Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 12 Septembre 2024
Mushoku Tensei étant l'une des licences les plus porteuses de Doki-Doki ces dernières années, l'éditeur continue fort logiquement de l'exploiter en nous proposant de découvrir, en ce mois de septembre, Mushoku Tensei - L'épée d'Eris, un one-shot d'environ 220 pages dont les six chapitres furent initialement prépubliés au Japon en 2022 sur le site Gangan Online de Square Enix, sous le titre "Mushoku Tensei - Eris wa Honki de Kiba wo Togu" (littéralement "Mushoku Tensei - Eris aiguise sérieusement ses crocs", ce colle bien à son tempérament ! ). Pour ce spin-off basé sur l'oeuvre originale de Rifujin na Magonote, le scénario est l'oeuvre de Yuu Okano que l'on connaît aussi pour être le romancier d'origine de The Unwanted Undead Adventurer, tandis que le dessin a été confié à Take Higake donc ce fut le premier (et a priori toujours unique à ce jour) manga.
L'épée d'Eris s'inscrivant à un moment-charnière de l'histoire de Mushoku Tensei, précisons tout de suite une chose: si vous n'êtes pas arrivés au moins à la fin de la saison 1 de l'anime ou à la fin du volume 10 du manga, évitez de lire ce spin-off et cette chronique, car ce serait synonyme de gros spoil assuré.
On retrouve ici Eris peu de temps après sa décision de laisser derrière elle Rudeus: extrêmement marquée par la défaite cuisante contre Oersted qui a failli coûter la vie à son bien-aimée, la jeune fille a effectivement décidé de partir jusqu'à la terre sacrée des épées en compagnie de Ghislaine, dans le but d'y recevoir l'enseignement de Gal Farion, surnommé l'escrimeur ultime. même si elle sait qu'Oersted, le "dieu dragon", est réputé pour être le plus brillant escrimeur de ce monde, l'impétueuse rousse a décidé de tout faire pour progresser dans son art de l'épée afin d'être en mesure de protéger Rudeus et ses proches et de terrasser le dieu-dragon la prochaine fois que leurs chemins se croiseront. Après une rencontre très loin d'être paisible, Gal, d'abord réticent, finit par accepter d'apporter son enseignement à Eris pour maîtriser le sabre de lumière, mais à une condition:qu'elle accomplisse pour lui une mission, à savoir aller tuer à sa place un redoutable escrimeur l'ayant provoqué en duel.
Si la perspective de découvrir le parcours de notre chère Eris loin de Rudeus a facilement de quoi titiller la curiosité,autant le dire tout de suite: le déroulement est ici très simple et linéaire, en étant vouée à évidemment placer la jeune fille face à l'homme qu'elle doit abattre, mais non sans quelques rapides détours en formes de missions secondaires pour lui permettre de s'endurcir encore un peu plus: massacre de gobelins ayant enlevé une enfant et d'autres femmes, lutte contre des brigands faisant leur loi dans une ville... on est sur du très, très classique, où il ne faut s'attendre à aucune surprise.
Néanmoins, il faut bien l'avouer, il y a de bonne choses dans ce spin-off, tout aussi classique soit-il.T out d'abord,le dessin de Higake Take fait très bien le job,surtout pour une première oeuvre: ses décors sont bien présents et suffisamment riches et précis pour accentuer l'immersion, ses designs sont très propres, ses brefs moments d'action jouissent d'une bonne intensité grâce à un rendu global qui se densifie quand il faut... Ensuite, il y a de quoi suivre avec assez d'intérêt les quelques petites réflexions de notre héroïne pour trouver comment progresser en suivant les quelques conseils obtenus, jusqu'à peut-être parvenir à maîtrise la fameuse épée de lumière. Et surtout, quand on connaît son caractère déjà bien vu dans la série-mère, il y a de quoi se régaler de voir Eris érigé au premier plan de son spin-off: impétueuse, effrontée, sauvage, enragée,ne se laissant absolument jamais dégonfler, elle a largement l'occasion ici de briller en imposant son charisme, sa détermination et son côté badass.
Mais le seul charme d'Eris ne peut suffire à faire de ce spin-off un excellent récit, en particulier parce que L'épée d'Eris souffre d'un autre problème,à savoir son aspect inachevé. Comme le laisse effectivement le chiffre 1 présent sur la jaquette de la version japonaise, ce spin-off était a priori voué à compter plusieurs volumes, mais a été laissé en plan après un seul tome. Pourquoi ? On ne le saura peut-être jamais. Dites-vous donc bien que ce seul volume n'est en quelque sorte qu'un premier arc: Eris a beau accomplir la mission confiée par Gal,finalement son apprentissage ne fait que commencer, et il lui reste beaucoup de chemin à parcourir... chemin que l'on ne connaîtra pas ici. C'est d'autant plus triste et frustrant qu'Eris, figure parmi les plus chouettes et essentielles de Mushoku Tensei (et même le meilleur personnage de la licence pour votre serviteur), mériterait largement d'être plus à l'honneur via ce genre de spin-off.
A part ça, côté édition, Doki-Doki est fidèle à lui-même: jaquette bien adaptée de l'originale japonaise, papier bien épais, excellente impression, première page en couleurs sur papier glacé,lettrage très propre du Studio Charon, traduction limpide et vive de Jean-Benoît Silvestre... Il n'y a rien à redire.