Ne te retourne pas - Actualité manga

Ne te retourne pas : Critiques

Etsuran chûi

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 12 Août 2020

Le catalogue des éditions Hot Manga se diversifie de plus en plus en proposant des mangas X variés, et c'est tant mieux. Ainsi, l'éditeur a accueilli le mois dernier dans son catalogue Ne te retourne pas, alias Etsuran Chui en vo, le tout premier livre papier d'Iwasaki Yuki, un auteur ayant commencé sa carrière en 2017 et s'étant spécialisé dans les récit horrifiques.

Avec ce recueil de dix histoires courtes (les premières de la carrière du mangaka, donc) de 18-20 pages chacune, c'est donc un mélange rare en France qui nous est proposé: celui entre sexe et horreur. Et dans cette optique, l'auteur ne manque pas d'une certaine imagination en proposant des entités horrifiques ayant souvent des allures de légendes urbaines, le tout dans une registre d'horreur assez fortement japonais, entre fantômes de femmes envoûtantes, monstres difformes, créatures bizarres portant des masques étranges, ou même une sorte de Sadako désarticulée sortant d'une télé. Qui plus est, l'auteur varie les plaisirs: les figures horrifiques sont tantôt des femmes, tantôt des hommes, et les deux sexes peuvent donc se retrouver victimes de ces légendes et événements inexplicables. Enfin, comme souvent avec l'horreur japonaise, pas d'explications à ce qui se déroule... ce qui suscite d'autant plus l'angoisse ! Après, il faut quand même avouer que certains récits apparaissent très basiques voire moins inspirés, avec une part horrifique n'ayant pas forcément beaucoup d'impact, on pense notamment ici à la toute dernière histoire. Mais globalement, une certaine diversité reste de mise, et est d'autant plus efficace que le registre du hentai d'horreur reste vraiment rare dans nos contrées.

Visuellement, c'est dans l'ensemble plaisant. Iwasaki a un joli trait, avec une pointe de froideur collant bien au registre horrifique, mais aussi une certaine sensualité chez ses très souvent assez plantureuses héroïnes. Qu'elles soient figures horrifiques ou victimes, les miss ont un certain charme, même s'il n'est qu'entrevu puisque les récits, courts, vont plutôt à l'essentiel. Les décors assez présents et soignés participent bien à l'immersion, et les choix de mise en scène, d'angles et de positions collent souvent bien à l'ambiance des scènes: dotées d'une sensualité inquiétante quand il s'agit de femmes horrifiques, plus brutales lors de certains chapitres où les victimes prennent plus cher... Finalement, les principales limites viennent d'un côté un peu redondant entre certaines histoires, et de l'impression que l'auteur ne varie pas forcément assez les physiques, les visages, les courbes de ses personnages, qui tendent plus d'une fois à trop se ressembler.

Au final, on accueille avec grand plaisir ce recueil, qui s'inscrit dans un registre de hentai horrifique (qui plus est avec de l'horreur souvent bien japonaise) beaucoup trop rare en France et que l'on espère bien retrouver un jour. Iwasaki Yuki montre tout de même quelques limites, mais pour le tout premier livre de sa carrière le résultat est franchement encourageant.

Quant à l'édition, elle est très plaisante. On a droit au grand format habituel de l'éditeur, avec un papier et une impression de bonne qualité. On regrettera éventuellement l'absence de pages en couleurs, mais sans doute est-ce aussi le cas dans l'édition japonaise. Enfin, Jean-Baptiste Bondis livre une traduction soignée et vraiment adéquate.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction