No Longer Rangers Vol.1 - Actualité manga
No Longer Rangers Vol.1 - Manga

No Longer Rangers Vol.1 : Critiques

Sentai Dai Shikkaku

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 09 Juin 2022

Achevée en France en avril dernier et relancée dans la foulée dans une édition entièrement en couleurs, The Quintessential Quintuplets est une série qui fut auréolée d'un succès bien mérité dans le registre de la comédie romantique, et a largement placé sous le feu des projecteurs son auteur Negi Haruba. Il n'y a donc rien d'étonnant à voir Pika Edition continuer de s'intéresser à la bibliographie du mangaka en lançant en France, en ce début de mois de juin, sa toute dernière série en date. Et cela, même si Negi Haruba change ici totalement de registre (ce qui est tout à son honneur), et même si le sujet de cette nouvelle oeuvre n'est pas parmi les plus vendeurs dans notre pays (ce qui est tout à l'honneur de Pika de tenter le coup) ! De son nom original Sentai Dai Shikkaku, No longer Rangers est une oeuvre toujours en cours à l'heure où ces lignes sont écrites, et qui est prépubliée au Japon depuis 2021 dans les pages du Shônen Magazine, le magazine phare des éditions Kôdansha dans lequel fut déjà proposé The Quintessential Quintuplets.


Cette nouvelle histoire nous immisce dans le Japon contemporain, à ceci près que celui-ci, depuis plusieurs années, est menacé par l'armée maléfique extraterrestre des Humanoïdes, dont la forteresse volante trône au-dessus de la ville d'Amanogawa, et qui cherche régulièrement à conquérir le monde. Pour s'opposer à eux, seuls les Dragon Keepers, un groupe de cinq héros en combinaisons de couleurs différentes, s'avèrent suffisamment forts grâce à leur sobjets sacrés leur conférant de grands pouvoirs. Et c'est ainsi que, chaque semaine, ces héros battent les méchants sous les ovations du public. mais ce que personne ou presque ne sait, c'est que tout ceci n'est devenu qu'un grand spectacle lucratif ! Cela fait effectivement déjà une douzaine d'années que les envahisseurs ont capitulé après l'exécution de tous leurs généraux, qu'il ne reste plus que de faibles troupiers qui n'ont pour eux que leur quasi immortalité, et qu'ils sont obligés de subir chaque semaine d'humiliantes défaites savamment orchestrées par la télévision. Ces humanoïdes n'ont pas trop le choix: pour leur propre survie, ils ont signé un contrat... mais à l'aube de la 1000e défaite de ces "méchants" qui n'ont plus d'envahisseurs que le nom, l'un d'eux, D n'en peut plus: il est bien décidé à regagner son honneur, à se rebeller contre cet ordre établi, et à braver les interdits en s'infiltrant parmi les Dragon Keepers !


Autant évacuer d'emblée le principal défaut de ce premier volume: la mise en place, bien qu'assez ambitieuse en voulant présenter les choses à travers une première "bataille" télévisée, est un peu anarchique dans son déroulement. Rapide, un brin confuse, ne parvenant pas vraiment à faire ressortir les principaux personnages, elle pourrait décourager le lectorat au départ. Mais heureusement, petit à petit, une certaine alchimie se met en place, grâce aux idées d'un mangaka qui, ici, compte bien se réapproprier à sa façon tout un genre: celui du tokusatsu et des sentai, ces récits de superhéros à la base typiquement japonais où des héros en combinaison combattent sans relâche le mal venu d'ailleurs. Une recette que l'on trouve notamment dans Ultraman, X-Or ou plus encore Bioman pour citer quelques noms bien connus, et que les américains ont notamment repris avec leurs Power Rangers.


Mais ici, Negi Haruba ne fait pas les choses de façon classique, car ses superhéros n'ont plus grand chose d'héroïque. Quitte à tromper le public qui pourtant en redemande sans se poser de questions, les pseudo-batailles contre les humanoïdes sont devenues un business lucratif télévisé, et les cinq superhéros d'il y a 12 ans ont visiblement laissé place à des manipulateurs où toute une hiérarchie s'est installée pour devenir les prochains Dragon Keepers, et où les soi-disant héros en costumes sont sans doute plus soucieux de leur gloire, de leur réputation et de leur chiffre d'affaire qu'autre chose. Haruba parodie donc avec plaisir tout un genre, mais on a forcément envie d'y voir aussi (à tort ou à raison, difficile de le dire avec certitude) une petite critique de tout un genre de télé-réalité abrutissante et plus encore de certaines dérives du business du divertissement.


C'est donc dans ce cadre que D, troupier pouvant se métamorphoser, tente sa rébellion dans l'espoir de renverser ce système et de redevenir un méchant qui a un honneur (un honneur de méchant, ça va de soi). Et si l'idée de suivre un tel anti-héros dans ses desseins a quelque chose d'assez audacieux et plaisant, il faudra aussi compter sur d'autres personnages intrigants qui viennent vite s'en mêler et qui, bien que censés être du côté des "héros", dévoilent assez vite leurs propres ambitions, entre la dénommée Yumeko Suzukiri qui veut anéantir tout le système purement et simplement, et le dénommé Hibiki Sakurama qui rêve de changer le système et de créer une société où humains et humanoïdes pourraient vivre égaux.


No Longer Rangers devra donc parvenir à confirmer par la suite, mais il y a clairement du potentiel dans ce récit ayant sa part d'originalité, et où le côté parodique, humoristique voire un peu cynique n'empêche pas quelques rebondissements prometteurs, en tête desquels des toutes dernières pages qui nous laissent très curieux.


Quant à l'édition française: elle s'avère très honnête dans l'ensemble. Le papier, assez souple et sans transparence, permet une qualité d'impression convaincante, tandis que le lettrage est soigné et que la traduction de Yohan Leclerc est claire. Enfin, la jaquette reste sobre et proche de l'originale japonaise, tout en se dotant d'un logo-titre soigné.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs