Natsuko no Sake Vol.6 - Actualité manga
Natsuko no Sake Vol.6 - Manga

Natsuko no Sake Vol.6 : Critiques

Natsuko no Sake

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 10 Décembre 2021

Au prix de certaines luttes et de nombreux efforts autant physiques que psychologiques, le précieux riz tatsu-nishiki a enfin été récolté. Et en ce mois de décembre, à l'approche de l'hiver, chaque personne, au sein de la brasserie Saeki, s'active plus que jamais en vue de moment tant attendu, la production artisanale du ginjô, étape par étape. L'heure du moment de vérité est donc proche... Le saké obtenu à l'arrivée sera-t-il à la hauteur pour s'élever comme le meilleur du Japon et surpasser le Bisen ? L'expérimenté mais malade tôji Yamada tiendra-t-il le coup pour concevoir un saké d'exception, voire le saké dont rêve Natsuko ? L'apprenti Kusakabe sera-t-il à la hauteur dans sa tâche, auprès d'un Yamada qui souhaite en faire son héritier ? Et Natsuko dans tout ça ? Troublée depuis qu'elle a goûté le ginjô N laissé derrière lui par Yasuo, que trouvera-t-elle au bout de tous ces efforts ? Son saké à elle ? Un saké faisant honneur à tous les espoirs de son défunt frère ?

L'heure est donc venue pour Natsuko no Sake de se conclure, au fil d'un épais 6e pavé de 440 pages où, bien sûr, le mangaka Akira Oze se veut toujours aussi méticuleux dans sa représentation des différentes étapes de production du ginjô: lavage du riz à la main, polissage, conception du kôji avec cuisson à la vapeur du riz qui lui est dédié, cuisson du riz dédié au moût du junmai, malaxage pour évacuer l'humidité de façon homogène, etc, etc... jusqu'à la pasteurisation finale, et en n'oubliant jamais l'importance de la température et de la levure entre autres choses. Autant d'étapes précises qui, en plus d'être enrichissantes sur la production d'un saké artisanal (loin des sakés plus industriels comme ceux que le père de Shingo fait), soulignent également tous les éprouvant et admirables efforts humains effectués... Mais ces efforts, justement, jusqu'où pourront-ils aller ?

En effet, comme toujours, l'auteur est très loin de se limiter à un simple manga sur la fabrication de saké, et développe jusqu'au bout nombre de sujets humains, en plaçant plusieurs de ses personnages face à différentes épreuves, à commencer par celles touchant notre cher "Papy", le tôji Yamada, qui effectue sa tâche pleinement, jusqu'au bout, alors même que sa santé reste vacillante. Par amour de son travail, mais aussi par espoir de concevoir un saké d'exception dans son ultime travail et par désir d'offrir à Natsuko le saké de ses rêves, le vieil homme ne lâche rien, et inquiète autant qu'il laisse admiratif dans son abnégation et sa passion du travail bien fait. Mais il sera également question de l'avenir de bien d'autres personnages-clés: que devient Saeko auprès de Goda, confirmera-t-elle le bonheur trouvé dans l'agriculture raisonnée, et pourra-t-elle se réconcilier avec son père si buté ? Quel choix fera Kazuko quand son frère viendra lui demander de rentrer avec lui pour s'occuper de sa mère malade, elle qui considère les Saeki comme son autre famille véritable et qui leur est devenue indispensable ? Shingo arrivera-t-il enfin à concevoir un saké de qualité, bien loin des breuvages plus industriels de son père ? Kusakabe saura-t-il confirmer les espoirs que Natsuko, Yamada et les autres placent en lui ?

Vraiment, chacun des principaux personnages gravitant autour de Natsuko a droit, jusqu'au bout, à un travail humain particulièrement soigné... y compris notre héroïne elle-même, évidemment. Car ici, à bien des égards, Natsuko reste le coeur de l'oeuvre, et bénéficie d'un abord humain impeccable jusqu'au bout, en premier lieu pour ce qui concerne la conception tant espérée de ce saké d'exception, unique, qui rendrait parfaitement honneur à l'héritage laissé par Yasuo, et par la même occasion pour la conception de son saké à elle, le "saké de Natsuko", qui cristalliserait son choix de vie. Un choix de vie que la jeune femme, toujours aussi battante jusqu'au bout malgré les doutes, tâche d'affirmer également via la place qu'elle veut occuper dans la brasserie familiale à l'avenir, ainsi que dans ses décisions sentimentales assez fortes, surtout vis-à-vis d'Utsumi.

Alors, jusque dans son final à la fois abouti, émouvant et ouvert sur l'avenir (l'avenir des personnages, et l'avenir du saké japonais artisanal à l'aube du 21e siècle - n'oublions pas que la série date de 1988-1991), l'oeuvre d'Akira Oze ne fait que confirmer toute sa puissance, toutes ses qualités: manga éducatif sur la fabrication de saké autant que récit engagé parfois avant-gardiste (sur l'agriculture raisonnée/bio, la place du riz au Japon, la place d'une femme vaillante dans un milieu très masculin...) et qu'incroyable, profonde et touchante fresque humaine, Natsuko no Sake et un bijou d'un bout à l'autre, et fait partie de ces oeuvres restant atemporelles malgré ses 30 ans passés.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
19 20
Note de la rédaction