Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 03 Février 2025
Le « Faucon », nom nouveau de l'escouade de Sasuke, s'est associé à Akatsuki pour mettre la main sur les démons à queues. Pour l'héritier des Uchiwa, le sort d'Itachi ne doit pas rester impuni, et ce dernier compte bien anéantir l'entièreté de Konoha. Le groupe parvient à trouver Killer Bee, réceptacle de Hachibi. Le combat se révèle intense : le ninja manie parfaitement les pouvoirs du bijû, si bien que même les nouveaux pouvoirs de Sasuke ne semblent pas de taille contre un tel opposant.
De son côté, Naruto poursuit l'entraînement des ermites en tentant d'apprivoiser le chakra senjutsu. Mais la tâche est fastidieuse, pour ne pas dire impossible. À Konoha, l'enquête sur Pain piétine. C'est alors que ce dernier lance son assaut sur le village caché...
Nous voilà déjà arrivés à l'équivalent des volumes 45 et 46 de la numérotation originale de Naruto. Après des affrontements éprouvants qui ont amené leurs lots de rebondissements scénaristiques, au point de redistribuer certaines cartes, l'un des moments souvent les plus appréciés des fans est sur le point d'avoir lieu.
Le double opus se révèle particulièrement dense. Si Masashi Kishimoto s'est dernièrement centré sur des points précis de son histoire (à savoir la lutte à mort de Jiraya puis le combat décisif entre Sasuke et Itachi), il aborde ici différents aspects, tous plus importants les uns que les autres. Qu'il s'agisse de la tentative du groupe de Sasuke de mettre la main sur Hachibi, l'entraînement de Naruto ou l'attaque de Pain, l'ensemble est d'une générosité assez folle, évitant au récit le moindre temps mort. La balance est d'autant plus louable qu'une énième période d'apprentissage pour Naruto pouvait se montrer fastidieuse. Mais il n'en est rien, le tout étant traité à un rythme excellent, permettant à la fin de ce volet de montrer les premières conséquences de cet entraînement.
L'amorce est entièrement consacrée au combat entre le Faucon et Killer Bee, un affrontement prouvant la démesure dans laquelle est entrée la série dernièrement, mais qui conserve une bonne intensité du début à la fin. Le réceptacle de Hachibi est une figure décalée et intéressante, aussi on sent que l'auteur a de la suite dans les idées le concernant, contrairement aux autres possesseurs de démons (excepté Gaara et Naruto). Reste un point qui divisera largement : Le traitement de Sasuke. Sa quête de vengeance sur Itachi n'étant plus, il fallait donner au renégat de nouveaux objectifs. On pourra alors tiquer de l'absurdité du personnage et de ses ambitions absolues, bien que cela reste cohérent avec la chute du jeune Uchiwa dans les ténèbres. Ça manque largement de nuances, mais pourquoi pas.
À côté, le double focus entre l'attaque de Konoha et l'entraînement de Naruto mène à l'un des assauts les plus spectaculaires de la série, à l'heure actuelle. La menace de Pain est grande, et Kishimoto n'hésite pas à faire du paisible village caché un champ de bataille grandiloquent, véritable point de chaos où chacun peut perdre la vie à tout instant. L'auteur propose d'ailleurs quelques moments d'intensité dramatique bien dosés, si bien que la survie de certains personnages reste floue à la fin de cet opus.
Vient alors le final, un point d'orgue qui prouve que Kishimoto a très bien utilisé l'entraînement de Naruto et son image de prodige de manière à attendre son retour comme le messie. Il y a clairement une influence d'Akira Toriyama et de son Dragon Ball, titre dans lequel l'arrivée de Son Gokû se fait toujours attendre, le saiyan ayant alors acquis la force nécessaire pour tenir tête à un redoutable ennemi. Retranscrit sur Naruto, l'effet reste efficace, logique et attendu, malgré des rapports de force qui franchissent encore un cap démentiel. On sent néanmoins une légitimité dans le rôle conféré au ninja blondinet : car si ce présent tome est une ode à sa force, il dresse aussi l'évolution du personnage aux yeux de ses confrères de Konoha. De gamin rejeté, il est devenu le héros acclamé auquel chacun s'est attaché. Le traitement est remarquable, preuve que l'auteur conserve une volonté d'écriture habile derrière des airs de manga bourrin versant dans la surenchère. Dans son genre, Naruto reste bien mené à l'heure actuelle.
Du côté des bonus propres à cette édition Hokage, c’est le retour des suppléments particulièrement croustillants pour quiconque s’intéresse au processus créatif de Masashi Kishimoto. Sur quelques pages, les croquis des designs des personnages tirés de la deuxième grande partie du manga sont exposés, le tout agrémenté de commentaires du maître et d’une petite série de questions-réponses. Typiquement le type d’ajouts qui donne du peps à cette mouture de l’œuvre !