entre les deux jeunes garçons.
Mais pas le temps pour Yuta de s'apitoyer : Le concours approche à grands pas, et la troupe fait face aux dernières difficultés. Si le jeune soprano est heureux de retrouver son grand-frère, revenu au pays, Tomoya fait face à ses propres limites.

Le tome précédent soufflait une vraie bourrasque, relançant la petite chorale collégienne tout en mettant un sacré coup de pied à la rivalité entre le héros et Vladimir, choriste star dans le monde entier. Aussi, la suite du récit avait beaucoup à traiter, ce que Yuhki Kamatani fait en s'éparpillant parfois un chouïa, mais toujours dans l'optique de développer le cœur de son œuvre : Ses personnages.

Tout l'arc du concours touche à sa fin via un cinquième tome qui dépeint de nouveaux déboires au sein de la chorale. Depuis le départ, l'auteur propose différents focus sur les têtes phares de la série, et c'est ici au tour de Tomoya de profiter de son propre développement. Il est encore question d'une jeunesse face à ses dilemmes personnels et familiaux via ce cas de figure, l'adolescence restant toujours traitée de manière sincère et humaine dans cette optique précise. Et si les sujets peuvent parfois s'avérer graves, le mangaka les explore toujours avec une belle justesse, et ne tombe jamais dans le pathos. Au contraire, il est de nouveau question d'un traitement bienveillant, et évidemment appuyé par la narration onirique et mélodieuse si chère à Yuhki Kamatani. Celle-ci nous transporte à bien des reprises dans le tome, y compris lors des interventions de Minoru, le frère de Yutaka brillant par son charisme, mais qui promet aussi ses propres développements futurs tant il est déjà exposé à certains soucis intérieurs.

Mais c'est aussi tout le segment autour de Vladimir Popor qui prend davantage d'ampleur, et qui représente sûrement la séquence la plus forte du volume. Déjà tiraillé par les propos de Yuta dans l'opus précédent, de nouveaux enjeux frappent le personnage, une fatalité inévitable qu'un titre dédié à la chorale et au chant se devait d'aborder s'il prend de jeunes vocalistes en tête d'affiche. Le moment est lourd et amère, tandis que la psychologie du jeune garçon et d'Anatoli, son oncle et manager, sont explorés avec beaucoup d'humanité. Balayant les archétypes de ce type de relation et de personnage, Yuhki Kamatani offre un portrait d'ensemble humain et poignant, en accentuant avec justesse et ambiguïté un Vladimir qui s'impose comme l'opposé de Yuta.

Finalement, seul le traitement assez abrupte du concours vient nous étonner. Mais on comprend bien que l'auteur s'intéresse plus à ses personnages et à ses thématiques qu'à la compétition pure, un choix pertinent au regard de tout ce qu'a développé la série, sur ses cinq premiers tomes. Nos C(h)oeurs évanescents nous pique toujours au vif, ici via un opus dense et complet, qui ouvre de nouvelles portes pour les trois derniers opus.
   

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction