Noces de l'or et de l'eau (les) - Deluxe - Manga

Noces de l'or et de l'eau (les) - Deluxe : Critiques

Kin no Kuni Mizu no Kuni

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 30 Août 2024

Discrète depuis pas mal de mois, la collection de one-shot shôjo des éditions Akata refait parler d'elle en cette fin août, qui plus est avec la manière pour fêter les dix ans d'existence de l'éditeur indépendant. En effet, Akata nous fait l'immense plaisir de proposer un titre de la très talentueuse Nao Iwamoto, une mangaka que l'on avait adoré découvrir il y a quelques années chez Kazé Manga avec sa très belle série Spiritual Princess, et qui figure parmi les noms importants du genre depuis les années 2000 en ayant vu plusieurs de ses récits gagner des prix. Et en plus de ça, parallèlement à l'édition standard, on peut découvrir une édition collector du titre, sur laquelle nous reviendrons plus bas.

De son nom original "Kin no Kuni Mizu no Kuni" (littéralement "Terre d'Or, Terre d'Eau" ou "Pays d'Or, Pays d'Eau" ), Les Noces de l'or et de l'eau est un récit en 8 chapitres pour presque 300 pages, que l'autrice à dessiné entre 2014 et 2016 pour le compte de l'excellent magazine Flowers des éditions Shôgakukan, un magazine essentiel du josei, dont proviennent également Spiritual Princess ainsi que d'autres superbes titres comme Kids on the Slope et The Blue Flowers and the ceramic forest de Yuki Kodama, Kamakura Diary et Yasha d'Akimi Yoshida, ou encore 7SEEDS et Don't call it Mystery de Yumi Tamura. Forte d'un beau succès public et critique, l'oeuvre a été nommé au 10e Prix Manga Taishô en 2017, a été élu cette même année élu meilleur manga féminin au classement "Kono Manga ga sugoi", et a même connu en 2023 une adaptation en un film d'animation par le réputé studio Madhouse, ce film restant malheureusement inédit en France à l'heure où ces lignes sont écrites. D'ailleurs, c'est à l'occasion de la sortie nippone de ce long-métrage que le manga a connu une nouvelle édition en format deluxe, celle-là même sur laquelle se base l'édition collector française.

L'histoire nous plonge dans un monde fictif où, depuis toujours, deux royaumes rongés par la haine l'un envers l'autre se font régulièrement la guerre au moindre prétexte. Le pays A, a priori pas mal inspiré de l'Empire Ottoman au vu des noms,des titres et des architectures, vit dans la richesse et l'opulence grâce à son sens du commerce et à son tourisme, bien que la population élevée parcourant ses terres en a fait un pays désormais pauvre et désertique au niveau de ses terres, au risque de mener à un manque d'eau dans les prochaines décennies. Globalement plus pauvre au point d'avoir une nourriture plus frugale, le pays B, plutôt inspiré de l'Empire Mongol, peut au moins s'enorgueillir de posséder des terres belles et fertiles.

Un jour, le dieu de ce monde, las des incessantes querelles de ces deux pays, leur imposa de former une alliance à travers les liens du mariage: la plus belle femme du pays A devra épouser l'homme le plus intelligent du pays B. Mais les souverains des deux pays, bien plus soucieux de leur pouvoir que du reste, décidèrent d'en faire fi et même de s'en moquer, en ne se basant pas forcément sur les critères établis pour choisir les futurs époux, et en décidant même de faire une mauvaise farce. Ainsi Sarah, princesse du pays A discrète et loin d'être jugée parmi les plus belles parmi ses très, très nombreuses soeurs, reçut-elle en guise de "mari" un chiot. Quant à Naranbayar, travailleur public du pays B à la situation plutôt modeste mais à l'esprit très avisé, il reçut en guise d'épouse un chaton. Cette simple provocation aurait pu provoquer une énième guerre entre les deux pays. Mais pas avec Sarah, princesse certes potelée mais en réalité pleine de charme et de douceur et dont la beauté du coeur est infinie, et Naranbayar, intelligent fils d'un érudit. En ne créant aucune esclandre, en acceptant de prendre soin de leur animal respectif (qui deviendront pendant la lectures de vraies mascottes délicieuses à suivre ! ), et au gré d'un destin qui les poussera malgré tout à se rencontre et à s'attacher l'un(e) à l'autre, ils vont bouleverser à tout jamais l'Histoire de leurs deux pays.

Nous n'allons pas en dire beaucoup plus sur le déroulement de l'intrigue: forte de personnages secondaires truculents et bien campés (alliés comme ennemis) et de quelques rebondissements, complots et autres dangers efficaces, celle-ci mérite une totale découverte. Ce que l'on peut souligner en revanche, c'est la maestria avec laquelle l'autrice mène son histoire: en s'appuyant sur deux personnages principaux sortant délicieusement des normes de beauté en se révélant pourtant très beaux dans un autre style, sur des designs soigneusement élaborés et parfois faussement simples (coucou Sarah et ses bouilles lumineuses), sur des décors foisonnants et sur des mises en scène bourrées de jolies petites trouvailles (notamment plein d'angles de vue mettant parfaitement en valeur les décors), Nao Iwamoto dépeint dans une atmosphère souvent très légère, positive et même souvent drôle un récit anti-guerre, soulevant l'idée que les alliances, l'entraide et le travail ensemble pour s'apporter mutuellement des choses valent bien mieux que la haine absurde, les manigances politiques et la destruction pour s'accaparer les richesses de l'autre.

Se suffisant parfaitement à lui-même, ce récit est assez brillant et superbe, fait beaucoup de bien et est, soyons clairs, encore meilleur à découvrir dans sa version collector. En effet, non seulement celle-ci est dans un format plus grand et avec une qualité de papier et d'impression un cran au-dessus (ce qui est vraiment parfait pour profiter à fond du travail graphique d'Iwamoto), mais en plus elle affiche de très belles dorures sur sa jaquette, contient toutes les pages couleur de la prépublication d'origine (une bonne dizaine, quand même), et propose dans ses dernières pages une jolie galerie d'une quinzaine d'illustrations et ébauches (beaucoup en couleur, certaines en noir & blanc). Si vous avez quelques euros de plus à mettre pour ce collector, foncez !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17.5 20
Note de la rédaction