Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 13 Juin 2024
Portés disparus depuis leur chute dans la Tamise trois ans auparavant, William James Moriarty et Sherlock Holmes ne sont pas morts: après avoir passé tout ce temps en Amérique, les voici de retour à Londres, prêts à régler ce qui doit encore l'être... à commencer par le cas de Moran, qui fait cavalier seul depuis ces trois dernières années, plongé dans son infinie fidélité envers William qu'il pense toujours mort.
C'est dans ce contexte que Louis et ses compagnons, au sein du M16, sont voués à enfin recroiser la route de Sherlock et surtout du colonel, dès lors qu'ils doivent s'opposer à ce dernier dans la lutte contre le fourbe Balmoral, ambassadeur voulant faire échouer une négociation qui établirait un traité de coopération commerciale entre la France et l’Angleterre. Là où Moran, toujours pris dans les solutions d'antan, s'apprête à assassiner Balmoral, nos héros sauront-ils exécuter la stratégie qu'ils ont mise au point pour l'arrêter, puis lui faire comprendre que le monde a évolué ? C'est là l'enjeu principal d'une première partie de tome assez efficace dans la manière dont les auteurs évoquent les changements du monde, notamment en abordant l'idée de l'Etat de droit amenant une autre forme de justice. Mais à part ça, avouons-le, non seulement le suspense est absent concernant l'issue de tout ça, mais en plus les auteurs usent de quelques grosses ficelles, notamment en retardant l'échéance pour que Moran apprenne que William n'est pas mort, histoire que nos héros puissent quand même déballer tout leur petit stratagème bien huilé.
Mais tandis que chacun fait le point et trouve une place nouvelle, qu'en est-il du troisième Moriarty, à savoir Albert, qui porte la charge de chef de famille depuis le début ? Eh bien, ayant choisi de se laisser emprisonner à la Tour de Londres depuis la disparition de William, il ne cesse de se lamenter sur le rôle tragique qu'il a laissé à ce dernier, ce qui enclenche plutôt au bon moment tout un flashback nous plongeant, dans les grandes, dans ses souvenirs: son enfance lui ayant fait prendre conscience des injustices de ce monde dérangé, sa rencontre avec William à un moment où il était proche du désespoir, la façon dont celui-ci l'a libéré de ses souffrances qu'il endurait seul jusque-là, son sentiment d'avoir plongé William dans le chaos à sa place en le poussant à tuer, les regrets qui en découlent... mais le principal concerné qu'est William, lui, qu'en pense-t-il ? La réponse, bien qu'évidente, est réussie et même assez touchante en soulignant le beau lien entre les deux frères, désormais désireux de passer le reste de leur vie à racheter leurs crimes. Et cela même si, par moments, l'écriture du scénariste Ryosuke Takeuchi se fait moins finaude, en insistant sur certaines lamentations répétitives.
La toute fin du volume, enfin, propose encore d'autres retrouvailles, à savoir celles de Sherlock avec Watson et une Miss Hudson toujours aussi rafraîchissante. L'atmosphère a beau être un peu plus propice à la légèreté de leur côté, l'ensemble n'en reste pas moins sympathique et intéressant, ne serait-ce que pour les petits détails nouveaux concernant la situation du docteur.
A l'arrivée, ce volume a un peu des allures de transition, en attendant que cette nouvelle partie de la série décolle vraiment. Les auteurs se révèlent un brin plus patauds que d'habitude dans l'abord de cette phase un petit peu longuette (notamment car ils insistent trop sur des choses déjà acquises), néanmoins l'essentiel est assuré: on reste curieux de découvrir la suite.