NECROPHILIS Omnibus - Edition Prestige : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 07 Août 2025

Cet été 2025 marque bel et bien le retour de Ohagi San dans nos contrées. Après l’avoir connu sous le nom Okito Endô avec l’émoustillant Elven Bride, le mangaka spécialisé dans le hentai nous parvient une nouvelle fois aux éditions Hot Manga, via différents ouvrages qui innovent les formats de la maison. Outre les doujinshis Elven Bride : ReBridal et The Crucifixion of Succura, l’éditeur aborde un format prestige encore plus imposant que fut la deluxe de Elven Bride, afin de mettre à l’honneur des artistes à la patte marquée. Justement, Ohagi San est un auteur qu’on apprécie pour son style des plus dense, et le retrouver dans un si bel écrin est particulièrement alléchant.

Initialement publié au Japon en 2020 avec son cercle d’auteurs 70 Nenshiki Yûkyû Kikan, Necrophilis est un omnibus qui compile cinq histoires initialement dessinées et vendues pour les conventions. Cinq histoires dans lesquelles l’artiste pousse son goût des récits cochons dans des univers qui lui sont propres et par des codes qui lui sont familiers. Trois des histoires sont intégralement en couleur, ce qui justifie totalement une sortie dans ce format prestige (sur lequel nous reviendrons en fin de chronique).

Sur ces cinq récits, notre monde contemporain et le factuel n’ont que peu de place. Tout comme il imaginait des relations teintées de fantasy dans Elven Bride, Ohagi San aborde des folklores divers, à base de poupées mécaniques, vampires et harems orientaux, dans des registres qui flirtent entre l’historique et le fantastique. Des mondes que l’auteur aime développer graphiquement, aussi les premières pages du « Boudoir de Coppélia », la première histoire du recueil, nous subjuguent par des esthétiques steampunk et victoriennes qui n’ont rien à envier à celles de Kuroimori, mangaka experte dans ces visuels. Nos premières expériences ne nous ont donc pas trompés. Les mangas coquins de Ohagi San sont pour lui de vrais terrains d’expérimentations pour décortiquer son approche du hentai, permettant au lecteur de se rassasier aussi bien des rapports fougueux entre personnages que des ambiances liées aux univers et aux esthétiques déployés.

À travers ces histoires, le mangaka présence les rencontre entre une poignée de protagonistes masculins, aux prises avec différentes figures de la fiction fantastique, voie de l’historique. Des poupées mécaniques, comme on en parlait précédemment, voire même une jeune vierge qui sert d’appareil reproductif à une vampire qui demande du sang humain pour se rassasier éternellement. Des relations souvent bien piquées, marquées par les libidos extrêmes des uns et des autres, dans lesquelles s’intègrent tantôt une pointe de lyrisme littéraire, tantôt une forme de comédie, et tantôt un drame qui peut se montrer très touchant le temps de quelques cases. De manière générale, pour la plupart des récits, on observe des chutes sur les dernières pages qui font basculer l’ambiance, le propos, ou alors le traitement des protagonistes. On sent bien que Ohagi San n’est pas fermé dans une seule approche du hentai mais aborde ses intrigues sous des angles propices selon le cadre ou le scénario déployé, voire selon l’époque historique dont il s’inspire. Outre son caractère émoustillant, Necrophilis est un ouvrage capable de surprendre à son échelle.

Mais si l’auteur est quelqu’un qui renouvelle ses approches du genre, il reste fidèle à certaines mécaniques et quelques fantasmes particulièrement liés à la maternité. Ainsi, on retrouve une fétichisation de la fécondation dans presque toutes les histoires, quelque chose de très particulier dont il semble avoir conscience puisque les différentes tirades autour de l’accouplement et des appareils reproducteurs donnent des échanges délicieusement absurdes par moment. Pourtant, là aussi, il sait adapter ses fantasmes aux orientations de ses histoires, de manière à ce que ces situations reproductives débouchent, parfois, sur des finalités surprenantes et douces-amères. Que l’ont adhère ou non à ces kinks, on reconnaît que Ohagi San sait les manier pour donner de la consistance à ses intrigues.

Par cette densité et le délice de la patte de son auteur, Necrophilis est un ouvrage qui se présente comme un indispensable pour les fans du genre. Un plaisir graphique appuyé par l’édition Prestige qui cumule un grand format à un papier brillant qui permet d’apprécier les récits en couleur d’Ohagi San, une couleur qui apporte énormément aux ambiances grâce à ses tons chauds. L’ouvrage profite aussi d’un joli travail sur la couverture, que ce soit pour le papier mat qui cumule dorure à chaud et vernis sur ses éléments textuels. Hot Manga a clairement choyé le retour de l’auteur dans son catalogue, et ça se sent. On ne peut qu’espérer que d’autres ouvrages aient droit à un traitement similaire.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction