Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 26 Juin 2024
Lors du banquet réunissant tous les protagonistes de la série dans une ambiance chaleureuse telle qu'on n'en avait jamais vue auparavant, William, Sherlock et Billy ont commencé à narrer leur périple commun en Amérique. Nous étions restés, à la fin du tome précédent, sur la perspective pour Sherlock de mener à bien une mission confiée par le gouvernement américain: affronter et mettre hors d'état de nuire des hors-la-loi semant la terreur dans la petite ville de Vermissa (clin d'oeil au roman "La Vallée de la peur" mettant en scène Holmes) pour s'accaparer leurs terres, mission qu'il est somme toute un peu étrange de confier au détective puisqu'il n'est pas spécialement un combattant. Mais fort heureusement pour lui, Billy insiste particulièrement pour l'accompagner dans cette mission, car il a un vieux compte à régler avec McGinty, le boss des malfaiteurs, directement lié à son passé qui le tourmente toujours...
Assez vite dans ce tome, il est alors question pour les auteurs de nous faire découvrir le fameux passé de Billy, un passé qu'ils reprennent clairement à leur sauce si l'on se fie à la réalité historique du personnage, mais où ils ont au moins le mérite de faire appel à la figure importante de Pat Garret, shérif resté dans l'Histoire comme celui qui a abattu le bandit (même si, dans le cas de Garrett aussi, les mangakas prennent de grosses libertés par rapport à l'Histoire). Surtout, à travers ce flashback somme toute très rapide et allant vraiment à l'essentiel, les auteurs ont surtout le mérite d'en profiter pour mettre en exergue différentes inégalités de l'époque, les Etats-Unis n'étant pas forcément mieux que l'Angleterre de ce côté-là... Après ça, l'affaire devant mener le duo à Vermissa suit son cours de manière somme toute assez convenue, plutôt mouvementée mais via des étapes un peu clichées, voire avec certains détails moins accrocheurs: les figures principales des Big Texas Brothers ont quand même des personnalités très archétypales et simplettes, certains brefs détails annexes dont on se fiche royalement semblent là juste pour meubler (à l'image des désirs d'une femme random de coucher avec l'un des Big Texas Brothers), et surtout on peine à trouver une raison vraiment valable au fait que Billy se mette soudainement à s'adresser à Sherlock avec des suffixes typiquement japonais ("-kun", "-senpai"...), ce qui a plutôt tendance à nous faire sortir de la lecture dans un contexte purement américain de la fin du XIXe siècle.
Et William pendant ce temps-là ? Eh bien, resté seul à New York, il tâche de faire le point sur qu'il peut faire désormais, et commence à découvrir ce que veut dire "faire le bien". Ainsi découvre-t-il les vertus de la bonté et de la gentillesse en aidant une petite fille, lors d'une scène très naïve et clichée, mais dont l'atmosphère assez apaisée fait facilement son effet, quand on repense à tout ce qu'il a vécu précédemment. En attendant de voir ce qu'il donnera lors de la suite la suite et fin de cette partie dans le prochain volume...
La tournure prise par la série nous laisse légèrement circonspects. Le propos est toujours là et les qualités visuelles habituelles sont globalement au rendez-vous, mais ce contexte transposé aux Etats-Unis laisse toujours un peu interrogateur, et on a définitivement connu les auteurs plus fins dans leurs portraits de personnages.