Mother Parasite Vol.1 - Manga

Mother Parasite Vol.1 : Critiques

Mother Parasite

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 09 Novembre 2023

Remarqué en France aux éditions Komikku dès son tout premier manga, le polar noir classique mais efficace en 3 tomes Assassins, qui fut publié dans notre langue en 2016-2017, Hirohisa Sato a ensuite suscité l'intérêt des éditions Mangetsu qui ont proposé, pendant l'année 2022, la deuxième oeuvre de sa carrière, Shigahime, sorte de récit érotico-horrifique teinté d'une forte part de tragédie cruelle et malsaine, dont les 5 volumes viennent par ailleurs tout juste de ressortir en un coffret de l'intégrale. Visiblement friand de la patte visuelle assez reconnaissable de l'auteur, Mangetsu lui reste fidèle en lançant dans notre langue en ce mois de novembre, sa troisième et dernière série en date, Mother Parasite, qui suit son cours au Japon depuis 2020 dans le magazine Comic Zenon de Tokuma Shoten/Coamix, magazine où il avait déjà fait paraître ses deux mangas précédents.

"L'évolution de la vie n'est qu'un long, très long chemin, à la recherche de la mère parfaite."

C'est sur cette phrase que débute l'oeuvre. Une phrase qui, depuis l'orphelinat où il se trouve, semble s'être profondément gravé dans la mémoire du dénommé Ryôta, un enfant dont on comprend donc d'emblée qu'il n'a pas de vie de famille et n'a jamais connu sa vraie mère. Quelques années plus tard, cet enfant est devenu un jeune adolescent en âge d'aller au collège, et vit un quotidien a priori heureux avec sa mère adoptive Sanae Miki, qui se plie en quatre pour rendre leur quotidien harmonieux. Assurément, Sanae tâche d'être une bonne mère... et pourtant, la jeune femme panique au moindre petit signe de déception de son fils, comme si elle redoutait quelque chose, en le suppliant même de la laisser rester sa maman. Mais malheureusement pour elle, on peut rapidement se demander si son souhait sera exaucé, car on a compris d'emblée que Ryôta semble rechercher ce qui serait la mère parfaite. Or, en se rapprochant d'un camarade de classe nommé Kaoru Kasai, il découvre la mère de celui-ci, Rika, une femme qui n'a pas forcément une excellente réputation. Nourrie d'un instinct maternel excessif, constamment inquiète pour Kaoru qu'elle sur-couve au point de changer complètement de visage quand on s'approche de lui, elle embarrasse beaucoup son fils à un âge où il souhaite naturellement s'émanciper, lui vaut des brimades de mauvais goût de la part de certains autres élèves, et est la cible de rumeurs négatives de la part d'autres mamans. Simplement, Rika semble être, pour pas mal de monde, une mère toxique. Et pourtant, Ryôta, en voyant tout l'amour maternel qui coule d'elle, ne peut s'empêcher d'être intrigué, attiré par cette mère, jusqu'à vouloir la connaître toujours plus de plus près... et à mettre en marche son inquiétant plan.

Il faut voir ce premier volume comme un tome de mise en place d'une intrigue qui a de quoi piquer la curiosité de par sa façon assez particulière d'aborder un thème bien précis autour des rapports mère/fils, de l'éducation et de ce que serait une "mère idéale". Mais pour se laisser pleinement happer par ce début d'intrigue où l'on devine immédiatement les grandes lignes malgré la volonté de l'auteur de ne pas trop en dire tout de suite (en même temps, avec cette première phrase et cette première page où l'on comprend tout de suite que Ryôta était orphelin, forcément les tentatives de rester un peu mystérieux ne fonctionnent pas trop par la suite), il faudra, justement, accepter le ton un peu particulier: si Hirohisa Sato développait dans Shigahime une ambiance toujours plus malsaine, on retrouve également ici ce goût pour les choses un peu glauques et dérangeantes, notamment quand l'auteur joue sur certains sous-entendus autour du côté fusionnel des relations entre les mères et les enfants qu'il met en scène, ou quand il expose la nudité de Sanae et de Rika dans des contextes délicats. Et c'est aspect-là, clairement, ne plaira pas à tout le monde, d'autant plus qu'on a l'impression que, par moment, le mangaka force le trait en faisant un peu du "glauque pour le glauque" sans rien de plus, sans que ça se justifie toujours.

A part ça, si l'on reconnaît bien le style de Sato dans les designs, les habitués de l'auteur observeront sûrement que son trait est régulièrement un peu moins dense et un peu plus relâché que dans ses deux précédentes séries. La plupart du temps ça passe très bien car pour le moment l'univers global est moins sombre que celui d'Assassins et de Shigahime, donc peut-être est-ce voulu de la part du dessinateur. Néanmoins, on regrettera certains visages bien plus inégaux que d'autres. Tout comme on appréciera certains petits effets d emise en scène cherchant plutôt bien à accentuer le côté glauque (ne serait-ce que certains gros plans sur certaines parties du corps comme la gorge quand Ryôta crie, par exemple).

Difficile de poser un avis sur ce premier volume, qui a de quoi déstabiliser autant dans son propos que dans ses élans dérangeants. L'intrigue a de quoi devenir assez unique et peut alors facilement titiller la curiosité, mais d'un autre côté tout le monde n'accrochera pas à l'aspect déjà pas mal glauque, aspect pas toujours bien équilibré pour l'instant et qui risque de s'accentuer par la suite, au vu de la bande-annonce du tome 2 et des couvertures japonaises des volumes suivants. A chacun de se faire son avis, donc !

Côté édition, la copie proposée par Mangetsu est toute à fait honnête avec un papier souple et opaque permettant une très bonne qualité d'impression, une traduction très claire d'Aline Kukor, un lettrage soigné de Farid Daoud, ainsi qu'une jaquette sans fioritures, à la fois fidèle à la version japonaise au niveau de l'illustration et dotée d'un logo-titre joliment incrusté de la part de Tom "spAde" Bertrand.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs