Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 06 Juin 2025
La manipulation d’All For One aura été totale, et ce dernier prend le contrôle du corps de Tomura. Izuku se lance alors dans un ultime assaut, mais il n’est pas seul : l’ensemble de la Seconde A se démène pour affronter l’éminence grise derrière l’Alliance des super vilains. Grâce à son pouvoir, Izuku parvient à atteindre le for intérieur de Tomura afin de lui tendre une dernière fois la main…
Plus de neuf ans nous séparent du lancement français de ‘My Hero Academia’. Dès lors, le titre s’est imposé grâce à sa galerie de personnages, son adaptation des codes du récit de superhéros dans un shônen d’action, la patte inimitable de son auteur et une trame qui, jonglant entre comédie scolaire et aventures dramatiques, s’est montrée d’une grande qualité. Avec ce 42e volume, l’heure des adieux est venue, et la conclusion que nous propose Kôhei Horikoshi est à la hauteur de son œuvre.
Pourtant, et c’est peut-être le seul bémol qu’on peut reconnaître à l’ouvrage bien qu’il ne concerne pas le scénario en lui-même, la conclusion du combat final n’occupe que le premier chapitre de ce dernier recueil. En termes de découpage, un aurait sans doute préféré que cet achèvement se situe dans le volume quarante-et-un, de manière à ce que ce tome de fin soit un immense épilogue. Il n’y a en soit pas grand-chose à dire que les termes de l’affrontement, si ce n’est son caractère un peu hâtif tant on sent que l’auteur a des symboliques à appuyer. Tout l’intérêt de cette fin vient plutôt du temps que prend le mangaka pour poser le point final de son histoire, ce qui passe par 8 chapitres qui décortiquent les retombées de la grande guerre contre l’Alliance, la manière dont les personnages prennent conscience des lacunes de la société qui ont engendré les grands ennemis de l’intrigue, l’avenir et le rôle qui leur incombe, mais aussi le devenir des quelques adversaires encore en vie à la fin du dernier grand arc. Loin de se satisfaire d’un simple épilogue global, Kôhei Horikoshi a à cœur de développer cet ensemble, souvent avec pas mal d’humour, mais aussi beaucoup de solennité. L’auteur, comme ses héros, a conscience des enjeux qu’il a dressés et des discours politiques qu’il a amenés. Il tente de mener ces pistes à leur conclusion le mieux possible, ce qui, condensé dans un unique tome décisif, se révèle solide et pertinent. On aurait évidemment aimé que le maître s’attarde sur chaque élève de la Seconde A et chaque personnage secondaire afin de donner à chacun le final qu’il mérite, mais l’exercice semblait impossible à moins de repartir sur quelques opus supplémentaires (ce qui, au vu de la santé de Kôhei Horikoshi, aurait été inconscient). Clairement, ce dernier volet apporte des réponses thématiques tout à fait satisfaisantes, non sans un certain idéalisme, mais qui colle totalement à l’esprit de ‘My Hero Academia’. Une fin qui ne cède pas non plus à la facilité puisque les principaux choix de développement sont tous assumés par l’auteur qui fait de certains drames majeurs de la fin de véritables fardeaux pour plusieurs des héros, donnant de petites notes mélancoliques à plusieurs reprises.
L’heure n’est donc plus à l’adrénaline des combats, mais aux au revoir avec toute une galerie et un univers qui nous auront accompagnés pendant près de dix ans. Entre les moments de vie quotidienne et tous les développements conclusifs proposés, l’opus final de la série est à la hauteur de nos attentes. Pour réussir dans cette optique, il fallait que l’auteur reste digne du ton de son œuvre, sans partir dans le pathos. C’est chose réussie avec un volume conclusif où l’on rit et où l’en s’émeut, chaque chapitre nous apportant des réponses thématiques, des gestes d’adieux et de petits moments d’émotion qui nous rappellent une dernière fois toute la densité de l’œuvre phare de Kôhei Horikoshi.
‘My Hero Academia’, c’est fini. L’auteur nous aura offert une sacrée aventure de bout en bout, et la place du titre parmi les best-sellers de la décennie dernière n’est clairement pas usurpée. Sur le long terme, il méritera même sa place parmi les références du genre. Mais ça, seules les années à venir nous le confirmeront ou non.