Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 06 Juin 2024
Une fois le cliffhanger de la fin du tome 4 très vite évacué dans une quasi indifférence (vraiment, c'était très gros), la quête de Shion et de Nezumi pour secourir Safu se poursuit: avec l'aide d'Inukashi et de Rikiga, ils ont conçu un plan pour essayer d'exfiltrer la jeune fille du pénitencier (si tant est qu'elle soit encore vivante ou simplement humaine), mais doivent désormais attendre le bon moment pour le mettre en pratique, au grand dam du jeune garçon aux cheveux blancs. C'est alors que les autorités de N°6 lancent dans les banlieues de seconde zone leur tant redoutée "chasse à l'homme", dont l'ampleur meurtrière s'annonce inégalée...
Cette chasse à l'homme puis l'incursion de nos héros entre les murs du pénitencier constituent assurément le coeur de ce cinquième volume. Et même si le rendu visuel conserve certaines limites (les moments d'action sont peu inspirés, rapides et basiques dans leur représentation graphique), le résultat est là, tant les garçons et en particulier Shion vont être brutalement frappés, de plein fouet, par l'horreur d'une situation où les corps sans vie s'accumulent et où l'odeur du sang règne de plus en plus. Certaines visions d'effroi font alors assez correctement leur office dans l'optique de faire prendre conscience à Shion (encore trop naïf jusque-là) de certaines choses... mais aussi de ce qui le sépare de Nezumi, les deux garçons ayant eu un parcours bien différent.
C'est là l'autre enjeu de premier plan du tome : continuer de jouer sur ce qui rapproche, différencie voir éloigne les deux personnages principaux, Shion et Nezumi semblant si différents, si incompatibles à première vue, et en même temps si complémentaires et quelque part si proches... Le problème étant que tout compte fait, il n'y a presque rien de nouveau sur ce plan-là part rapport aux précédents opus. Cela devient un brin répétitif, car on a souvent l'impression que leur relation fait un pas en arrière pour deux pas en avant, histoire d'entretenir artificiellement la chose. Quant aux notes shônen-ai, elles restent plutôt mal distillés pour certaines, à l'image de la scène de danse qui arrive comme un cheveu sur la soupe et semble un peu forcée, comme si là aussi Atsuko Asano et Hinoki Kino se sentaient obligées d'entretenir de manière superficielle cet aspect.
Malgré tout, notre intérêt est toujours maintenu grandement éveillé par les enjeux majeurs. Shion saura-t-il s'endurcir ? Sa part de candeur adoucira-t-elle une bonne fois pour toutes Nezumi ? Pendant ce temps-là, qu'arrive-t-il à Safu, pour qui on continue bien de s'inquiéter suite à certaines cases ? Quels choix va faire la mère de Shion ? Les éléments intrigants restent vraiment là, alors il faudrait juste que, désormais, les autrices les intensifient un peu plus.